Pour cette troisième journée en douze jours, ils étaient des milliers à descendre hier dans la rue pour contester la réforme de retraite initiée par le gouvernement de M. Emmanuel Macron. Encadrés par huit syndicats, les manifestants ont sillonné les grands boulevards de la capitale française et dans l'ensemble des grandes villes françaises. A Paris, Lyon, Bordeaux et dans la Haute Loire, les manifestants sont décidés de ne rien lâcher jusqu'au retrait définitive de cette nouvelle réforme de retraite. De son côté, le gouvernement semble également décidé à ne pas faire marche arrière. «Nous avons été élus en 2017 pour apporter des réformes de fond », à indiqué Nadia Hai, députée de La République en marche de la 11ème circonscription des Yvelines. Pour sa part, le Premier ministre français M. Edouard Philippe a invité les partenaires sociaux à Matignon pour tenter de trouver un consensus. Cette réunion qui se tiendra aujourd'hui mercredi 18 décembre 2019 ne veut pas dire que le gouvernement se prépare à retirer la réforme car ce n'est pas possible a déclaré Aurore Bergé, porte-parole de La République en marche. Cette dernière ne mâche pas ses mots en ce qui concerne la mobilisation qui pourrait bloquer le transport ferroviaire pendant la fête de Noël et de la Sainte Sylvestre. Aurore Berger trouve que cet état de fait n'est que du chantage puisque selon elle, les syndicats veulent passer le message suivant : «Si vous ne retirez pas la réforme, les trains ne partiront pas», a-t-elle déclaré. Pour cette nouvelle journée de mobilisation, les syndicats sont descendus dans la rue mais divisés dans l'objectif. Pour la CGT, Force ouvrière, la CFE-CFC, Solidaires et la FSU, ils réclament le retrait pur et simple de cette réforme de retraite. Ce n'est pas le cas pour la CFDT, la CFTC et l'Unsa qui ne défileront non pas contre le principe d'une fusion des 42 régimes existants en un système universel, mais pour améliorer le contenu du projet. «Changer toutes les règles est suffisamment anxiogène pour ne pas ajouter des mesures financières dès 2022, a indiqué Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT. Ce dernier, trouve qu'il y a d'autres solutions de court terme, une hausse des cotisations, par exemple. Pourquoi est-ce tabou d'en parler, alors qu'il paraît tellement évident pour le gouvernement, de demander à ceux qui ont rempli leur contrat de travailler plus longtemps, a-t-il affirmé. Forte mobilisation dans la Haute Loire Avant le départ de la manifestation de la capitale prévu à 14h30, les syndicats du département de la Haute Loire se sont donnés rendez vous à 10h30 du matin. Ils étaient des milliers à rejoindre la place Cadelade avant que le cortège ne sillonne les artères de la ville du Puy-En-Velay. La manifestation a été très bien encadrée par les dirigeants des différents syndicats et par les forces de l'ordre. Au milieu d'une ambiance festive, les manifestants ont brandi des banderoles et ont scandés des slogans anti-réforme. «On ne lâche rien !», une chanson diffusée sur les hauts parleurs et répétées par la foule. Au milieu du cortège, les tambours, les trompettes et les sifflets raisonnent, on dirait que nous sommes dans les gradins d'un stade. Des prospectus ont été distribués sur lesquels nous pouvons lire : «Le gouvernement vient de présenter la pire des réformes, celles de toutes régressions sociales, nous exigeons son retrait». Sur le même prospectus distribué par les militants du parti communiste français (PCF), nous pouvons également lire : «La retraite par points, c'est point de retraite». Une intervention du secrétaire général du PCF a été également donnée sur ce tract. «Le gouvernement confirme sa volonté de passer d'une retraite calculée sur la base des trimestres travaillés à une retraite par point», a indiqué Fabien Roussel. Ce dernier devait ajouter que la baisse moyenne des pensions au cours des 20 prochaines années est estimée à 27% pour tous. La retraite minimum à 100 euros, c'est le seuil de pauvreté pour celui est celle qui a travaillé toute sa vie. Nous voulons la pension minimum au SMIC pour la carrière complète, a-t-il fait savoir. De son côté, le secrétaire général de la CGT43, M. Marsein a donné un discours rendant un hommage aux manifestants qui, depuis le 5 décembre sont mobilisés pour refuser la régression sociale. «Vous n'êtes pas tombés dans le piège du gouvernement qui cherche à diviser les salariés entre jeunes et vieux, entre public et privé, entre salarié et usager», a-t-il fait savoir. Ce dernier devait ajouter, je cite : «Vous avez compris que quand le gouvernement parle d'un régime plus juste, c'est en réalité un régime qui aggrave les inégalités qu'il nos propose, pour les femmes comme pour les hommes, pour les anciens comme les futures retraités». En conclusion, le secrétaire général de CGT43 a indiqué : «La CGT vous appelle tous à l'unité la plus large, à rester mobilisés, à tenir des assemblées générales et à préparer et à décider de la grève. C'est en l'élargissant en la généralisant que nous les ferons plier et que nous sauverons notre avenir», a-t-il, conclu. En somme, au moment où nous mettons sous presse, des milliers de manifestants défilent dans les quatre coins du pays. Des «casseurs» risquent de se faufiler dans les rangs des manifestants pacifiques pour troubler l'ordre public, a averti le gouvernement. A ce sujet, le préfet de police de Paris a rendu public un communiqué, invitant les responsables des commerces, débits de boissons et restaurants, installés sur le parcours du cortège intersyndical à fermer leurs établissements le temps de la manifestation. Il sera également interdit aux véhicules de stationner entre minuit et 20 heures sur l'itinéraire emprunté par les manifestants. Enfin, nous avons appris que la préfecture de police de Paris a décidé d'interdire l'avenue des Champs-Elysées aux «personnes se revendiquant des gilets jaunes». Un périmètre autour des Champs-Élysées a été également délimité, il comprend «la présidence de la République et le ministère de l'Intérieur». D'autres zones sont également interdites : «Les secteurs de l'Assemblée Nationale, de l'Hôtel Matignon, de la Cathédrale Notre-Dame de Paris et de la préfecture de Police.