Les embuscades terroristes tendues aux forces de sécurité sont de plus en plus espacées dans le temps mais pas dans l'espace. Dans le nord du pays, elles sont concentrées en Kabylie et dans la région de Boumerdes, soit dans le voisinage immédiat. Depuis que l'assassinat de Kadhafi a livré le territoire et les armes en quantité et qualité auxdits insurgés et d'Al-Qaïda, on enregistre un fait qui est nouveau pour l'Algérie, à savoir qu'il va falloir faire face au terrorisme qui proviendra de nos frontières terrestres, c'est-à-dire des Etats voisins complètement déstructurés sur les plans institutionnel, civil et sécuritaire. Une question se pose. Plusieurs questions plutôt. D'abord, pourquoi le terrorisme se manifeste-t-il plus activement en Kabylie, la wilaya voisine et le Sud. Ce sont bien les régions où l'activisme terroriste est des plus intenses. Encore la Kabylie. Pourquoi est-elle la région la plus citée en termes de spécificité régionale ? Au vu de l'accalmie sécuritaire qui prévaut entre deux embuscades terroristes, faudrait-il approcher celle-ci sous l'angle d'une pause stratégique que mettra le terrorisme à profit pour se réorganiser ou seulement une halte là également stratégique et dont la durée sera assez longue pour faire baisser par l'armée le niveau de sa vigilance. A propos de la vigilance, les autorités civiles (ministère de l'Intérieur), ou civilo-militaires, chargées de concevoir le contenu de ce concept sont restées muettes à ce sujet à part les spots publicitaires passés en boucle sur la TV publique qui répétaient «ridjaloun wakifoune». Il y eut également le spot fixé sur un sac abandonné, réduisant la vigilance à un geste. Les citoyens sont à nouveau sollicités pour observer une posture de vigilance afin d'aider les forces armées qui interviennent maintenant dans le Grand Sud. Soit. Qu'il en soit ainsi, mais il reste à expliciter ce concept de vigilance. Quelle posture à observer et comment ? Actuellement sur le champ politique, sommes-nous dans le cas d'une pause stratégique en matière d'hostilités, du moins sur le plan verbal, entre camps idéologiquement antagonistes alors que se refuser mutuellement comme forces politiques le droit à l'existence politique était leur passe-temps favori, car cela justifiait pour les uns et les autres le combat dont ils disaient être porteurs ? Recomposition politique ? Dans quel sens ? Nombreux étaient ceux qui se tenaient le ventre et conjuraient le sort que les islamistes emportent la majorité. C'était l'ex-chef de gouverment et en même temps ex-chef d'un parti qui dit disait avoir peur de voir les islamistes gagner les élections législatives alors que ceux-là étaient dans son gouvernement. C'était dit à l'occasion de la tenue des élections législatives. Cela sous-entend que les pouvoirs publiques se sont vraiment trompés quand ils assuraient que l'intégrisme ne passera pas. La fin de la campagne électorale n'implique pas pour l'opposition la fin des «hostilités». Avec la mobilisation d'une partie de l'opposition pour des concertations en vue de l'élaboration d'une Constitution qui ne soit pas celle que prépare le pouvoir, au vu du calme qui règne actuellement dans le champ politique, l'essentiel étant pour l'opposition de concevoir sa propre stratégie d'éviction du pouvoir.