En raison de la propagation de la «flamme» de contestation dans plusieurs villes, le gouvernement tunisien a décidé d'instaurer le couvre-feu à travers l'ensemble du territoire national. Cet état de fait intervient au moment où des troubles à l'ordre public ont éclaté à Kasserine avant que la contestation ne s'étend à plusieurs autres régions du pays. Tout a commencé par une manifestation pacifique à Kasserine où des dizaines de citoyens de cette ville ont protesté contre le chômage et la cherté de la vie. La manifestation a pris une autre tournure après des heurts opposant les forces de sécurité et des manifestants. La situation a dégénéré après le décès d'un manifestant âgé de 28 ans. Chômeur de son état Yahyaoui Redha aurait trouvé la mort en escaladant un polygone électrique, selon la version des autorités locales. Afin de remettre de l'ordre dans la ville de Kasserine, les autorités locales ont décidé d'instaurer un couvre-feu dans cette ville. Malheureusement, la colère n'a pas baissé et la contestation s'est étendue à d'autres villes de la Tunisie. Même à Kasserine, le couvre-feu n'a pas été respecté et les heurts ont mis aux prises manifestants et forces de sécurité. Un policier a également trouvé la mort durant la dispersion des manifestants à Ferianna, distante de 30 km environ de Kasserine. Le ministre de l'Intérieur a indiqué que plus de 74 agents de l'ordre public ont été blessés. Du côté des manifestants au moins 300 jeunes ont été blessés depuis le début des heurts. Malgré les assurances du gouvernement visant à trouver des solutions aux revendications des contestataires, la situation n'a pas évolué et plusieurs régions ont connu des troubles à l'ordre public. C'est le cas à Sidi Bouzid, berceau du déclenchement de ladite «révolution» des jasmins et le départ de l'ex-président Zine Al Abidine Ben Ali. Dans cette localité, plusieurs routes ont été coupées par les manifestants avant de mettre le feu sur des pneumatiques. L'intervention des forces de police n'a pas été du goût des manifestants qui ont répliqué par des jets de pierres et de cocktail-Molotov. Les forces de sécurité ont été contraintes d'user de bombes de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants avant de procéder au bouclage de la place située au centre-ville. Les manifestations et les troubles à l'ordre public ont été signalés dans plusieurs autres villes telles que Gafsa, Jendouba. Dans la ville de Souk El-Had, le siège de la gendarmerie a été incendié par des manifestants. Cette désastreuse situation a contraint le chef du gouvernement M. Habib Essid de quitter Davos et de rentrer au pays. Hier, un couvre-feu nocturne de 20h à 5h a été décidé par le gouvernement sur l'ensemble du territoire national. Un Conseil des ministres devrait se tenir aujourd'hui, samedi, sous la présidence du chef de l'Etat tunisien M. Béji Caïd Essebssi. Profitant de ces troubles, des «casseurs» ont attaqué, saccagé des édifices publics. Plusieurs distributeurs de billets de banques ont été également détruits par des dizaines de manifestants.