L'eurodéputée espagnole Inès Ayala Sender, membre du PSOE et coprésidente de la Commission parlementaire mixte (CPM) Union européenne-Maroc, est aussi une grande amie du Maroc. Au cours d'un déplacement à Rabat en février 2018 pour entériner les accords de pêche et agricole entre l'UE et le Maroc, elle a déclaré que «le royaume jouit d'un statut de pionnier en matière de promotion de l'islam du juste milieu et ce, aussi bien dans le monde arabe que chez les communautés musulmanes en Europe». Quand on sait que le Makhzen infiltre toutes les mosquées européennes et ce que l'on doit à cet «islam du juste milieu» marocain en matière d'attentats, on ne peut qu'apprécier la clairvoyance de cette députée espagnole. Sa visite de «travail» s'est effectuée en présence d'Abderrahim Atmoun qui a bien certainement récompensé généreusement la délégation des parlementaires européens pour services rendus au Maroc en distribuant quelques «produits». Il n'y a pas que le Parlement européen qui est infiltré par les agents de la DGED de Mansouri. Toutes les institutions européennes, et même mondiales, car nous avons des exemples en Amérique latine, sont infiltrées par une 5e colonne qui travaille au profit du Maroc. C'est que l'argent issu du trafic de drogue est une manne inépuisable pour le régime marocain qui peut distribuer des enveloppes en veux-tu, en voilà. Ainsi, souvenons-nous de Philippe Moureaux, le bourgmestre PS de Molenbeek qui avait épousé une Belgo-marocaine et qui était complètement soumis au Makhzen. Nous lui avions consacré un article en 2014 déjà, intitulé «Comment le Makhzen contrôle l'immigration marocaine et infiltre les institutions». Latifa Aït-Baala, Belgo-marocaine, est députée bruxelloise MR (libéraux) dans la commune de Schaerbeek et, en tant que parlementaire bruxelloise, elle est rémunérée de 130 501,16 euros par an (2021), ce qui lui fait un salaire brut de 10 875 euros par mois. Cela ne l'empêche pas de faire des heures supplémentaires pour Yassine Mansouri en étant très active au niveau des institutions belges, européennes et internationales pour faire de la propagande en faveur de la «marocanité du Sahara». Elle est porte-parole depuis 2006 de la Coordination belgo-marocaine pour le Sahara marocain et secrétaire nationale de l'Alliance mondiale des Marocains de l'étranger (Amome), organisation qui prône la thèse du «Sahara marocain» et qui organise les commémorations annuelles de la «marche verte». N'oublions pas Hugues Bayet, ex-eurodéputé belge et actuellement député fédéral PS et par ailleurs «président du Comité belge de soutien au Sahara marocain» auquel nous avons consacré un article. Il apparaît qu'il a été chef de cabinet adjoint du député européen Marc Tarabella, aujourd'hui impliqué dans l'affaire de corruption du Qatar et du Marocgate, lequel va bientôt perdre son immunité parlementaire en même temps que Cozzolino. Francis Delpérée, ex-CDH, sénateur belge, président de l'association Les amis du Maroc, fondée en 2019 et qui rassemble quelque 150 personnalités belges et belgo-marocaines du monde de la politique, de la culture, des affaires et des médias, soutient l'initiative marocaine de son plan d'autonomie, comme tout le gouvernement belge actuel. Pour lui, cette nouvelle politique belge à l'égard du Maroc correspond à «un réveil de la Belgique». Ce Francis Delpérée, réputé pour être un éminent constitutionaliste et récipiendaire de récompenses honorifiques, et qui, par ailleurs, a été anobli par le roi, semble très enthousiaste concernant le plan d'autonomie ou plutôt le plan d'annexion du Sahara Occidental, car il étale son interview par 360.ma et vante les mérites de la proposition marocaine sur sa page Facebook. Lors de la soirée d'inauguration de l'ASBL (association sans but lucratif) Les amis du Maroc, il a déclaré que le Maroc retenait l'attention des membres de son association «à trois points de vue». Nous citons : la dimension du «Maroc politique» qui «ne peut nous laisser indifférent tant il apparaît comme un havre de paix dans le Maghreb et, plus