Après une absence qui a duré presque 9 ans, le festival du chantre de la chanson chaouie Aïssa Djermouni revient avec un nouvel aspect avec une dimension locale avant sa constitutionnalisation annuelle sur proposition de la wilaya au ministère de la Culture. Et pourquoi pas en faire une manifestation nationale, a déclaré le wali de d'Oum El Bouaghi, A. Chater. Le festival, qui a débuté ce mardi et qui prendra fin aujourd'hui, a vu dès la première journée plus de 500 participants dans cette manifestation culturelle et artistique. Au cours de l'ouverture officielle, un défilé a été organisé en face de la daïra et du centre de loisirs scientifiques de la wilaya par des présentations folkloriques, fantasia, baroud, exhibition de sport arts martiaux par des jeunes enfants. D'autre part, le public a apprécié le défilé organisé à cette occasion, à savoir des filles portant le costume typiquement chaoui ainsi que les différentes associations comme celles de la lutte contre la toxicomanie, la défense des consommateurs et de la femme, etc. La délégation s'est ensuite rendue au palais de la culture Nouar Boubakeur d'Oum El Bouaghi où des expositions sur le tapis des haraktas et habits traditionnels, de la gastronomie propre à la région ainsi que des bijoux en argent. A noter que lors de son intervention, le wali a assuré les présents que le théâtre multifonctionnel portera désormais le nom d'Aissa Djermouni. Ce ténor des Aurès, qui a fait vibrer l'Olympia de Paris en 1936, le premier des Arabes et des Africains. Aïssa Ben Rabah Ben Mohamed et de Sakhria bent Merzoug est né en 1986 à Sid R'ghis , mechta Ouled Ourdir, dans la commune d'Oum El Bouaghi. En 1945, le chanteur et poète chaoui est frappé d'une maladie à Guelma puis transféré à l'hôpital de Constantine où il mourut le 16 décembre 1946. Il fut enterré dans la capitale des Haraktas qui est Aïn Beida où il passa la majeure partie de sa vie artistique. Sa première chanson «Ya hadda khouti ma t'gouliche khaf» qu'il enregistra en Tunisie en 78 tours aux éditions Ben Baroud en 1930, El Fouchi Nou Nesmar et Akrded Arouguir. En 1936, un certain juif Haroun proposa à Aissa d'aller se produire en France. Quelque temps plus tard de la même année, Aissa est à l'Olympia de Paris où il obtient un grand succès auprès d'un public nombreux composé en majorité d'Algériens émigrés, de Maghrébins et même de quelques Européens. Aissa s'est marié avec sa cousine Fatima (1900-1926) et lui donna 2 filles avant de mourir très jeune. Il épousa par la suite Louiza-Ferrari, fille d'un Européen (Italien) converti à l'Islam. De cette deuxième union naquirent trois autres filles dont l'aînée s'appelait Fatima du même prénom que la première épouse. A noter que lors de son intervention, le wali a assuré les présents que le théâtre multifonctionnel portera désormais le nom d'Aïssa Djermouni de son vrai nom Merzoug. Aussi, il a affirmé que ce festival n'a rien coûté au Trésor public, et ce, grâce aux sponsorings avec un montant global de 126 milliards de centimes. Par ailleurs, une autre exposition s'est tenue également dans l'enceinte de la bibliothèque principale sur le patrimoine archéologique et le tourisme de la région. Dans la capitale des Haraktas et au niveau du théâtre régional d'Aïn Beida sont tenus plusieurs conférences données par des universitaires dont le chercheur et écrivain Ounissi Med Salah qui a écrit 2 livres sur la vie d'Aïssa Djermouni en 2007 et en 2010, ensuite, le wali et la délégation qui l'accompagne ont procédé à l'inauguration de l'exposition des arts plastiques au centre culturel Emir Khaled d'Aïn Beida qui a regroupé une vingtaine d'artistes appartenant à différentes écoles de peinture. Saisissons cette occasion, le wali n'a pas manqué de rendre visite à la famille d'Aïssa Djermouni dans la cité Chikaoui de la ville d'Aïn Beida. A signaler que cette fête importante se poursuivra aussi bien à Oum El Bouaghi, Ain Beida et Ain M'lila par des galas, des expositions, des manifestations folkloriques ainsi qu'une conférence au niveau de l'Université Larbi Ben M'hidi d'Oum El Bouaghi animée par des professeurs, étudiants et intellectuels sur la vie artistique du défunt. En outre, des chanteurs donneront des soirées artistiques au niveau de la placette de l'APC d'Oum El Bouaghi au profit des jeunes pour s'extérioriser et s'entrecroiser. Enfin, le festival de l'icône Aissa Djermouni sera clôturé aujourd'hui par la remise des prix aux meilleurs exposés relatifs au patrimoine et les mécanismes du développement durable sur Aïssa Djermouni.