Le ministre des Affaires étrangères sahraouie, Mohamed Salem Ould Salek, a réagi, hier à Alger, par rapport à la demande du Maroc de réintégrer l'Union africaine. «C'est une manœuvre basée sur de mauvaises intentions pour liquider le dossier du Sahara Occidental de l'Union africaine.» Selon le chef de diplomatie sahraouie qui a animé, hier à Alger, une conférence de presse, le Maroc est en train de manigancer un complot politique derrière sa demande de réintégrer l'Union africaine. Si cette volonté était basée sur de bonnes intentions, le ministre sahraouie estime qu'«il (le Maroc) aurait suivi les conditions stipulées par l'UA pour son retour officiel sans esquive et sans avoir recours aux campagnes diplomatiques soutenues par des lobbies». Cette décision de rejoindre l'Union africaine après une séparation qui a duré trois décennies n'est qu'une répétition du scénario de 1978 quand le roi du Maroc a demandé par une lettre officielle destinée à l'ONU de ne pas se mêler du dossier du Sahara Occidentale, parce que «à cette époque, il disait que c'est une cause africaine qui est débattue sur la table de l'Union africaine». Alors que quelques années après, a rappelé le chef de diplomatie sahraouie parlant du roi marocain, «en 1984, pour dire que le dossier sahraoui est dans l'agenda de l'ONU et il faut que l'UA ne se mêle pas de cette affaire». L'historique des manœuvres marocaines, selon le ministre sahraoui, sont les preuves qu'«il tente coûte que coûte d'éliminer le dossier sahraoui, faisant le tour d'une Union à une autre, à chaque fois qu'il se sent menacé». A noter que le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a réagi, jeudi dernier à la condition posée par le Maroc pour réintégrer l'Union africaine. Il a déclaré, à cet effet que «la République arabe sahraouie démocratique (RASD) est un membre fondateur de l'Union africaine (UA) et que son départ de cette organisation ne peut être réclamé». Abdelmalek Sellal a tenu à préciser que l'Algérie n'y voit aucun problème dans le souhait du Maroc d'adhérer à l'UA, mais ceci doit se faire sans condition, et il y a des procédures à suivre. Rappelant que le retrait du Maroc a eu lieu de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) et non de l'Union africaine. De son côté, le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale a souligné que le Maroc «ne peut imposer des conditions pour un éventuel retour au sein de l'organisation». Il a, également, rappelé que «la RASD est un membre fondateur de l'organisation et l'intégration de l'UA obéit à des mesures bien précises auxquelles le Maroc doit se soumettre». Auparavant, le ministre des Affaires maghrébines et africaines et de la Ligue arabe avait commenté cette décision du Maroc en soulignant que pour l'Algérie, «il s'agit d'une adhésion et non d'un retour», considérant que le retrait du Maroc en 1984 en protestation contre l'admission de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) s'est fait du temps de l'Organisation de l'union africaine (OUA), avant que celle-ci ne devienne UA. Néanmoins, pour le ministre des Affaires maghrébines, «un pays africain, qui veut adhérer à l'UA ne peut pas le faire sous conditions, comme le stipule l'acte constitutif de l'organisation continentale».