Profiter de la crise sanitaire du Covid-19 pour reconstruire son plan stratégique et relancer sa productivité, c'est le défi que se sont lancés certains groupes industriels algériens. Ils ont engagé des moyens exceptionnels pour survivre à un contexte inédit. Le contexte conjoncturel ne semble pas refroidir les investissements des groupes industriels Saidal, Enie, Soremep, Acs ou encore Acina qui ont enregistré des taux de croissance significatif, à l'inverse de plusieurs autres entreprises étatiques fortement impactées par les retombées de la pandémie et la crise financière qui ont dégradé le climat des affaires. L'industrie pharmaceutique et parapharmaceutique a tiré son épingle du jeu et a maximisé les profits grâce à la hausse de production et au vente du médicament. Pour ces deux secteurs, la crise constitue un accélérateur pour la relance de plusieurs projets, et ce, malgré la pénurie importante que connaît le secteur du médicament. Certains industriels se sont lancés dans la fabrication des médicaments liés à la pandémie, comme des antibiotiques, antalgiques, anticoagulants, les bouteilles d'oxygène… etc., mais aussi des désinfectants. Ils ont pu «atteindre des niveaux record», selon le ministre de l'Industrie pharmaceutique, Lotfi Benbahmed qui a déclaré est revenu dans ses déclarations aux médias sur l'élan donné par les industriels au secteur pharmaceutique et parapharmaceutique. Après la polémique qui s'est déclenchée suite au manque de l'oxygène dans les hôpitaux, «trois opérateurs de ce domaine (Linde gaz, Air liquide et Calgaz) ont augmenté les capacités de production nationale à 320.000 litres par jour, en attendant l'homologation de deux autres producteurs», a-t-il indiqué, assurant, à ce propos, qu'«à la fin 2020, on compte des centaines d'opérateurs, y compris publics à l'instar de Saidal qui s'est lancé dans cette activité en avril dernier avec une capacité de production de 50.000 bouteilles/semaines à partir de son unité de Constantine». Les laboratoires de recherches et les scientifiques ont, eux aussi, surfé sur la crise. «Trois laboratoires algériens se sont lancés dans la production des moyens de dépistage contre la Covid-19 en vue de pallier à la pénurie des kits au niveau des établissements sanitaires publics. Pour relever ce défi, les laboratoires de recherche se sont vite organisés pour lutter contre le Coronavirus. D'autres se préparent d'ores et déjà à collaborer avec les centres de recherches étrangers, notamment, russes afin de fabriquer localement le vaccin anti-Covid-19 (SputnikV) choisi par l'Algérie. «Pour le vaccin contre le Coronavirus, certains opérateurs nationaux disposent déjà des installations nécessaires pour le conditionner localement et sont prêts à entamer cette activité dès sa mise en disponibilité en Algérie», a soutenu le Pr Benbahmed. Dans le même objectif, le holding ACS (public) a orienté sa stratégie vers le développement de toutes les solutions de désinfectants pour lutter contre la progression du Covid-19. Il a enregistré une croissance significative grâce à la coordination des activités entre différentes filiales du holding. Ses entreprises Enad Shymeca, l'Enap et Tonic Industrie ont tiré la croissance du groupe. Sur la même lancée, le groupe public Divindus, prévoit d'atteindre un chiffre d'affaires de près de 2 milliards de dinars pour 2020, par ses services dédiés à l'environnement (gestion et traitement des déchets ménagers et industriels) et près de 3 milliards de dinars avec les entreprises (informatique, conseil, études, formation), selon les estimations de son P-dg, Messaoud Zemmouri rapportées par l'APS. L'environnement actuel semble propice pour d'autres secteurs qui ont réussi à surmonter leurs difficultés et mettre en place une planification stratégique en ordre du marché. C'est le cas, en effet, de l'Entreprise nationale des industries électroniques (Enie) qui a misé sur les jeunes chercheurs algériens, impliqués dans la lutte contre la Covid-19, pour explorer de nouveaux horizons. L'entreprise qui a longtemps été étranglée par la crise financière a annoncé qu'«elle travaillait sur un autre projet pour la fabrication de respirateurs artificiels selon un modèle développé à partir d'une source ouverte mais améliorée par les ingénieurs de l'entreprise. Inversement à ces groupes et laboratoires de recherches qui s'illustrent face à la crise sanitaire, plusieurs autres entreprises publiques économiques (EPE) sont dans l'impasse financière. L'onde de choc risque d'être violente pour ces entreprises à l'instar de l'Eniem qui lutte pour sa survie, en comptant sur l'aide de l'Etat. Ce dernier prévoit un traitement particulier pour les entreprises en difficulté. Toutes les possibilités de financement sont envisagées comme la recapitalisation de ces entreprises via la Bourse ou par leur privatisation. Le gouvernement n'a pas dévoilé explicitement sa stratégie de soutien aux entreprises en crise.