Des motifs de satisfaction durant sa visite ce dernier lundi dans la commune chef-lieu de daïra Chetaïbi, le wali de Annaba, Mohamed Salamani n'en a pas eu. Retard dans la réalisation des projets par-ci et défaillances des responsables de différents secteurs par-là, le directeur de l'exécutif de wilaya avait dû se contenir pour ne pas laisser éclater sa colère. A Aïn Abdallah, notamment, où aurait dû être mis en service, depuis des mois, un forage pour alimenter en eau potable les habitants de cette localité. Il ne l'est pas encore. Les gestionnaires du projet ont même tenté de faire croire que les équipements d'adduction d'eau de Bouchelben, Belle-vue, Aïn Dokara et la Fontaine Romaine, Bougatos, El Azla sont opérationnels. Il n'en est rien. Par un refus net et sans bavure de participer à une mise en scène d'inauguration, le wali a rejeté les faux arguments avancés par les uns et les autres responsables de l'hydraulique et de l'Algérienne Des Eaux, pour justifier des retards d'achèvement des travaux. Dans le lot, il y a ceux portant réhabilitation des équipements électriques et électromécaniques. Et dire que depuis 1962, la population de quelques 25.000 âmes de cette daïra est toujours en retard de développement. A fort potentiel touristique, Tekkouche, Herbillon aujourd'hui Chetaïbi vit le calvaire de la rareté de l'eau potable. Ce qui a eu pour conséquence la fuite des investisseurs directs nationaux et étrangers. Les premiers comme les seconds étaient sérieusement intéressés par la réalisation de structures touristiques. Et pour cause, Chétaïbi abrite l'une des huit plus belles baies au monde. D'où, durant la période coloniale, le choix des colons de s'y installer et où ont dû fuir dès l'indépendance. Depuis, à l'exception de quelques rares établissements scolaires et bâtisses administratives, le village est resté figé avec toujours ses constructions type colonial. A l'image de l'établissement hospitalier, le siège de la daïra et de l'APC, l'avant-port. A ce jour, il n'y a pas un seul établissement hôtelier. Apparemment, le wali avait une idée sur ce qui l'attendait durant sa visite. C'est que dans cette commune chef-lieu de daïra, l'anarchie est à son comble. Pour preuve la ritournelle des retards mis dans l'exécution ou le parachèvement des différents projets socio-économiques. Et pourtant, les enveloppes financières y afférentes ont été débloquées par l'Etat depuis des années. Force est de dire que la situation perdure au vu de ce qui ressort des différentes étapes de cette première visite effectuée par le wali de Annaba Mohamed Salamani depuis son installation officielle à la tête de l'exécutif de wilaya, il y a quelques jours. Il a pris note du rejet des habitants de la gestion de leur ville, localités et agglomérations. De Aïn Abdallah à la Baie Ouest et d'Oued El Ghnem à Zaouia en passant par Chétaïbi, les populations sont toujours dans l'attente de l'amélioration de leur quotidien. Ce qui n'est pas le cas depuis 1962. Et pour cause, entamés depuis des années, les travaux de réalisation des stations de forage et conduites d'amenée d'eau potable, ceux des logements sociaux, des établissements scolaires, projets touristiques se poursuivent toujours. Ils ne sont pas prêts de s'achever. Surtout, ceux, appelés à mettre fin au calvaire de la population généré par l'absence de l'alimentation en eau potable. Ce qui leur impose de se soumettre à la loi des vendeurs des citernes d'eau. Il y a également ce projet de camp de vacances composé de 200 cabanons. Un seul est à demi achevé sur l'ensemble du projet entamé en 2015 à Oued El Ghnem. Cette infrastructure aurait dû être mise à la disposition des estivants ou touristes en 2016. A vocation agricole, de pêche et touristique, cette commune attend depuis une dizaine d'années sa halle à marée. L'enveloppe financière a été pourtant dégagée. Cette infrastructure aurait pu fouetter le secteur socio-économique local avec ses 97 unités de pêches pour une production annuelle de 1.000 tonnes de poissons bleus, blancs et crustacés. Inexplicablement, les travaux de cette halle risquent de durer plusieurs autres années encore. A moins que la mise en demeure adressée récemment par la direction des équipements n'en décide autrement. Excédé par le laisser-aller flagrant, le wali a rappelé à l'ordre les responsables des structures défaillantes et a multiplié les mises en garde à l'adresse de ceux en charge des projets. Comme il s'est insurgé à la vue des nombreuses cartes d'identité biométriques en souffrance au siège de la commune. Mohamed Salamani a tenu à rendre hommage à deux anciens moudjahidine Guechi Youcef et Sayeh Messaoud. La position enclavée de leur commune au piémont de l'Edough et les sévices commis par l'armée et les colons français durant leur occupation de l'Algérie, ne les a pas empêchés, comme des milliers d'autres, de prendre les armes pour libérer le pays.