Relizane s'apprête à accueillir du 1er au 3 décembre prochains, un événement culturel et artistique d'envergure : un projet commémoratif, à l'occasion du 30e anniversaire de la disparition de l'un des grands maîtres de la peinture algérienne moderne : M'hamed Issiakhem. Organisé sous le patronage du ministre de la Culture Azzedine Mihoubi et de la wilaya de Relizane, en partenariat avec la direction de la culture de Relizane, cet événement est un hommage à l'un des « fondateurs les plus influents de la peinture moderne algérienne ». Intitulé « Issiakhem à Relizane : naissance d'une vocation », le projet en question, initié par Djamila Kabla Issiakhem, commissaire générale, sera accompagné d'une grande exposition de peinture, de conférences, débats, de travaux des étudiants de plusieurs écoles des Beaux Arts, et autres (projections de films, diapositives biographiques ...). Plusieurs participants sont attendus à la manifestation, notamment les institutions locales et nationales, les écoles des Beaux Arts d'Alger, Oran, Mostaganem, Azazga, Sidi-Bel-Abbès et Tipaza (professeurs et étudiants), des artistes donateurs au Fonds Issiakhem, des journalistes de la presse écrite et orale des poètes, chanteurs et personnalités diverses. Ce sont en tout, une soixantaine d'artistes qui viendront rendre hommage à ce géant de la peinture algérienne, disparu le 1er décembre 1985. Pour les organisateurs, ce rendez-vous revêt un double intérêt, d'abord aller plus loin dans la connaissance de l'artiste, ensuite promouvoir Relizane, ville de son enfance qui, par cet hommage, aura sa juste place sur la scène artistique. Il faut noter que, par le passé plusieurs hommages on été rendus à l'artiste plasticien, faisant ainsi connaître l'immensité de son talent, à travers l'exposition de ses œuvres. Le présent projet, mettra en exergue « la vie de l'artiste et la naissance de sa vocation lors de son enfance à Relizane ». Né le 17 juin 1938 à Taboudoucht, près d'Azzefoun, M'Hamed Issiakhem passe son enfance à Relizane. En 1943, il manipule une grenade, volée dans un camp militaire, qui explose. Deux de ses sœurs et un neveu meurent. Hospitalisé pendant deux ans, il est amputé du bras gauche. De 1947 à 1951, il est à Alger élève de la Société des Beaux-Arts puis de l'Ecole des Beaux-Arts d'Alger et suit les cours du miniaturiste Omar Racim. En 1951, il rencontre Kateb Yacine. De 1953 à 1958, il fréquente l'Ecole des Beaux-Arts de Paris où il retrouve Kateb Yacine - les deux artistes demeureront inséparables. En 1958, Issiakhem quitte la France pour séjourner en RFA puis résider en RDA. En 1962, boursier de la Casa de Velázquez de Madrid, Issiakhem rentre en Algérie. Il est alors dessinateur au quotidien Alger Républicain. En 1963, il est membre fondateur de l'Union nationale des arts plastiques, de 1964 à 1966, chef d'atelier de peinture à l'Ecole des Beaux-Arts d'Alger puis directeur pédagogique de l'Ecole des Beaux-Arts d'Oran. Il illustre alors plusieurs œuvres de Kateb Yacine. De 1965 à 1982, il crée les maquettes des billets de banque et de nombreux timbres-poste algériens. En 1967, il réalise avec Kateb Yacine un film pour la télévision, Poussières de juillet, en 1968, les décors du film La voie, de Slim Riad. En 1971, Issiakhem est professeur d'art graphique à l'Ecole polytechnique d'architecture et d'urbanisme d'Alger et crée les décors pour le film Novembre. Il voyage en 1972 au Viêtnam et reçoit en 1973 une médaille d'or à la Foire internationale d'Alger pour la décoration du stand du ministère du Travail et des Affaires sociales. De 1973 à 1978, Issiakhem est dessinateur de presse. Il dirige en 1977 la réalisation d'une fresque pour l'aéroport d'Alger. Le ministère du Travail et des Affaires sociales publie à Alger une plaquette dont Kateb Yacine écrit la préface sous le titre Issiakhem, œil-de-lynx et les Américains, trente-cinq années de l'enfer d'un peintre. En 1978, Issiakhem séjourne quelques mois à Moscou et reçoit en 1980 le Premier Simba d'Or (Lion d'Or) de Rome, distinction de l'Unesco pour l'art africain. Il meurt le 1er décembre 1985 à la suite d'une longue maladie.