Invité de la Radio nationale, le ministre du Commerce, Amara Benyounès, a évoqué le sujet des boissons alcoolisées, indiquant qu'il a fait l'objet d'un lynchage médiatique hallucinant. Il faisait allusion aux médias privés arabophones, proches du courant islamiste et qui avait mobilisé la rue contre la décision du ministère du Commerce relative à la libéralisation de la vente des boissons alcoolisées. Amara Benyounès a relevé qu'il y a eu «beaucoup de manipulation» sur ce sujet, expliquant que sa décision d'introduction d'une licence de vente de ces produits visait à réglementer un commerce soumis, lui aussi, à l'informel. A ce même sujet, il a ajouté que le gel de l'instruction décidé par le Premier ministre avait pour objet d'apaiser la situation. Il a, par ailleurs, rappelé le contexte de cette affaire et dénoncé la manipulation de certains lobbies. «Depuis mon installation à la tête de ce ministère, j'ai pris l'initiative d'annuler toutes les instructions qui n'étaient pas légales. Je ne suis pas un religieux ou un imam, je suis ministre de la République. Ce qui est important pour moi est ce qui est légal ou illégal aux yeux de la loi», a-t-il martelé. A l'instar des autres pays du monde, l'activité de vente d'alcool est réglementée, a-t-il expliqué. Ces derniers jours, des dirigeants de mouvements et des partis politiques islamistes ont mené une campagne sans précédent à l'encontre du ministre à propos de la libéralisation de la commercialisation des boissons alcoolisées. Il est de même pour des médias privés et surtout de deux chaînes de télévision proches du courant islamiste qui ont été beaucoup dans la mobilisation de la rue. Des citoyens avec qui nous nous sommes entretenus ont dénoncé cet état de fait, indiquant que la liberté d'expression ne veut pas dire incitation à la rébellion et à la violence. En ce qui concerne l'introduction des licences d'importation, Amara Benyounès a rappelé qu'elles sont destinées à rationaliser nos importations dans la transparence. Faisant part d'opérateurs économiques «loyaux, travaillant dans la légalité» et n'ayant donc rien à craindre des dispositions visant à organiser le commerce extérieur, en particulier, il relève la présence parmi eux de puissants lobbies, s'adonnant à des activités malhonnêtes dont le phénomène de la surfacturation n'est pas la moindre des activités. «Nous n'avons pas l'intention d'interdire aux Algériens de consommer des bananes ou des kiwis, ce qui nous importe, c'est de rationaliser et d'assainir nos importations», a-t-il affirmé. Il estimé que l'introduction prochaine de licences d'importation, «qui devra, au préalable, être entérinée par l'APN», contribuera à assainir le marché en assurant sa transparence, «autant pour ce qui concerne la qualité que la conformité des produits importés». Il affirme que les licences permettront de remettre de l'ordre, «parce que, déclare-t-il, elles obligeront, désormais, les opérateurs à se conformer à une liste préétablie des marchandises qui y seront soumises». Pour poursuivre le débat sur ce projet, le ministre du Commerce annonce une rencontre, la semaine prochaine, entre son département, les organisations patronales et l'UGTA, «afin de parvenir à un consensus». Commentant, d'autre part, l'emprise tentaculaire de l'informel sur le marché, Amara Benyounès considère que celui-ci est devenu «problématique», en ce sens qu'il représente, aujourd'hui, une menace pour l'économie nationale. Amené, par ailleurs, à donner son appréciation sur les récentes descentes de police au niveau des marchés parallèles de devise, il signale que ceux-ci existent «depuis de nombreuses années», ajoutant que la question fait l'objet d'une réflexion au sein du gouvernement «pour lui trouver une solution». De la décision attendue de réintroduire le crédit à la consommation, l'invité signale que celle-ci après avoir été validée, en septembre, par la tripartite, devrait prendre effet incessamment. Il tient à préciser, cependant, que ce type de crédit concernera, exclusivement, les produits fabriqués en Algérie. Appelant les consommateurs à faire preuve de «patriotisme économique», il annonce qu'une campagne visant à encourager la consommation du produit algérien, «lorsqu'il est compétitif en prix et en qualité», sera lancée à partir du 26 avril 2015.