L'annonce, la semaine dernière, du député Européen, Raphael Glucksmann, de la tenue, cette semaine, d'un débat sur la situation politique en Algérie, suivi d'une « résolution d'urgence », aurait lieu la semaine prochaine au Parlement européen de l'Union européenne, à Strasbourg, continue de susciter des réactions. Après les candidats à la présidentielle du 12 décembre prochain, tous unanimes, à dénoncer une velléité «d'ingérence étrangère» et «d'internationalisation de la crise algérienne», c'était au tour, hier lundi, de Nourredine Belmeddah, député, représentant de la communauté nationale à l'étranger. Assurant que la sortie de l'Euro-député, Raphael Glucksmann demandant, jeudi dernier, au Parlement européen, à Strasbourg, de programmer, pour cette semaine, une session sur la situation politique en Algérie suivie d'une « résolution d'urgence», est un non-événement pour les députés européens. «Les parlementaires européens n'étaient pas au courant de la tenue d'une session sur la situation en Algérie », a-t-il indiqué, hier lundi, dans un post publié sur sa page facebook. Affirmant que les députés européens étaient habitués à ce genre de production pour nuire à la stabilité de l'Algérie. «Les parlementaires européens estiment que Glucksmann ferait mieux de consacrer tous ses efforts, son temps et ses tweets à faire face à la répression des manifestants des gilets jaunes en France, ce qui devrait faire l'objet d'une session d'urgence du Parlement européen en raison des terribles images que le monde voit», note le représentant de la communauté nationale à l'étranger. Jeudi dernier, dans un post sur son compte Twitter, l'Euro-député français a dénoncé le silence du Parlement européen sur «un mouvement aussi massif, aussi exemplaire que le Hirak algérien». «Cette révolution ne brise pas un carreau et pourtant pourrait changer la face du monde méditerranéen», a-t-il écrit considérant que «ces manifestants sont vraiment admirables et la situation juridique (les arrestations massives, ndlr) est difficile, voire désastreuse, mais l'Algérie reste un pôle de stabilité dans la région ». Des millions de citoyennes et citoyens, a poursuivi l'Euro-député qui reproche au Parlement européen de tergiverser ou de garder le silence, manifestent depuis des mois, chaque semaine – et même plusieurs fois par semaine – pour la démocratie, la justice, la liberté et la dignité, juste là, de l'autre côté de la mer. «Et nous, si bavards sur tout ce qui se passe ou ne se passe pas à l'autre bout du monde, nous n'avions apparemment rien à dire sur l'extraordinaire mobilisation pacifique d'un peuple si proche, géographiquement, historiquement et culturellement. Comme si cette proximité nous rendait soudainement aphones », a-t-il écrit, accusant, au passage, « des lobbies liés aux intérêts étatiques » de bloquer un débat et une résolution sur la situation en Algérie, même si, dit-il, «tout le monde reconnaît que la question des arrestations de manifestants est désastreuse ». Les cinq candidats à l'élection présidentielle du 12 décembre ont, unanimement et fermement rejeté cette initiative de l'Euro-député socialiste français qui a, clairement, pris position pour le hirak, le mouvement de protestation contre le pouvoir en Algérie, en cours depuis neuf mois. Condamnant, à l'occasion, la démarche du Parlement européen. « Cet acte constitue une provocation manifeste à la veille des élections présidentielles», ont-ils indiqué, précisant que ce qui se passe en Algérie relève «exclusivement des affaires intérieures». Le peuple algérien est libre et n'acceptera aucune ingérence dans ses affaires intérieures par des parties extérieures, y compris les tentatives de l'Union européenne, a réagi le candidat Abdelmadjid Tebboune. La conjoncture actuelle, a, pour sa part estimé Ali Benflis, exige la mobilisation et la solidarité de tous, exhortant, au passage, les algériens à faire preuve d'unité pour défendre le pays. De son côté, le candidat Azzedine Mihoubi a considéré que le choix de cette date, la veille de la tenue du scrutin présidentiel en dit long sur leurs intentions malveillantes. « C'est une ingérence flagrante dans nos affaires internes », a affirmé Abdelaziz Belaid. Tandis qu'Abdelkader Bengrina a fait cas d'un «laquais au service de leurs maîtres qui ne souhaitent pas voir l'Algérie debout».