Le Gouvernement va procéder à la révision de l'allocation chômage et de la liste des bénéficiaires, des salaires des travailleurs et des pensions de retraite, en adéquation avec les équilibres financiers, en vue de leur introduction dans la loi de Finances de 2023.C'est l'instruction donnée par le Président Abdelmadjid Tebboune, à l'entame du dernier Conseil des ministres. Le Président Tebboune avait donné la primeur de cette annonce à des représentants de la presse nationale qu'il avait rencontrés en avril dernier. Il avait alors tenu à leur faire savoir qu'«une augmentation des salaires et de l'allocation chômage interviendra d'ici la fin de l'année et entrera en vigueur début janvier 2023», le temps d'attendre «les résultats définitifs des recettes nationales devant être réalisées à fin 2022», avait-il expliqué. Au début de ce mois d'août, dans les mêmes circonstances, lors de sa rencontre périodique avec la presse nationale, le Président Tebboune a réitéré son engagement d'augmenter les salaires et l'allocation chômage, au regard «des recettes supplémentaires» engrangées par l'économie nationale. Il a évoqué, à cette occasion, la bataille menée actuellement par l'Etat qui est celle du recouvrement et de la préservation de la dignité du citoyen algérien. Le président de la République a précisé que ces décisions allaient être introduites dans le cadre de la loi de Finances 2023 à travers l'augmentation du point indiciaire ou des salaires directement à un niveau raisonnable. Il avait fait état, à ce propos, de «la possibilité d'augmenter les salaires à la faveur d'une seule décision ou de manière progressive tout au long de l'année», relevant toute l'importance de prendre «des mesures précises pour qu'il n'y ait pas de distribution de la rente qui contribuerait à la création de l'inflation». Le président de la République avait ajouté que les capacités dont dispose l'Algérie lui permettent de récupérer, à moyen terme, la valeur du dinar. Pour rappel, en 2022, l'amélioration du pouvoir d'achat a été rendu possible par la nouvelle grille indiciaire des salaires des fonctionnaires appliquée depuis le 1er mars, qui a permis une augmentation «significative» des salaires qui s'étend aux primes et indemnités mensuelles et non mensuelles. Lors de cette revalorisation des salaires, les récentes augmentations, pour appliquer le nouveau barème de l'Impôt sur le revenu global (IRG) à partir de janvier 2022, ont été prises en compte. Ainsi, l'augmentation des salaires opérée grâce à ces deux éléments (hausse du point indiciaire et réduction de l'IRG) a été en moyenne de 5.600 à 6.000 DA, pouvant atteindre parfois 10.000 DA. La suppression de l'IRG a concerné la catégorie touchant des salaires inférieurs à 30.000 DA. La révision du point indiciaire dans la Fonction publique a touché plus de 2,7 millions de fonctionnaires et agents contractuels dont 2,4 millions pris en charge dans le cadre du budget de l'Etat et près de 360.000 dans le cadre du budget des collectivités locales. La différence a été prise en charge par le Trésor. En parallèle, l'Etat a maintenu la politique d'aide sociale, la subvention des prix des matières premières, outre la prise en charge par le Trésor public de l'incidence de la hausse des prix de produits de consommation sur les marchés internationaux, en vue de préserver la stabilité des prix. Une enquête de l'Office national des statistiques (ONS) menée en 2019 auprès de 705 entreprises (484 entreprises publiques et 221 privées nationales de 20 salariés et plus, représentant toutes les activités hormis l'agriculture et l'administration), a établi que le secteur public affiche des salaires moyens plus élevés par rapport au secteur privé. L'ONS a expliqué cette disparité par la taille importante de certaines entreprises publiques et par leurs systèmes de rémunération avantageux. Il n'est pas évident que le secteur privé suive la tendance à l'augmentation des salaires entraînée dans le secteur public par les décisions du Gouvernement, encore moins dans le secteur informel qui n'obéit qu'à la loi du profit illicite. Enfin, les travailleurs et les retraités le constatent amèrement : à chaque augmentation des salaires et des pensions de retraite, et c'est valable maintenant pour l'allocation chômage, les prix des produits qui suivent prétendument la «loi du marché», montent en flèche et annulent l'effet des augmentations sur le pouvoir d'achat. Les services de contrôle du ministère du Commerce, dans l'Algérie nouvelle, devraient être plus rigoureux dans l'application de la loi.