Les manifestations contre les symboles du pouvoir continuent encore une fois pour le douzième vendredi consécutif. Les Algériens sont revenus pour le premier vendredi du mois de ramadhan dans les rues de la capitale Alger et dans plusieurs autres régions du pays pour exiger le départ de Abdelkader Bensalah. Ils ont bravé la chaleur et le jeûne pour affirmer leur détermination et réitérer leur revendication appelant à la rupture définitive avec le pouvoir en place, contesté depuis le 22 février, comme revendications principale constituante. Après les dernières attestations à la chaîne des hommes d'affaires et politiques par la machine judiciaire qui depuis un mois trime sans interruption, parfois dans l'opacité totales sans apporter de solution à la crise politique qui range le pays depuis plus de deux mois, les manifestants ont renouvelé leur promesse de poursuivre la lutte jusqu'au départ des tenants du pouvoir. La sortie de vendredi 10 mai affirmé l'attachement indéfectible des Algériens à leur liberté. Une masse collective s'est tôt le matin réunie au niveau de la Grande Poste, des affiches nuancées entre messages rendant hommage aux martyrs des évènements du 8mai 1945 et d'autres habituels à la situation actuelle du pays. Hommes et femmes étaient présents sur place ont observé une minute du silence à la mémoire des révolutionnaires algériens décimés par le colon français. « Leur combat nous inspire aujourd'hui pour aller jusqu'au bout pour libérer l'Algérie du terrorisme politique sont nous sommes victimes », nous indique Assil, qui fredonnait des chants patriotiques et hissait le drapeau national dans les aires que le vent faisait flotter dans tous les sens. Pour cette nouvelle journée de protestation sous le signe « Libérer le pays des truands et des détracteurs de la démocratie », la femme algérienne fidèle à ce rendez-vous hebdomadaire, semble manquer au nombre habituel de la foule. Une absence justifiée par le ramadan. Bien que le nombre de manifestants a diminué, mais la détermination est maintenue, la pression également. 14h00, après la prière du vendredi, les algérois rejoignent le lieu de la manifestation ou s'étaient réunis des centaines de manifestants, arrivés la veille à Alger, réclamant le départ immédiat du chef d'Etat Abdelkader Bensalah ainsi que le gouvernement constitué par Bedoui, largement contesté par le peuple. La mobilisation populaire ramadanesque a surpris certains esprits qui s'attendait à l'essoufflement du mouvement avec l'avènement du mois sacré et la hausse des températures. La rue a démontré le contraire et témoigne du degré de la persévérance et de la ténacité de l'Algérien. C'est loin des slogans brandi le matin par une manifestante qui appelle ses compatriotes à « être patient et persévérer afin d'arracher la victoire et se libérer des jougs de ce pouvoir ». C'est ce qu'ça écrit Faiza, militante indépendante pour les droits de l'homme. En dépit des blocages et des pressions policières les protestataires n'ont pas cédé. « Leur présence nous rassure ironise» , Kamel, argent d'administration à la retraite. « Vaut mieux en rire que s'énerver », ajouta-t-il. Peu à peu et sous un soleil de plomb, les manifestants tentent d'emprunter leur itinéraire habituel allant de la rue Didouche Mourad passant par le boulevard Amirouche et contourner le tunnel des facultés, fermé par la police. A l'approche des élections présidentielles, prévues le 4 juillet prochain, les manifestants semblent plus inquiets et déconcertés, notamment avec la succession des évènements ces derniers jours et la publication par la presse des dossiers édifiant sur la mauvaise gestion des dépenses publiques et la dilapidation des deniers publics. « Un mal profond range le pays, il faut l'extraire et l'excommunier avant qu'il nous consume », répliqua Me H. Rahim, juriste. 16h00 à quelques heures de la rupture du jeûne, la police tente de disperser les quelque centaines de personnes en colère qui s'étaient rassemblées à Alger centre. En plus d'exiger un changement radical du système politique en place, les manifestations ont protesté, en ce mois de piété, contre la vie chère. Des cris de détresse du citoyen algérien ont éclaté en cette douzième journée de contestation, démontant l'ampleur de la crise et du mal être des Algériens. « Il y a du chemin à faire, l'Etat a façonné l'algérien à sa façon. Tous victimes et tous coupables », balance Hadj Wali, appelant à l'assainissement au même temps que le pouvoir de la société algérienne. Après l'appel à la prière d'El asra, les gens commençaient à se disperser, avec la ferme conviction de sortir s'il le faut tous les soir durant ce mois. Une journée qui s'est achevée dans le calme et la sérénité. Ils se sont donné rendez-vous pour un iftar collectif, organisé en l'honneur des manifestants.