Après avoir été l'un des premiers pays qui ont incité à l'insurrection en Syrie, et contribué à sa militarisation, après avoir longtemps servi de point de passage essentiel des miliciens venus des quatre coins du monde, ainsi que de leurs armements et soutiens logistiques, voilà qu'Ankara investit ses propres troupes dans ce pays. Le prétexte invoqué est de protéger le tombeau menacé de destruction de Sulaiman chah, le fondateur de la dynastie des Ottomans, enterré à Karra Kozak, à 25 km de la frontière avec la Turquie. 300 militaires turcs Selon les medias turcs, un convoi militaire formé de 12 véhicules blindés, 6 chars et de 300 soldats en plus d'un camion transportant des denrées alimentaires sont entrés dans le sol syrien, à partir du point de passage frontalier de Sorouj dans la localité Eïn al-Arab. C'est la milice désavouée d'Al-Qaïda de l'Etat Islamique en Irak et au Levant qui contrôle cette région qui avait menacé de s'en prendre au mausolée en question, à l'instar de ce qu'elle avait fait avec les tombes de religieux vénérés. Mais depuis la mise en garde turque, elle s'est ménagée de toute offense. Selon le correspondant du journal libanais «Al-Akhbar», citant une source kurde, ce convoi est entré en Syrie dans la nuit de mardi à mercredi. à 4 km du mausolée, il a été assiégé par l'EIIL qui l'a emmené vers la localité de Manbaj avant de l'escorter plusieurs heures plus tard vers Karra Kozak. L'EIIL conciliant avec les Turcs « Les frères moudjahidine ont escorté le convoi vers le mausolée pour empêcher qu'il ne fasse l'objet d'une quelconque agression qui provoquerait une zizanie entre l'Etat (allusion à l'EIIL) et la Turquie», a confié une source proche des cette milice takfirie. Et d'ajouter : «L'Etat n'a pas intérêt pour le moment à ouvrir un front avec les Turcs, tant que ces derniers ne prennent pas l'initiative de nous agresser». Le ministre turc des Affaires étrangères a démenti ces informations, assurant que l'envoi du convoi est une démarche routinière qui vise à changer les anciens gardes de ce lieu. L'ONU : 300 noms de mercenaires Le représentant de la Syrie aux Nations unies Bachar Jaafari a livré à l'organisation internationale la liste de noms de 300 miliciens étrangers, des Saoudiens dans leur majorité, ayant été tués dans des combats en Syrie. «L'armée est en train de combattre des mercenaires étrangers et non l'opposition», a martelé Jaafari selon l'agence officielle Sana, selon laquelle il a répété les révélations des Etats occidentaux sur la participation de leurs citoyens dans les combats syriens. Et 10 Hollandais Ce jeudi, les services de renseignements hollandais ont révélé que 10 hollandais sont morts en Syrie, et que 100 se sont rendus en Syrie en 2013 dans l'intention de faire part aux combats. Dans le rapport de ce service, cité par le site de la télévision iranienne arabophone Al-Alam , le nombre des Hollandais qui se rendent en Syrie ne cesse d'augmenter. « Il se peut qu'ils ne soient pas seulement chargés d'exécuter des attentats en occident, mais aussi d'inciter les Hollandais musulmans à s'extrémiser davantage», est-il mis en garde dans le texte. A Alep, l'armée, poursuivant son avancée dans le quartier Ramousseh, a bombardé les positions des miliciens à Andane (dans la province nord) et tué 12 miliciens à Sfira (province sud). Selon «al-Hadath news», les rebelles ont lancé un nouvel assaut ce jeudi contre le siège des renseignements aériens dans le quartier Zahra. A Damas, à proximité de la cité industrielle d'Adra, au nord-ouest de la capitale et occupée par les miliciens du front al-Nosra et du Front Islamique, des dizaines de miliciens ont péri ces derniers jours. Certains médias syriens parlent d'accrochages. Mais pour «al-Hadath news», c'est une embuscade tendue par l'armée aux rebelles entre Adra et Oteïba qui est derrière ce grand nombre de victimes. Cette région est d'ailleurs taxée de «triangle de la mort» par les miliciens tellement les embuscades de l'armée fauchent les miliciens. Dans la Ghouta orientale (est de Damas), un dépôt d'armement a été détruit à Mliha, alors que dans la région al-Dhamir, l'armée syrienne a réussi un bon coup de filet en arrêtant l'un des chefs de milices les plus importants dans la province de Damas. Zabadaneh : guerre et trêve Dans le Qalamoune, réconciliation et accrochages vont de pair dans le dernier bastion des miliciens, Zabadaneh. Selon «al-Hadath news», quelque 5 000 miliciens sont stationnés dans cette région limitrophe avec le Liban et qui est hermétiquement bouclée par l'armée libanaise. «Il y a de tout, l'ASL, des brigades de Homs ou de Qoussier qui avaient fui vers le Qalamoune, il y a aussi le Front al-Nosra le Jaïch al-Islam et d'autres groupuscules takfiris», écrit le site. À l'est de la ville, un accord a été conclu avec les miliciens, et selon le Conseil militaire de l'Armée syrienne libre, cette dernière s'est engagée à respecter le cessez-le-feu. Une source militaire a indiqué pour «al-Akhbar» que les miliciens se sont mis à se rendre et à livrer leur arsenal lourd. En fonction de l'accord, les rebelles devraient rejoindre les rangs des forces supplétives de l'armée régulière. En même temps les combats se poursuivent sur les hauteurs situées à l'ouest, et se sont soldés par la mort de 14 miliciens et la destruction de trois de leurs quartiers militaires. Le site assure que l'armée syrienne a adressé un dernier ultimatum aux miliciens: la capitulation ou la mort!