Après un début de campagne d'entre-deux-tours du candidat d'«En Marche» marqué par un léger flottement, dû aux consultations qu'il avait eues avec des chefs de gouvernements, avait expliqué alors son entourage, et après le débat présidentiel l'ayant opposé à Marine Le Pen, mercredi 3 mai, Emmanuel Macron a réussi à renverser la tendance et dicter le tempo de cette fin de campagne. Reprenant l'initiative et galvanisé par sa bonne prestation lors de cette confrontation qui a tourné au pugilat par la médiocrité de son adversaire, ont commenté unanimes les médias et les analystes politiques, le candidat du mouvement «En Marche !» a lancé une offensive tous azimuts pour essayer de convaincre les électeurs encore réticents qui seraient tentés par l'abstention ou se résigneraient au vote blanc. Sorties sur le terrain, émissions de télévision ou de radios, visites de sites industriels, rien n'est laissé au hasard. Et les bonnes nouvelles pleuvent : des sondages plus que rassurants qui le placent largement en tête avec 62% d'intentions favorables contre 38 % pour sa concurrente, des soutiens en cascade, dont l'un est venu outre-Atlantique. «Parce que cette élection est trop importante, je veux que vous sachiez que je soutiens Emmanuel Macron», a affirmé dans une vidéo diffusée sur Twitter l'ex-président américain, Barack Obama, appellant clairement à voter pour le candidat d'«En Marche». L'ex-ministre de l'Economie est accueilli favorablement dans toutes ses dernières sorties de fin de campagne, contrairement à sa rivale qui est confrontée à un rejet systématique dans ses déplacements. La guerre d'images fait rage dans les dernières heures avant l'échéance. Hier, vendredi, à Reims (dans la Marne), des militants du mouvement «En Marche», en comité d'accueil avec les insoumis de Jean-Luc Mélenchon, dont 54 % se disent prêts d'aller voter en faveur du favori, ont scandé des slogans hostiles à la candidate frontiste, qui a été accueillie là encore avec des casseroles, allusion claire aux emplois fictifs dont se serait rendu coupable la candidate à l'extrême droite. Par sa prestation au cours du débat traditionnel de l'entre-deux-tours (qui a véritablement donné un nouveau souffle à sa campagne), dans lequel il s'est illustré, en mettant en avant son programme, quand à l'opposé, son adversaire a multiplié l'invective et l'intox, refusant dans le même temps d'expliquer aux Français comment elle mettrait en oeuvre les 140 mesures de son projet, le tout dans un discours inaudible, Emmanuel Macron a montré qu'il est en capacité d'endosser le costume présidentiel, d'incarner cette nouvelle France du vivre ensemble qui aspire à une réconciliation entre les différentes couches de la société. Une situation qui met en difficulté Marine Le Pen et qui présage de ce que serait la suite des événements, même si «l'ami de l'Algérie», dixit Ramtane Lamamra, ministre des Affaires étrangères, se refuse à tout triomphalisme et appelle à une forte adhésion à son projet et à un vote massif en sa faveur, un geste synonyme du fort rejet par les Français d'une extrême droite conquérante, un mouvement porteur de germes de la division des différentes composantes de la communauté nationale, animé par la haine de l'autre et destructeur de l'Europe.