La mairie de Paris a rendu mercredi après-midi au Petit Palais-Musée des Beaux-arts, un vibrant hommage à la romancière algérienne, l'immortelle Assia Djebar, décédée il y une année. Devant un parterre de personnalités du monde de la culture, de la littérature, de l'histoire, des médias, de ceux qui l'ont connue, côtoyée, ainsi que des membres de sa famille, que l'ombre et l'image de la romancière, professeur de littérature, académicienne, cinéaste, ont plané dans un auditorium archicomble. Organisé par la Mairie de Paris, en partenariat avec la Sorbonne Nouvelle, et les associations le Cercle des amis d'Assia Djebar et Archives Claude Simon et ses contemporains, l'hommage a été ponctué par un riche programme à la hauteur de celle pressentie, de son vivant, pour le prix Nobel de littérature. Dans son allocution, la maire de Paris, Anne Hidalgo, a exprimé son enthousiasme d'être présente à l'hommage de «cette grande dame immortelle» qui, «par son talent, qui est bien le sien, a traduit, écrit, expliqué et touché nos imaginaires et nos vies». «Un an après sa disparition, je suis touchée d'être là, parce que je retrouve dans l'œuvre d'Assia Djebar cette dimension d'identité multiple qui nous aide à nous construire, à construire le monde», a-t-elle dit, annonçant qu'elle est à la disposition des associations qui envisagent de transmettre et diffuser le message d'Assia Djebar. La cérémonie, à laquelle a pris part l'ambassadeur d'Algérie en France, Amar Bendjama, a été ponctuée par la lecture de morceaux de texte choisis des ouvrages de cette fille d'instituteur de la ville côtière, Cherchell, ex-Césarée. Après la projection du chant de Taos Amrouche, poétesse berbère, l'acteur, metteur en scène et professeur de théâtre français, Daniel Mesguich, l'artiste Djurdjura et le comédien Patrick Potot sont venus, tour à tour, entre deux tables-rondes, lire des extraits des romans de celle qui avait «la soif d'écrire, de mettre des mots» sur des événements qui ont marqué l'histoire de son pays, l'Algérie. Deux tables-rondes sont venus agrémenter la cérémonie, au cours desquelles des universitaires, historiens et écrivains ont essayé de cerner, en tant que lecteurs et lectrices d'Assia Djebar, les grands traits de l'œuvre de cette protectrice des libertés des femmes. Axée sur la littérature et la cause des femmes et sur la littérature et l'histoire des femmes, les intervenants ont mis en exergue son engagement pour la paix et pour l'émancipation de la femme, à travers «une littérature qui fait parler les silences, les murmures et les sentiments des femmes». Pour d'autres, Assia Djebar, qui vivait entre 3 langues, «n'était pas la porte-parole des femmes, mais elle en était leur porte-voix», soulignant que la romancière a ouvert des champs «nous ne risquons pas de les fermer». A la clôture de cet hommage, l'assistance a eu droit à la projection d'un extrait du film «Assia Djebar, la soif d'écrire» de Frédéric Mitterrand et Virgine Oks, qui relate les moments forts de son admission à l'Académie française.