L'octet de la Diagonal Night in Tunisia a été invité par l'AARC (Agence algérienne pour le rayonnement culturel) pour fêter, avec une journée d'avance, la Journée internationale du jazz, décrétée par l'Unesco en 2011. La soirée du lundi 28 avril dernier à la salle Ibn Zeydoun de l'Oref, a donc été emmenée par le pianiste Jean-Christophe Cholet pour une très belle aventure musicale baignée de trémolos vocaux et «violoniques» de Mehdi Askeur et Djasser Haj qui ont été les guides sublimes d'une soirée jazz résolument, arabo-andalouse subrepticement, le tout dans une «Diagonal Nights in Tunisia» en clin d'œil à un célèbre titre. Il faut dire que l'AARC dirigée par Mustapha Orif, maître d'œuvre du domaine culturel a réussi à faire de cette agence un formidable instrument de la pratique culturelle, dans les domaines du cinéma, des arts vivants, arts plastiques et musique, où l'on sent la patte de quelques spécialistes du genre comme Réda Chikhi ou Mustapha Rahmouni qui, parmi beaucoup d'autres jeunes membres de cette grande équipe, laissent une belle marque dans l'événementiel culturel. Après une session jazz laissée en roue libre au Bosniaque Bojan Z, et ensuite à l'enfant terrible du jazz Karim Ziad, cette fois, le libre cours est confié à Jean-Christophe Cholet et à son Night in Tunisia, pour une soirée vivement applaudie par les nombreux fous de jazz qui se sont ralliés à cette escale ancrée dans des sonorités arabo-andalouses, portées par le violoniste Djasser Haj Youssef en parfaite adéquation avec l'art du «Maqam» et des finesses harmoniques des «mouachahate» et autres vibrations lyriques d'ici et d'ailleurs, avec une invitation certes discrète mais appréciée de la chanteuse Kaouthar Meziti, invitée d'honneur de cet octet fort élégant qui nous a livré quelques bons morceaux de choix, et des solos fabuleux de Geoffroy de Masur, et des notes délicieusement ambivalentes des saxos tenor et soprano de Vincent Mascart, en accord avec la trompette et bugle de Geoffroy Tamisier qui ont, à un certain moment, laissé la part belle aux drums terribles de Stéphane Galland et une basse de Jean-Luc Lehr et Meta pour les percussions et chants. Que dire de Mehdi Laskeur connu aussi pour pousser la voix à l'Orchestre national de Barbès le tout dans un ensemble très raffiné qui nous a lancés dans les voix fabuleuses et mystiques du «Dhikr» dans une très sensible alchimie entre sonorités universelles et orientales guidées par le délicat violon de Haj Youssef Djasser qui, pendant presque toute la moitié de la soirée, se fera tunisien par son sens de la répartie musicale pour nous livrer en fin de session un formidable tourbillon de notes jazzy altruistes et fondamentalement agréables à l'écoute. Cet octet s'est livré dans les atours du patrimoine arabo-andalou, en partage avec les plus belles notes du cru classique jazz universel. Le résultat s'est révélé inattendu, puissant et original ; une soirée commémorative d'une journée internationale du jazz à consommer sans modération. L'AARC qui possède... plus d'un tour dans son sac, nous promet par son équipe plein d'autres jeux musicaux du genre, nous attendons cela de pied ferme au sein de cette salle -devenue mythique- d'Ibn Zeydoun qui fut aussi, un épicurien dans son genre...