Le ministre des Affaires étrangères de Russie, Sergueï Lavrov est en tournée africaine de quatre jours. Elle a débuté hier, dès son arrivée à Alger. Les entretiens entre Lavrov avec les responsables algériens, à leur tête le président Abdelaziz Bouteflika, ont porté sur les relations bilatérales algéro-russe et de l'actualité brûlante sur les plans régional et international. Il a été question de la guerre au Mali, du Proche-Orient, du conflit israélo-palestinien et de la dernière question de décolonisation en Afrique, le Sahara Occidental. A son arrivée à Alger, le chef de la diplomatie russe a qualifié les relations entre Alger et Moscou «d'excellentes». Propos illustrant la portée du dialogue politique permanent entre Alger et Moscou réaffirmé lors de la visite de l'ex-président russe M. Medvedev, à Alger en octobre 2010 par la signature de la déclaration entre les chefs d'Etat des deux pays. La tournée africaine de Sergueï Lavrov entamée hier, à partir d'Alger, le conduit aujourd'hui, (mardi) en Afrique du Sud, puis au Mozambique, une première dans les relations bilatérales entre les deux pays et enfin jeudi en Guinée. Les relations bilatérales, entre Alger et Moscou enregistrant des avancées notables ces dernières années à divers niveaux et secteurs ce illustrent la pertinence de cinquante ans de relations diplomatiques entre les deux pays sur fond de dialogue politique souvent convergent entre les deux pays. Au cours de sa visite en octobre 2010 à Alger, M. Medvedev a eu à relever le caractère «stratégique»es relations algéro-russes. Il est à rappeler que l'Algérie était le premier pays du monde arabe avec lequel Moscou a signé en avril 2001, une déclaration de partenariat stratégique. Les deux pays ont tenu près de quatre sommets de haut niveau entre 2000 et 2010. Si Alger a opté par la diversification de ses partenaires pour booster son activité économique notamment hors hydrocarbures et le transfert de technologie et du savoir, le dialogue politique convergeant avec bon nombre de ses partenaires, son choix constitue une donne incontournable. Les discussions entre le chef de la diplomatie russe avec les responsables algériens, hier, ont porté sur les questions d'intérêts communs dont les questions régionales et internationales au menu ont été rythmées par la Toile de fond des mutations en cours dans les rapports internationaux. A propos de la guerre au Mali, porteuse de risques majeurs sur l'ensemble de la région, des positions ont été au centre des discussions tenues vendredi dernier, par l'ambassadeur de Russie, à Bamako. «Le conflit au Mali est en bonne partie une conséquence de la crise libyenne», a tenu à souligner le diplomate russe, M Alexeï Doulian, et de préciser que «ce sont justement des Touaregs armés ayant afflué dans le nord du Mali après la chute du régime de Mouammar Kadhafi en Libye qui ont constitué la base de commandos extrémistes ayant soulevé une rébellion armée en janvier 2012». «Les richesses du Mali tels les minerais précieux, or, uranium, pétrole, fer, phosphates et manganèse, sont convoitées par certaines puissances et attirent du monde», a fait savoir M. Alexeï Doulian. Ce qui dévoile on ne peut mieux les autres objectifs non déclarés de pays occidentaux à travers leur lutte contre le terrorisme sur fond de la crise economico-financière aigû qui s'inscrit dans la durée. Aussi, à la veille de la visite de Lavrov à Alger, son représentant spécial pour l'Afrique, Michaïl Marguelov a relevé par des propos pertinents sa lecture du discours des Occidentaux, notamment Paris et Washington s'agissant des évènements survenus sur la scène arabe. Pour Marguelov «les événements postrévolutionnaires, d'abord en Egypte et maintenant en Tunisie, contredisent la thèse de l'islamisation pacifique inévitable des pays arabes indépendamment des mots d'ordre des révolutions dans ces pays». L'arrivée des «islamistes modérés» au pouvoir en Tunisie et en Egypte «n'a fait qu'encourager les faucons dans leurs rangs» a souligné Michaïl Marguelov. Ces déclarations de responsables russes dévoilent amplement l'approche politique russe en direction des tensions et des conflits survenus ces dernières années, Syrie, Mali, Tunisie, Libye pour ne citer que ces pays. Alger en prônant le règlement des tensions et des conflits par la non ingérence étrangère dans les affaires internes des pays porté d'ailleurs sur les textes et des principes de la charte de l'ONU et de l'UA constituant aussi ses points cardinaux dans son rôle diplomatique dans le traitement des questions régionale et internationale. Ce qui constitue une convergence vue avec Moscou qui n'a pas manqué hier, par le biais du chef de sa diplomatie de réaffirmer le rôle «stratégique» propre à Alger sur les plans régional et continental. Le rôle de Moscou dans la crise en Syrie marque un autre tournant dans le traitement des questions internationales qui pour bon nombre d'observateurs, est une des donnes qui a été à l'origine de la précipitation de Paris à engager une action armée au Mali qui selon François Hollande «la France intervient suite à la demande exprimée par Bamako». La visite de Lavrov, hier à Alger, a été l'occasion d'échange et de concertations sur les dossiers brûlants de l'heure entre les responsable russes et les responsables algériens sur fond du dialogue politique qu'entretiennnent les deux pays.