Les affrontements se poursuivent toujours en Egypte après le renversement du président Mohamed Morsi par l'armée. Selon des bilans contradictoires, au moins 30 personnes ont été tuées alors que plus de 1 000 autres ont été blessées depuis vendredi. Le calme n'est toujours pas revenu en Egypte. Vendredi 5 juillet, jour de prière, chaque camp avait avancé ses pions, alors que les affrontements entre partisans et opposants à l'ancien président ont fait au moins 30 morts et plus de 1 000 blessés, selon un dernier bilan. Après avoir prêté serment jeudi, le nouveau président par intérim, Adly Mansour, a consolidé son pouvoir. Il a nommé un nouveau chef des renseignements et dissout l'Assemblée nationale, l'organe qui assurait la totalité du pouvoir législatif et que les islamistes dominaient. Mais dans le même temps, le nouveau pouvoir a donné des gages aux opposants. En fin de soirée, le procureur général a libéré deux cadres des Frères musulmans, dont l'adjoint du guide suprême de la confrérie, Rached Bayoumi. Selon l'agence officielle Mena, les deux hommes ont été libérés après que le parquet se soit «assuré de leur lieu de résidence dans le cadre d'une enquête pour incitation au meurtre». Alors que son arrestation avait été annoncée la veille par les autorités, le guide suprême des Frères musulmans, Mohamed Badie, a prononcé un discours devant des dizaines de milliers de ses partisans sur la place Rabaa Al-Aadaouiya, dans le faubourg de Nasr City, au Caire. «Nous resterons dans les rues par millions jusqu'à ce que nous portions en triomphe notre président élu», a-t-il lancé. Au Caire, l'armée a ouvert le feu contre des partisans de Mohamed Morsi, une première depuis mercredi. Devant la caserne de la Garde républicaine, une unité chargée de la protection du président, les militaires ont tiré pour disperser la foule, tuant quatre manifestants. En début de soirée, le champ de bataille s'est déplacé sur le pont du 6-Octobre, à proximité de la place Tahrir. Des affrontements entre pro et anti-Morsi ont fait deux morts et 70 blessés. L'armée a dû intervenir pour mettre fin aux violences. A Alexandrie, les heurts ont fait 14 morts et 200 blessés, selon l'agence officielle Mena. Une cinquième personne a trouvé la mort à Assiout (sud) lors d'affrontements avec les forces de l'ordre. Le Sinaï, la péninsule qui sépare l'Egypte d'Israël, a été le théâtre d'une série d'attaques meurtrières. Des militants islamistes s'en sont pris aux forces de l'ordre de cette région instable. Bilan: cinq policiers et un soldat ont été tués. Dans la soirée, des partisans armés du président Mohamed Morsi ont attaqué le siège du gouvernorat du Nord-Sinaï, à El-Arich. Ils ont pris le contrôle du bâtiment, abandonné par les forces de sécurité après des échanges de tirs, avant de hisser leur drapeau. Les services de sécurité ont également réussi à arrêter plusieurs manifestants islamistes armés. Au moment où nous mettons sous presse, des milliers d'islamistes s'apprêtent à marcher au Caire et dans plusieurs autres villes du pays. C'est le même cas pour les anti-Morsi qui se mobilisent de nouveau. De son côté, les forces armées et de la police ont renforcé leur présence dans plusieurs endroits du pays. Nous y reviendrons.