Soixante travailleurs abasourdis, une direction intérimaire sans réelles prérogatives, une situation financière au bord de l'étranglement, telle est la condition à la limite de l'insurmontable qui prévaut pour l'heure au théâtre régional Malek-Bouguermouh de Béjaia. C'est ce qui a été relevé et mis en exergue lors de la conférence de presse de mercredi dernier. Depuis que l'annonce de la décision de réduire leur subvention annuelle de plus de 50 %, et du licenciement de 25 des leurs, les travailleurs du TRB Malek Bouguermouh n'en savent plus où donner de la tête, naviguant à vue, sans perspective aucune de sortie de l'interminable bourbier dans lequel ils se disent enfoncés. C'est le cas de l'être, quand toutes les équations envisagées pour assurer une gestion de leur établissement, s'avèrent n'aboutir à rien d'autre, qu'à l'issue fatale et une débâcle assurée. De 7,9 milliards de centimes, ils passent du coup à 3,6 milliards !? Véritable coup de pied dans la fourmilière opéré par la tutelle, qui par ailleurs décline la requête de prise en charge du boulet de la dette de 4,7 milliards hérités, dit-on, de mauvaise gestion. La masse salariale à elle seule établie au même montant que la dette ne peut être couverte par la subvention allouée. Quant aux frais de gestion, charges d'exploitations et frais au titre de la production, c'est dire qu'ils sont totalement ignorés. Un niveau de gestion qui mène droit au mur, quand on sait que parmi les dettes, on décompte 2,6 milliards de parafiscalité impayée à la CNAS, dont l'ardoise se négocie au mois le mois, et 1,1 milliard au titre de l'IRG et d'un blocage imminent du compte en cas de non-paiement dans les délais... et des pénalités qui s'y greffent. Si à la dernière réunion tenue le 22 janvier au ministère, d'aucuns pensaient que la situation s'était normalisé, notamment par la réintégration des «25 vacataires», il n'en est encore rien, assure-t- on, et en l'absence de directive de la tutelle, tout reste en l'état, au stade même de la promesse. Pour M. Boukemouche, actuel directeur, cette situation bien que difficile n'a pas mis fin à nos efforts de gestion et de production, la recherche de sponsors, la location de la salle et de nos services, représentée des rentes dérisoires qui n'arrivent à combler que quelques menues charges. Sans l'octroi de la totalité de la subvention, conclura-t-il, notre durée de vie est limitée à quelques mois, sans plus. Des revendications fermes Une réunion tenue le 23 janvier par l'ensemble des travailleurs au siège du TRB a été sanctionnée par un procès-verbal adressé à la tutelle dont une copie nous a été remise, faisant mention de cinq revendications légitimes, assure- t-on, et autant salutaires. «La confirmation des 25 travailleurs contractuels, intégralité de la subvention, épongement de la dette, nomination d'un directeur et désignation d'une commission d'enquête.» C'est à cet unique postulat que le théâtre assure ses employés et à même de se remettre sur les rails après sa régression de sept mois. Se remettre à reproduire en quantité et qualité, autant qu'il l'a toujours fait par le passé, sous les défunts Malek Bouguermouh et Azzedine Medjoubi, Mohamed Fellag, ou tout récemment Omar Fetmouche qui a su se substituer au TNA et hisser ce TRB en digne organisateur du FITB.