La propreté de l'environnement immédiat des lieux d'habitation, notamment dans les régions du Sud et des Hauts-Plateaux, constitue le meilleur moyen de prévention contre les piqûres scorpioniques, affirme le Dr Mohamed Rédha Saïdani, membre de la Commission nationale de prévention contre les piqûres scorpioniques. La prévention reste l'arme par excellence contre les envenimations scorpioniques, et ce, en veillant à l'éloignement des ordures ménagers des lieux d'habitation, la garantie d'un bon éclairage public et la réfection des trottoirs, a-t-il indiqué. Soulignant la nécessité d'encourager également les campagnes de collecte et d'élimination de scorpions, il a précisé que durant le mois d'avril la femelle peut donner jusqu'à 120 petits par semaine, d'où la hausse des cas d'envenimations durant l'été. L'Institut Pasteur d'Alger reçoit annuellement 50.000 scorpions grâce aux opérations de collecte qui permettent de produire suffisamment de doses de sérum anti-scorpionnique. Le Dr Saïdani a expliqué, à ce propos, qu'il n'existe sur le terrain aucun «remède ou produit pour lutter contre les scorpions et que le meilleur moyen pour faire face à cet animal nuisible est la sensibilisation des citoyens, préconisant l'organisation de cours sur la prévention contre les piqûres scorpioniques au profit des élèves des Hauts-Plateaux et du Sud ainsi que l'adoption d'animaux domestiques comme les volailles et les chats». Par ailleurs, il a rappelé les campagnes de sensibilisation organisées par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière en coordination avec l'Institut national de santé publique (INSP) et la Direction générale de la Protection civile, en deux phases : la première ayant concerné les wilayas de Batna, Biskra, M'sila et la deuxième les wilayas de Ghardaïa, Laghouat et Djelfa, des wilayas ciblées pour être les plus concernées par les piqures scorpioniques et celles qui enregistrent un taux élevé de décès. Ces campagnes ont permis la distribution de plus de 7.000 t-shirt pour sensibiliser les enfants aux dangers que de cet animal, d'autant que cette catégorie est la plus exposée avec 60% de décès. Le Dr Saïdani a fait savoir que le risque d'envenimation scorpionique, bien qu'existant toute l'année, atteint son apogées durant le mois de juillet, particulièrement entre 18h et 6h, une tranche horaire marquée par une hausse du mercure qui pousse le scorpion à rechercher la fraicheur dans les maisons. Au cours de la dernière décennie, le ministère de la Santé a enregistré 50.000 cas de piqûres avec un recul du nombre de décès grâce aux campagnes de sensibilisation, mais l'année 2017 a vu une augmentation de leur nombre du fait de la dégradation environnementale, les constructions anarchiques dans certaines régions, l'amoncellement des déchets ménagers près des lieux d'habitations outre la construction des cités entières au-dessus d'abris à scorpions sans études préalables et les comportements de certains citoyens. Tous ces éléments ont contribué, selon le ministère, à l'extension du risque de piqûres à certaines wilayas du nord, à l'instar de Tlemcen, Bouira et Tizi Ouzou. Rappelant que l'institut Pasteur a recensé 58 décès durant l'année 2017, le Dr Saïdani a expliqué que ces cas sont à déplorer car les victimes ne s'étaient pas rendues aux centres de prise en charge avant les trois premières heures suivant la piqûre de scorpion, ajoutant que certaines familles recourent encore à des moyens traditionnels, rendant la situation plus critique. Déplorant la difficulté que rencontrent les parties en charge de la prévention pour sensibiliser les mères de famille dans les zones concernées à la nécessité de protéger leurs enfants contre les piqûres scorpioniques, il a salué le rôle des mourchidates qui interviennent pour prodiguer des conseils à ces mamans ainsi que le rôle des mosquées dans la sensibilisation des citoyens. Durant l'année 2017, l'institut Pasteur a enregistré plus de 45.000 cas d'envenimations scorpioniques dont 41% d'enfants et adolescents âgés de 5 à14 ans, 29% âgés de 1à 4 ans, 12% de moins d'un an (-1) et 16% de 15 à 49 ans. Concernant les 58 décès enregistrés en 2017, la wilaya d'Adrar (région de Bordj Badji Mokhtar) vient en tête avec 10 décès, suivie par les wilayas de Tamanrasset avec 7 décès, d'Ouargla (même nombre), de Biskra avec 6 décès et El Bayadh avec 3 décès. L'Institut Pasteur a distribué, durant cette saison, 27.000 doses de sérum anti-scorpioniques, et ce, en fonction des besoins de chaque région, arrêtés par le ministère de la Santé, auxquels s'ajoutent 27.000 autres doses stockées.