Le sport doit rapprocher les gens et les sociétés des pays de la planète, cela vaut plus qu'un match de football. Les clubs sportifs jouent-ils ce rôle ? C'est là une grande question à grand enjeu dans la vie et l'évolution de la société et de la jeunesse en particulier. Un support clé de civilisation et de progrès que les instances nationales sportives doivent inscrire à l'ordre du jour de l'ensemble des structures et des acteurs du secteur de la jeunesse et des sports à l'heure de la nouvelle loi sur le sport actuellement au niveau de l'APN. C'est donc à ce niveau qu'il faut situer un débat de fond extrêmement important qui mérite d'être abordé avec sérénité tant il se veut aborder un sujet de société hautement sensible pour la paix et la stabilité de notre pays. Peut-on parler de la faillite du football algérien ou de l'échec du professionnalisme en Algérie ? En effet, d'une part, nos clubs sont plongés dans la folie des grandeurs en sachant qu'ils assurent juste un championnat qui repose sur le résultat du match et du fric à coups de milliards, le transfert des joueurs se négociant à des centaines de millions. Ce mode en question est demeuré inefficace et n'a pas réussi à développer la professionnalisation de nos clubs ni à générer de la valeur ajoutée et peu de joueurs locaux ont pu émerger en équipe nationale et, enfin, la majorité des joueurs ne répondent pas aux critères de la performance. D'autre part, l'ensemble des clubs sportifs professionnels se trouve aujourd'hui au centre de l'actualité nationale ; leur gestion n'inspire pas confiance et frappe durement le football national d'une sérieuse crise multiforme mettant ces derniers dans une instabilité chronique. C'est bien une triste réalité qui risque de compromettre l'instauration du professionnalisme en Algérie qui fait apparaître un symptôme de dysfonctionnement en manque de compétences et de transparence. En effet, le management de nos clubs sportifs professionnels se révèle plus profond que ce que l'on imaginait jusqu'à présent, à savoir le fait que le sport- roi est très malade et cette maladie est le résultat de plusieurs facteurs à commencer par le mode de gestion et de gouvernance d'une qualité assez médiocre et restant prépondérant centré sur le pouvoir de l'argent, c'est-à-dire la primauté de l'aspect financier sur l'aspect économique, notamment sans se préoccuper de leur rentabilité qui constitue un frein pour l'avenir du professionnalisme en Algérie, ce qui enfonce nos clubs professionnels dans les ténèbres et n'inspire pas confiance pour établir des relations ou des rapports avec les acteurs économiques (partenariat, investissement, actionnariat, OPA...) afin de préserver l'intégrité de nos clubs en valeur morale et sportive pour une gestion saine et transparente dont notamment ces milliards de dinars qu'ils brassent chaque saison sont loin de fonctionner avec une politique de gestion efficiente qui doit mener nos clubs à fructifier toute cette manne financière pour disposer d'une assise économique pour avoir de bonnes performances sportives, financière et d'une gestion transparente. A ce propos, il est impératif d'insister que les concepteurs de l'instauration du professionnalisme en Algérie qu'un club professionnel est celui qui saura investir, créer et développer l'économie, la formation, produire de grands joueurs pour l'équipe nationale et le transfert de joueurs à l'international. Quelle situation tirons-nous aujourd'hui ? Premier constat : les clubs sportifs professionnels n'ont pas pu mener un travail en profondeur et se sont mis à l'heure du professionnalisme sans s'y être d'abord outillés en management et plus particulièrement en méthodes de gestion, de contrôle interne et de consulting. Deuxième constat : l'évolution des trois années d'application du professionnalisme a mis les clubs en situation d'instabilité et de crise financière chronique. Troisième constat : ils ne sont toujours pas assainis totalement au plan patrimoine et comptable et structurés en sociétés commerciales en vue de saisir la dynamique nouvelle juridico-économique entièrement tournée vers une économie d'entreprise qui implique l'initiative entrepreneuriale pour pérenniser et rendre rentable nos clubs sportifs professionnels Quatrième constat : la même composante qui était dans les clubs amateurs continue de gérer les sociétés commerciales avec l'esprit et la culture du bénévolat et les parrainages des entreprises publiques et les collectivités locales. Cinquième constat : nos clubs demeurent marqués par l'absence de transparence dans la gestion et un déficit de communication notamment et restent peu ouverts aux acteurs économiques, à la presse et à la société civile en bon pouvoir socio-économique. Et aucun club apparemment n'est encore porteur à ce jour d'un quelconque projet économique ou commercial, voire la concrétisation d'un partenariat porteur de perspectives de développement. Sans cela, ils auront du mal à assurer leur professionnalisation et leur pérennité. Peut-on connaître les comptes sociaux de chaque club dont dépend l'obligation de publication dans deux journaux au moins à grand tirage pour une gestion saine des finances et une bonne économie du sport qui s'avère incontournable dans le processus du professionnalisme surtout lorsque l'on sait que ces derniers continuent à bénéficier de l'argent public ? Sixième constat : leur nouveau statut juridique de société par actions qui demeure marqué par un vide organisationnel (structures et compétences managériales) et d'une politique de gestion financière comme étant derrière beaucoup de problèmes qui empêchent notre sport-roi à se développer et émerger parmi les grandes nations. Septième constat : l'argent du sport n'est pas encore orienté ou utilisé dans un esprit d'entreprise, voire avec une culture économique. Là il faut le dire, le financement ne peut continuer à être perçu ou assimilé à une fonction de caisse afin de ne pas entraver les fondements du professionnalisme et pose le problème de la pérennité des clubs. Sinon, c'est comme arroser du sable Huitième constat : de nos jours qu'il y ait des résultats ou pas on essaye pour chaque saison sportive d'obtenir davantage d'argent, d'appartements, de voitures luxueuses, prises en charge (voyages, soins spécialisés...), cadeaux de valeur... Alors qu'autrefois tous les grands joueurs et athlètes de performance pensaient seulement à l'intérêt du sport, aux couleurs du club, la ville et, enfin, à l'intérêt suprême du pays au sens large du terme. Comme aussi il est fondamental d'œuvrer à imposer des règles d'une saine gestion, car l'aspect relatif à la gestion et à l'usage de l'argent public destiné à ces derniers impose leur rentabilité et leur contrôle rigoureux. Cela passe inévitablement par la mise en place d'une gestion financière et comptable des clubs sportifs professionnels notamment, la tenue obligatoire d'une comptabilité financière aux normes internationales dites IAS (International Accouting Standards) – IFRS (International Financial Reporting Standards) et intégrée dans l'organisation interne de chaque club, ce qui est très important, car elle est l'outil principal de la gestion de toute société pour mieux protéger leurs actifs dans une économie de marché, d'éviter une gestion de l'à-peu-près, d'instaurer le contrôle des finances pour lutter contre toutes les formes de mauvaise gestion et de malversations, à savoir d'où vient l'argent et où va-t-il, et enfin, développer leur management. Elle est devenue indispensable, lorsque l'on sait que pour la plu part des clubs, la comptabilité reste opaque. Pour cela, la nécessité de normaliser la gestion comptable des clubs par l'élaboration d'un plan comptable spécifique ou sectoriel qui permet justement de concevoir et de développer des règles et méthodes saines de gestion des clubs. A cela s'ajoute pour les besoins d'une gestion intégrée et performante la nécessaire intégration des techniques budgétaires, un système dans lequel le contrôle de gestion interne, la transparence et les coûts de l'activité sportive et l'activité économique s'imposent avec force. (Suite et fin)