L'actualité est de nouveau dominée par les affaires de justice impliquant des hommes d'affaires et personnalités dénoncés, parfois directement, par les manifestants lors de leurs sorties du vendredi et par les étudiants aussi, le mardi, à travers le slogan que tout le monde connaît par cœur : « ya serraqine, khlitou el blad » (voleurs, vous avez pillé le pays). Hier, lundi, c'était au tour de Mahieddine Tahkout et des membres de sa famille, suspectés d'être impliqués dans plusieurs affaires liées à l'obtention d'indus privilèges, d'être mis en prison sur ordre du juge d'instruction près le tribunal de Sidi M'hamed (Cour d'Alger). L'homme d'affaires Mahieddine Tahkout ainsi que des membres de sa famille avaient comparu, dimanche après-midi, devant le tribunal de Sidi-M'hamed dans des affaires liées à l'obtention d'indus privilèges dans l'affaire liée aux œuvres universitaires et une autre affaire liée à la société Cima Motors. Des cadres de l'Office national des œuvres universitaires (Onou) et du ministère des Transports ainsi que du ministère de l'Industrie et de l'Agence nationale de développement de l'Investissement (ANDI), ont comparu à ses côtés. Certains d'entre eux ont été placés, eux aussi, en détention provisoire, à l'issue de leur comparution. L'ex-Premier ministre, Ahmed Ouyahia et l'ex-Wali d'Alger Abdelkader Zoukh ont comparu également devant le tribunal, mais aucune information n'a filtré sur le motif de leur convocation pour savoir, si c'est en tant que mis en cause ou témoins. Ces deux responsables avaient comparu, avec plusieurs autres, à la mi-mai devant le procureur de la République, dans le cadre de la poursuite des enquêtes concernant l'affaire de l'homme d'affaires, Ali Haddad. Par ailleurs, le Conseil de la nation tranchera le 19 juin prochain au cours d'une séance à huis clos, sur la question de la levée de l'immunité parlementaire de Djamel Ould Abbes et Saïd Barkat demandée par le ministre de la Justice. Depuis plus de deux mois, la Justice a convoqué de nombreux responsable dans le cadre d'enquêtes sur des affaires de corruption. Tout laisse croire que l'actualité algérienne restera encore marquée par les opérations de lutte contre la corruption et les procédures engagées pour le jugement de toutes les personnes impliquées dans des affaires de dilapidation de deniers publics, en réponse aux revendications majeures exprimées lors des manifestations populaires qui se déroulent chaque vendredi dans le centre de la capitale et plusieurs autres grandes villes du pays. Il y a moins de deux semaines, un communiqué du parquet général avait fait savoir qu‘en application des dispositions de l'article 573 du code de procédure pénale, le parquet général près la Cour d'Alger a transmis au procureur général près la Cour suprême, le dossier d'enquête préliminaire instruite par la police judiciaire de la gendarmerie nationale d'Alger, pour des faits à caractère pénal, à l'encontre des nommés: Zaalane Abdelghani, Tou Amar, Talaï Boudjemaa, Ghoul Amar, Benyounes Amara, Bouazgui Abdelkader, Djoudi Karim, Bouchouareb Abdesslam, Zoukh Abdelkader, Khanfar Mohamed Djamel, Sellal Abdelmalek et Ouyahia Ahmed. Les personnalités concernées- anciens Premiers ministres, anciens ministres et anciens walis- en raison de leurs fonctions au moment des faits, bénéficient de la règle du privilège de juridiction consacrée par la loi. Pour rappel, le procès de l'homme d'affaires et ex-président du Forum des chefs d'entreprises (FCE), Ali Haddad, poursuivi pour faux et usage de faux, et fausses déclarations, a eu lieu le 3 juin, au tribunal de Bir Mourad Raïs (Alger). Le procureur de la République du tribunal de Bir Mourad Rais a requis une peine de 18 mois de prison et 100.000 dinars à l'encontre d'Ali Haddad. Le verdict sera connu le 17 juin. Quant au procès de Kamel Chikhi, dit "El boucher" dans l'affaire des conservateurs fonciers, il a été reporté au 19 juin par le juge de l'application des peines près le tribunal correctionnel de Sidi M'hamed (Alger). Le Parquet général de la Cour d'Alger avait expliqué que la lutte anti-corruption "est inscrite au titre des priorités de la politique pénale que le Parquet veille à mettre en œuvre". Il avait également souligné qu'il tient à se conformer, au secret de l'enquête et de l'instruction, à la présomption d'innocence consacrée par la Constitution en son article 56 et à la réunion de toutes les garanties de défense à travers les différentes étapes de l'action publique.