Les voleurs de voitures ne baissent pas les bras. C'est, de toute façon, le constat conjuré par nombre d'analystes depuis qu'il est fait savoir que nos sources extérieures s'amenuisent et que nous arriverons devant la porte du FMI. Quand il n'y aura plus d'argent à distribuer, assez d'emplois pour tous, que nos entreprises auront expiré du fait de la terrible concurrence, que les frontières occidentales soient fermées à toute immigration, que la baisse du prix du baril de pétrole soit définitive, la situation sur le front social entrera en ébullition. Déjà, nous ne sommes pas sortis de ce qui a été appelé une situation de violence, dite terroriste, pour entrer dans celle d'un nouveau type de violence que traduiront les insécurités sociales, et cette situation est prévue comme durable du fait de l'impossibilité de satisfaire les frustrations socio-économiques des populations. Ce constat est crédibilisé par l'installation à l'étranger des hauts cadres auxquels il est mis fin de mission. On annonce bien parfois des détournements dans les banques avec des montants qui donnent le vertige, on annonce parfois des descentes des forces combinées de la police et de la gendarmerie dans toutes les régions d'Algérie, on annonce également de multiples émeutes qui se terminent par des affrontements entre les forces de sécurité et les jeunes émeutiers, et parfois entre jeunes de quartiers différents ou de communautés différentes. Il apparaît ainsi que ce seront les nouvelles préoccupations qui vont rythmer notre futur avec de nouveaux concepts qui vont structurer notre pensée. La seule différence avec la violence terroriste est que les auteurs de cette dernière ne cherchent pas à se saisir du pouvoir, mais à devenir des pouvoirs parallèles dans les zones de non-droit qu'ils s'efforcent de dessiner. Les autorités ont cru avoir trouvé la parade par l'augmentation des effectifs des forces de sécurité alors que cette dernière est un élément de la parade globale et ne saurait certainement constituer toute la parade. Dans les discours officiels des autorités publiques, il n'y a plus d'indices visibles et audibles qui viennent nous conforter, plus particulièrement conforter ceux qui n‘arrivent pas à lire leur avenir pour savoir s'ils pourront arriver un jour à joindre les deux bouts. Tous les concepts utilisés en liaison à la tragédie sont de plus en plus abandonnés. Serait ce un début d'amnésie que nombre d'observateurs considèrent comme naturel dans un contexte liés à faire face à la permanente «révolution des demandes sociales?». Tout comme il a été considéré que les seuls moyens de forces ne seront pas suffisants pour ramener ou imposer la paix dans le cas d'une situation de violence, telle celle liée à la tragédie, il devrait être admis que l'abaissement du niveau de la criminalité ne pourrait pas être le résultat de l'emploi exclusif des moyens de répression. Certes, l'emploi des moyens de forces et des sanctions pénales est inévitable comme instrument de prévention et de dissuasion, mais cela ne suffit pas à immuniser la société contre de telles dérives.