Avec les trois dernières décisions portant sur des mesures conservatoires de suspension de fonctions prises à l'encontre de deux cadres gestionnaires des structures de la république, le wali d'Annaba confirme sa détermination à mettre un terme à la bureaucratie dans son administration. Les trois premières victimes de cette démarche, très rarement entreprise localement, sont le chef de service des études et évaluation, celui de la gestion et du suivi des travaux réalisés tous deux sous tutelle de la direction des équipements publics ainsi que le chef de service de l'état civil de la commune de Annaba. Ce faisant, le premier magistrat de la wilaya lance ce qui semble être une croisade d'une nouvelle tonalité. Il était temps qu'elle soit entreprise particulièrement en cette période où les promoteurs immobiliers, leurs complices dans les administrations de l'Etat et certains élus membres de l'une ou de l'autre des deux chambres se croient tout permis. La démarche intervient à la suite de l'affaissement d'un tronçon de route érodé par les travaux d'un chantier de réalisation de logements promotionnels propriétés d'un promoteur immobilier. Ce dernier a été dénoncé maintes fois par les riverains quant aux dépassements qu'il commet à chaque fois avec notamment l'occupation indue des surfaces à proximité des lots de terrain qui lui sont dévolus, l'absence de tout confortement des routes et autres structures de soutien des bâtiments et habitations particulières à proximité. Pour bien montrer qu'il est puissant et qu'il peut piétiner impunément toutes les lois de la république, ce personnage véritablement imposant qui se dit grand ami du premier magistrat de la wilaya, donc intouchable, n'hésitait pas à faire dans la provocation. Cependant, force est de dire que si la démarche du wali a été bien accueillie par l'opinion publique locale en manque de pareille décision, elle ne pourra entamer la stratégie de corruption et de bureaucratie des promoteurs que si elle se fait dans la continuité. Il y a bien des années que pareille démarche n'a pas été appliquée pour mettre un terme aux activités des corrompus et corrupteurs qui gangrènent l'ensemble des rouages de l'administration locale. En fait, le premier magistrat de la wilaya paraissait cultiver l'abstinence verbale. Tant et si bien que d'aucuns supputaient de tout et son contraire quant à son manque de réaction face à l'inadmissible. C'est à croire qu'il attendait son heure après le grand virage gouvernemental de la rigueur pour lancer sa croisade. C'est pourquoi, ses trois décisions ont été interprétées comme étant un grand événement. Quelques jours avant, la rumeur des naïfs avait même laissé entendre que le chef de l'exécutif de wilaya allait démissionner de son poste. Alors que l'on croyait que ses rouages sont grippés, la machine Mohamed Mounib Sandid s'est doucement remise en branle. Jusque-là morose, elle est entrée en ébullition avec une belle claque pour ceux qui faisait croire que le gouvernement avec ses ministres, ses walis et les responsables des institutions membres de l'exécutif de wilaya, étaient dans leur poche. Comment le wali qui n'a pas cessé de distiller à chaque occasion des petites phrases assassines à l'égard de certains nababs, a-t-il pu retarder ce genre de décision ? Et dans le lot, figure la suspension de fonctions du chef de service de l'état civil de la commune chef-lieu, Annaba, c'est que les données ont totalement changé. Cadres, agents d'exécution et simple citoyen se sont mis à parler. C'est qu'à chaque changement à la tête de l'exécutif local, ils s'attendaient à ce que le nouvel homme fort de la wilaya allait sonner l'heure de vérité. Ce début de mois de septembre coïncidant avec la rentrée scolaire et sociale, Mohamed Mounib Sandid a ouvert grand les portes du contrôle sur terrain des prestations de service des structures placées sous son autorité. Une semaine auparavant, il s'était rendu à El-Bouni et Sidi Amar où, l'espace de quelques minutes, il a vécu au contact des conditions de travail et d'accueil dans les services d'état civil de ces deux entités de l'administration communale. L'alerte quant aux risques d'affaissement du tronçon de route à Sidi Aïssa pour cause des travaux de construction immobilière avait été donnée il y a plus d'une année par plusieurs titres de presse. L'on avait même souligné que l'érosion du sol par les excavatrices pourrait être à l'origine de mort d'homme. L'on s'était même étonné de l'absence de réaction du wali face à ce risque porté à sa connaissance. C'est que le wali installé il y a un peu plus d'une année dans ses fonctions était dans le besoin d'un encadrement technique plus compétent que ceux en poste formés sur le tas. De nombreux chantiers l'attendaient. A commencer par la désignation d'un chef de daïra en titre. Des motifs de sévir contre l'incompétence, le laisser-aller et le je m'enfoutisme, le chef de l'exécutif local en a beaucoup. A commencer par cette bureaucratie chronique qui caractérise les activités des services techniques de l'APC de Annaba, les bidonvilles qui renaissent après avoir été éradiqués, les marchés informels de plus en plus nombreux malgré la construction de nouveaux marchés, des projets d'équipements de base et autres mis en veilleuse alors qu'il y a une disponibilité financière et des assiettes de terrain...