généralement, en Afrique». Et puis «le Maroc économique» avec l'évolution du PIB et sur la croissance du commerce extérieur, notamment vis-à-vis de l'Europe et, spécialement, de la Belgique. Et enfin le «Maroc culturel». «Les collègues belges qui enseignent dans les grandes universités du royaume du Maroc peuvent témoigner des efforts qui sont accomplis en matière éducative. Les artistes qui œuvrent ici et là-bas au service de cultures millénaires sont là pour nous inciter à mieux nous connaître et à tirer profit de cette double expérience», a-t-il conclu. Les enveloppes ont dû pleuvoir devant ces louanges. On a vu plus haut que le Makhzen suit de près et tente d'influencer les décisions du Parlement européen. Le vote d'approbation du protocole entre le Maroc et l'Union européenne sur les accords de pêche de 2013 nous permet de voir qu'il n'y a pas que les socialistes qui ont succombé au chant des sirènes. C'est que les poulpes de Dakhla ont bien des attraits. En effet, l'ambassadeur marocain de l'époque avait adressé une lettre à certains interlocuteurs qu'il jugeait pertinents, c'est-à-dire malléables, comme les membres du groupe Alde (Parti de l'Alliance des libéraux et des démocrates pour l'Europe). La mission diplomatique s'est appuyée fortement sur le rôle prépondérant de ce qu'ils appellent «nos deux amis» au sein de l'Alde, les Belges Annemie Neyts, ancienne ministre Open VLD (libéraux flamands) et Louis Michel, ancien ministre des Affaires étrangères du parti MR. Ce dernier est le père de l'actuel président du Conseil européen Charles Michel. Parmi les amis du Maroc, nous pouvons citer Joseph Daul (président du PPE) et l'Allemand Elmar Brock (CDU) qui a présidé la commission des Affaires étrangères pendant la législature 1999-2004. Tous ont joué un rôle décisif dans l'accord de pêche UE Maroc, ainsi que l'Espagnol Ignacio Salafranca (PPE), et la Belge Frédérique Ries (Alde) déjà évoquée plus haut. Plus récemment, soit le 2 mai 2021, Louis Michel et Jacques Brotchi, ancien président du Sénat belge, MR, ont tous deux cosigné une tribune dans EUBriefs demandant à l'Europe de suivre l'administration Biden et de reconnaître la marocanité du Sahara Occidental, prétendant que «la proclamation de la République arabe sahraouie démocratique par le Front Polisario en 1976, soutenue par une Algérie en perte de vitesse, n'a pas eu l'écho espéré» et «nous nous acheminons lentement mais sûrement vers la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental, et ce, pour des raisons géographiques, politiques et géostratégiques. On le voit, les tentacules du Makhzen marocain s'introduisent partout où les failles d'honnêteté et de probité des politiciens et fonctionnaires se manifestent. Quand on ne peut appâter quelqu'un avec de l'argent, on essaie les pressions et le chantage, grâce au logiciel d'espionnage Pegasus. L'exemple le plus frappant est le revirement soudain de la politique de Pedro Sanchez dont le téléphone portable avait été piraté, en même temps que celui de sa ministre de la Défense. Et quand il n'y a pas matière à faire chanter, on a recours à des agents féminins, des barbouzes féminines qui n'ont rien de James Bond's Girls mais qui arrivent tout de même à leurs fins. Il est utile de rappeler que tout ressortissant immigré marocain conserve sa nationalité marocaine même s'il acquiert la nationalité de son pays d'accueil, et il est tenu de faire allégeance au roi du Maroc. Il en va de même pour les enfants d'immigrés marocains. Née de père marocain et de mère italienne, l'avocate Francesca Chaouqui a rejoint la commission des finances du Vatican en 2013 à la demande du pape François. Censée conseiller le pape et procéder à un lifting complet du service financier pour contrer les allégations de blanchiment d'argent et d'évasion fiscale au sein du Vatican, elle a surtout fait beaucoup parler d'elle en s'affichant sur les réseaux sociaux dans des poses assez suggestives et sans grand-chose sur elle, ce qui n'est pas tout à fait dans les habitudes vaticanesques. (A suivre…)