Le porte-parole du Kremlin se dit «indigné» et «craint que l'action de Kiev ne signifie la fin de l'accord de Genève» (!) On voit que Poutine est vraiment à la hauteur... A Odessa, les habitants, eux, manifestent spontanément leur solidarité avec Slaviansk. Ils sont violemment attaqués par la police et la racaille pro-Maïdan renforcée par des hooligans de l'équipe de foot locale. Plusieurs opposants sont tués par balle. Au moins 42 personnes meurent dans l'incendie criminel de la Maison des syndicats où elles s'étaient réfugiées. Les pompiers n'interviennent qu'au bout de 40 minutes. Pendant ce temps, à l'extérieur, les bandéristes (fascistes ukrainiens) crient : «Grillez, sales Russes !...». Le lendemain, on apprend que des policiers en civil de deux bataillons du ministère de l'Intérieur de Kiev, Vostok (Est) et Chtorm (Tempête), ont participé à Odessa aux tueries et aux passages à tabac d'opposants anti-Maïdan. Ces bataillons ont récemment accueilli dans leurs rangs des militants d'extrême droite ayant reçu une formation spéciale. Les assassins décrètent un deuil national de trois jours à la mémoire de leurs victimes et font arrêter 160 «suspects», évidemment pro-Russes. Une première «enquête» (durée 5 minutes) conclut à un «accident», une autre (10 minutes) révèle la «culpabilité» de Ianoukovitch. Le 3 mai, dans le courant de la nuit, la junte concentre ses assauts sur Kramatorsk. Tant qu'elle a des mercenaires étrangers à sa disposition et tant que Poutine se contente de timides protestations verbales, elle aurait tort de se gêner. Au petit matin on compte déjà plusieurs morts. Les commandos de Kiev reprennent la tour de télévision occupée par les insurgés depuis le 19 avril. A Andreïevka (au sud de Slaviansk) la population, toujours sans armes, forme une chaîne humaine pour bloquer l'entrée de la localité aux nazis de Pravy Sektor. Ceux-ci ouvrent le feu, il y a plus de dix morts. Un peu plus tard, les fascistes progressent vers le centre-ville de Kramatorsk. Ils sont également à Droujkovka (au sud de Kramatorsk) où les habitants sont eux aussi désarmés. (RIA Novosti) Odessa brûle ? Kramatorsk brûle ? Pas de quoi s'affoler... Ce n'est pas parce que l'Otan a ses troupes «spéciales» sur place, que la Russie devrait y envoyer les siennes... Rassurez-vous, Poutine suit de près la situation. Il a demandé qu'on le réveille pour le défilé du 9 mai, auquel il assiste tous les ans. Pour sa part, le correspondant de CNN constate que l'armée ukrainienne n'occupe pas le centre-ville de Slaviansk ni celui de Kramatorsk. La réalité sur le terrain ne coïncide pas du tout avec les communiqués de victoire de Kiev. A Kramatorsk, la tour de télé reconquise par les militaires avait été évacuée la veille par les insurgés pour une raison inconnue ; il s'agit donc d'un succès douteux. Les combats ne touchent que la périphérie des deux villes mais n'en sont pas moins meurtriers (au moins sept défenseurs et deux soldats tués). (A suivre)