La situation restait confuse à Alep, la grande ville du nord de la Syrie, où troupes gouvernementales et rebelles revendiquaient des victoires, au troisième jour d'une bataille cruciale pour le contrôle de cette deuxième ville du pays. Dès dimanche soir, l'armée syrienne affirmait avoir pris le contrôle d'une partie du principal bastion rebelle à Alep mais la rébellion a démenti. «Le quartier de Salaheddine a été nettoyé des rebelles armés», a affirmé la télévision d'Etat. Ce quartier est le premier à tomber dans les mains des rebelles qui avaient lancé la semaine dernière une bataille pour libérer Alep, le poumon économique de la Syrie. Les rebelles syriens ont néanmoins démenti, affirmant avoir pris lundi, après dix heures de combat, un point d'accès stratégique au nord-ouest d'Alep qui leur permet désormais de relier cette grande ville du nord à la frontière turque et d'acheminer renforts et munitions aux rebelles établis à Alep. «Le poste de contrôle d'Anadan, à cinq km au nord-ouest d'Alep, a été pris après dix heures de combats», a affirmé sur place le général Ferzat Abdel Nasser, un officier qui a déserté il y a un mois des rangs de l'armée régulière. Tandis que l'Armée syrienne libre (ASL) affirme avoir repoussé les assauts des militaires, les habitants d'Alep fuient en masse les combats. Quelque 200 000 personnes ont déjà quitté leurs foyers ces deux derniers jours, en direction des pays voisins, selon la responsable des opérations humanitaires de l'ONU, Valerie Amos. Cette dernière a demandé que les organisations de secours puissent «accéder en sécurité» à la population bloquée par les combats à Alep (355 km au nord de Damas) afin de lui porter assistance d'urgence». Face à l'escalade des violences, Paris qui prend la présidence du Conseil de sécurité de l'ONU en août, envisage de demander d'ici la fin de la semaine une réunion d'urgence de cette instance sur la Syrie au niveau des ministres des Affaires étrangères, selon son chef de la diplomatie, Laurent Fabius. Selon l'observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), les troupes syriennes poursuivaient lundi leur bombardements à l'artillerie lourde et par hélicoptères des quartiers rebelles, dont Salaheddine, Sakhour et Al-Zahira, en proie à des combats violents. Se disant très inquiet par l'accroissement de la violence dans le pays, le chef des observateurs de l'ONU en Syrie, le lieutenant Babacar Gaye, a affirmé lundi avoir vu «un pilonnage intense» et des dégâts dans les villes de Homs et de Rastane dans le centre,où il a «trouvé que la cité a subi d'énormes dégâts». «Nous devons reconnaître que la violence est le fait des deux parties», a encore souligné le chef des observateurs. Pour la seule journée du dimanche, l'OSDH dénombrait 125 morts dont 46 civils, 45 soldats et 24 rebelles. Dans un communiqué dimanche, le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a réclamé une réunion «d'urgence» du Conseil de sécurité de l'ONU pour «empêcher les massacres de civils» à Alep. Il a aussi appelé «les pays amis» «à imposer une zone d'exclusion aérienne et à instaurer des zones sécurisées pour quelque deux millions de déplacés». Le président du CNS, Abdel Basset Saydaa, avait demandé samedi soir aux pays «frères» et «amis» d'armer les membres de l'ASL qui combattent «avec de vieilles armes». «Nous voulons des armes qui nous permettraient d'arrêter les chars et les avions de combat», a-t-il dit. Pour le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, «Alep constitue un nouvel exemple tragique de la violence aveugle à laquelle a recours le régime d'Assad contre son propre peuple». 300 observateurs de l'ONU étaient arrivés mi-avril pour surveiller un cessez-le-feu approuvé par Damas comme par l'opposition dans le cadre du plan de sortie de crise de l'émissaire international Kofi Annan, resté toutefois lettre morte. Depuis le 15 juin, ils ont dû cesser leurs opérations en raison de l'escalade des violence dans le pays.