Alors que des dizaines de familles résidant dans les quartiers est d'Alep les quittaient en empruntant les corridors humanitaires supervisés par les Russes, les milices lançaient leur ultime riposte pour briser le siège imposé à ces quartiers depuis la chute de la banlieue Bani Zeid. Une violente campagne militaire a été lancée par la coalition Jaïsh al-Fatah sur plusieurs fronts au sud-ouest d'Alep, aux confins avec la province d'Idleb occupée par le Front al-Nosra, branche d'Al-Qaïda et ses alliés, recyclée en front de conquête du Levant. Selon assafir, cet assaut est directement parrainé par le chef religieux du Front al-Nosra, le Saoudien Abdallah al-Muhaycini qui a diffusé un enregistrement sonore dans lequel il a annoncé le déclenchement de la «conquête d'Alep», incitant les miliciens à y prendre part, leur promettant le paradis et ses sirènes. «Si tu craches dans l'eau de mer, elle deviendra douce... 72 sirènes t'attendent», a-t-il dit entre autres dans son sonore, dans lequel il déclare vouloir «libérer la totalité d'Alep en une semaine», rappelant la bataille de la prise d'Idleb en 2014. Lui a emboîté le pas sans tarder, le porte-parole militaire de la milice Ahrar al-Sham, fidèle alliée du Front al-Nosra, connu sous le patronyme Abou Youssef al-Mouhajer, en annonçant le lancement de l'opération pour briser le blocus d'Alep, indiquant que ses hommes vont ouvrir un front de bataille sur une longueur de 20 km. Sur plusieurs fronts : attaques-suicides et des vagues Quelques heures après ces deux enregistrements, des miliciens lancaient un violent assaut sur les deux axes Rachidine et Sabakiyyeh, au sud d'Alep. Et d'autres menaient la bataille sur l'axe occidental d'Alep, en direction de l'école al-Hikma, non loin de l'académie d'Assad. Selon le journal al-Akhbar, aussi bien à l'ouest qu'au sud, l'opération a été entamée par des attaques-suicides, une soixantaine selon la télévision panarabe al-Maydeen, au moment où des centaines de pneus ont été allumés sur les lignes de démarcation pour aveugler l'aviation et entraver les raids aériens russes et syriens. Par la suite, des vagues d'assaillants ont lancé plusieurs attaques simultanées. Combats sans répit et un tapage médiatique Le but de la première opération étant d'avancer pour couper la route de Ramousseh qui constitue l'entrée d'Alep, et dont la conquête par l'armée gouvernementale lui avait permis précédemment de transformer le siège des quartiers sud loyalistes d'Alep en un siège des milices. Le but de la seconde, lancée par la branche d'Al-Qaïda, de concert avec Ahrar al-Sham, et le Hezb al-Islami al-Turkestani était de s'emparer de l'académie militaire. Dans un premier moment et grâce à un double attentat-suicide contre l'école al-Hekmeh, les forces gouvernementales qui y étaient stationnées ont été contraintes à battre en retraite. Au moment où les milices tentaient de s'infiltrer dans le projet 1070, elles ont avancé en direction du quartier Hamdaniyyeh dont elles ont occupé une petite partie. Ce lundi, la chaîne TV al-Mayadeen assure que les milices ne sont pas parvenues à prendre le projet 1070 qui constitue le passage vers l'école militaire. alors que les combats battent leur pelin à Hamadaniyyeh. Il est question selon la chaîne de télévision al-Alam de 4 civils sont tombés en martyrs à Hamadaniyyeh, dont un enfant et 6 autres ont été blessés, et d'une femme qui a été tuée et de 5 autres qui ont été faits blessés dans le quartier de Ramousseh. Pas de changement : 800 miliciens éliminés Une source militaire syrienne a assuré pour le quotidien libanais assafir que cette attaque constitue la dernière tentative des milices pour briser le siège militaire d'Alep, après l'échec des deux autres tentatives perpétrées à l'est de la ville. Malgré le tapage médiatique dont elle bénéficie dans les médias et les sites des réseaux sociaux proches des milices, et qui annoncent des conquêtes à longueur de journée, cette offensive ne change pas l'équilibre des forces établi à l'avantage de forces régulières et les pertes des milices sont considérables. Selon l'état-major russe, 800 miliciens ont été éliminés depuis le lancement de l'assaut et 14 chars ont été détruits. Parmi les tués figurent le chef militaire de la milice Brigades des conquérants (Liwa al-Fatihine), Hammoudah Abou Yazine. «Grâce aux efforts conjoints de l'armée syrienne et des groupes populaires, appuyés par l'aviation russe, l'attaque des groupes armés a été repoussée aujourd'hui aux environs de quatre heures du matin», a déclaré lundi aux journalistes le chef du commandement opérationnel principal de l'état-major de l'armée russe Sergueï Roudskoï. «Au cours des combats, plus de 800 terroristes ont été éliminés, 14 chars ont été détruits, ainsi que 10 véhicules de combat d'infanterie et plus de 60 véhicules équipés d'armes», a-t-il précisé. Selon l'agence Sputnik, les grandes pertes n'empêchent pourtant pas les terroristes de faire des ravages. Les miliciens recourent à leurs forces de réserve, intimident les combattants des troupes gouvernementales, font obstacle aux civils qui tentent de quitter les zones de combats, et les utilisent comme bouclier humain. «Ainsi hier à Alep, les terroristes ont exécuté quatre personnes qui cherchaient à partir via des corridors humanitaires», a ajouté M. Roudskoï, ajoutant qu'au total le nombre d'attentats commis par Daech et le Front al-Nosra, en l'espace de deux mois a déjà dépassé la centaine. Entre-temps, sept corridors humanitaires ont été ouverts à Alep pour les civils et les terroristes qui ont décidé de rendre les armes. Pour le moment, 324 civils, dont 76 enfants, ont atteint les centres d'aide humanitaire et 82 terroristes ont rendu les armes. Et l'armée syrienne poursuit son avancée au nord d'Alep, dans le camp de Handarate.