Après la réussite de la première résidence - Madar El Zaman (patrimoine et culture urbaine) -, initiée en avril dernier, l'AARC organise une seconde résidence de production. Baptisée «El-Silwan», cette résidence fera se rencontrer quatre artistes femmes de France et d'Algérie, pour mettre «en commun du patrimoine de la Méditerranée enrobé des connaissances de la musique dans toutes ses expressions modernes», indique un communiqué autour de cet événement. Au cours de cette collaboration artistique, seront explorées les musiques patrimoniales et modernes allant de la musique sanâa au blues en passant par le kabyle, le gnawi, les influences latines ou balkaniques, de même que seront redécouvertes et remises au goût du jour des chansons de célèbres artistes à l'image de Chérif Kheddam, Chérifa, Caetano Veloso (pour l'influence latine), John Coltrane (pour l'africanité de son jazz) et bien d'autres références. Ce melting pot musical sera d'ailleurs proposé au public lors d'un concert qui sera organisé le 12 juin prochain à la salle Ibn Zeydoun de Riadh El Feth. Quatre femmes accompagnées de trois musiciens -hommes - devraient pren-dre part à ce projet, en l'occurrence trois mem-bres du groupe «Les Orientales» (Sylvie Paz et Samira Brahmia au chant et Perrine Mansuy au piano), Kawthar Meziti, nouvelle coqueluche de la scène algérienne, et les musiciens Amine Dehane, dénicheur de pépites, Malik Ziad, fondateur du groupe Yazmen (et frère du célèbre Karim) et le percussionniste attitré de la scène World marseillaise Hassen Boukerou. C'est au sein des studios du Label Padidou qui a offert d'ailleurs toutes les commodités à Madar El Zaman que se tiendra la résidence El Silwan. Avec ce nouveau projet, l'AARC continue de «creuser le sillon du partage et de la rencontre d'individualités découvertes au gré des événements et des fêtes tenues çà et là, d'une rive l'autre», indique encore le communiqué de l'AARC. Les participants à la résidence «El-Silwan» Kawthar Meziti est l'une des voix phares de la nouvelle scène musicale algérienne. Après des débuts au sein de la chorale Nagham, en tant que pianiste et choriste, elle se lance dans une carrière solo en explorant les tendances groove et jazz, alliées à l'andalou ou aux chants patrimoniaux algérois ou kabyles. Elle se fera alors remarquer, ce qui lui vaudra des projets fort ambitieux avec Julien Loureau (saxophoniste de jazz), Bojan Z (artiste jazz de l'année 2012) et Barbara Wiernick (chanteuse de jazz belge). Elle participera également à la tournée internationale organisée par le ministère de la Culture à l'occasion du cinquantenaire de l'Algérie indépendante. Perrine Mansuy est récipiendaire du premier prix de la classe de jazz au Conservatoire de Marseille (1996) et troisième prix orchestre du Con-cours de Jazz à la Défense. Après un premier album enregistré en 2001, elle est depuis l'une des pianistes incontournables de la scène jazz marseillaise. En prenant part au projet «Les Orientales», Perrine reste ainsi connectée à la musique maghrébine. Samira Brahmia est une star en Algérie. Auteure- compositrice, interprète de talent, elle a été vite adoptée par le public qui l'a découverte à la faveur de plusieurs concerts animés, notamment à Alger. Explorant les sentiers pop, rock, chaâbi, gnawi, et se baladant dans les arcanes des traditions celtiques et orientales, cette voix puissante et suave à la fois, en a fait fondre plus d'un. Après le succès décroché par son premier opus «Naïlya», il nous tarde de la découvrir dans une autre production. Qualifiée d'artiste «lumineuse», Sylvie Paz n'a sûrement pas volé cet adjectif fort valorisant. Doté d'un timbre de voix particulier, elle a réussi à se faire remarquer au sein du groupe de rumba Barrio Chino mais aussi au sein des «Orientales». Faisant partie des musiciens qui accompagneront les chanteuses lors de cette résidence, Amine Dehane est un véritable homme-orchestre. Il est, en effet, arrangeur, orchestrateur, technicien, chanteur et multi-instrumentiste (kouitra, gumbri, claviers). A 37 ans, il compte déjà 17 ans de métier. C'est dire à quel point sa participation à cette résidence était une évidence. On connaissait Karim, mais un peu moins Malik. Pourtant, lui aussi est un artiste accompli bien qu'il soit autodidacte. Passionné d'instruments à cordes, il joue aussi bien du gumbri que du mandole ou de la basse. Un plus pour le projet «El Silwane». Enfin, Hassan Boukerou, connu pour être le fondateur du groupe Yazmen, est incollable quand il s'agit de rythmiques latines et maghrébines. Il sera à coup sûr d'un apport considérable à la résidence.