Le voilà intervenu à quelques encablures du Ramadhan, le remaniement que tout le monde attendait depuis que le président de la République, las des redites et des sorties médiatiques où il réitérait son insatisfaction et fort d'une perception de proximité des attentes citoyennes, s'est exprimé durement en Conseil des ministres et promis une réponse appropriée à ces carences humaines.Une réponse, faut-il le préciser, qui prouve encore, à force d'être éprouvée sur les trois précédentes années, que le président de la République a un style de gouvernance qui se fonde sur la communication utile et non déceptive, au sens où il est fort probable de le voir prendre la décision annoncée et/ou suggérée, cela même si on ne sait jamais, pour des raisons de confidentialité légitime, quand est-ce que cela doit intervenir. Quoi qu'il en soit, la veille du Ramadhan était un rendez-vous que la tradition politique a consacré comme un rendez-vous propice au changement, pour faire en sorte que les Algériens puissent espérer un renouveau de gestion adapté qui leur permette de passer un mois sacré dans la sérénité et la décence. C'est pour cette raison qu'ils sont nombreux les Algériens qui pensent que le principal changement intervenu au sein de ce remaniement a été le départ de Kamel Rezig qui, en sa qualité de ministre du Commerce et de la Promotion des Exportations, était identifié comme quelqu'un qui était proche du Président. Pourtant, à l'heure qu'il est, bien des ministres dits proches du Président ne sont plus en position de revendiquer ce statut ou cette place, les uns étant partis depuis longtemps, les autres venant de quitter leurs sièges ministériels, et ceux qui sont encore là ou venant d'arriver, risquent, s'il leur arrive de faillir dans leur mission, de connaître le même sort. De toutes les façons, le contrat établi au départ, c'est qu'il y a la chose publique qui doit être gérée d'une certaine façon et des résultats qui doivent être concrétisés de façon certaine, la rupture du contrat étant, en définitive, une réponse qui vient sanctionner l'absence de résultat. Cela a été le cas, semble-t-il, de la plupart des ministres qui ont quitté, ce jeudi écoulé, le Gouvernement supervisé par M. Aïmène Benabderrahmane, tels MM. Salaouatchi, Zeghdar, Beldjoud, etc. Mais à commenter le cas de ceux qui partent, on en oublie la pertinence d'aborder les profils de ceux qui arrivent, notamment ceux qui bénéficient d'un capital expérience remarquable et qui ont à leur actif un style et une personnalités propres. C'est le cas, notamment, de MM. Ahmed Attaf et Ali Aoun, les nouveaux ministres, respectivement, des Affaires étrangères et de l'Industrie et de la production pharmaceutique. Les deux opèrent, le second avant l'autre, un retour aux affaires politiques, après une période relativement longue de retrait. Ils ont en commun d'être de grands défenseurs des intérêts de l'Algérie et même si peut s'appliquer à beaucoup de responsables algériens, ces deux commis de l'Etat ont souvent tendance à agir dans le sens de leurs convictions et à s'aider en cela des moyens médiatiques pour mieux faire face à l'adversité qu'ils peuvent rencontrer sur le terrain. Ali Aoun nous a donné une idée de son style « va-t-en-guerre » face aux lobbies pharmaceutiques qui n'a dû alors que conforter le Président dans le choix qu'il avait fait pour ce poste et qui lui a valu aujourd'hui cette nouvelle nomination. Ali Aoun ne risque pas de décevoir à ce poste, car ses batailles, l'homme dont la carrière est derrière lui, le mène sur le terrain et a le don de mettre directement le doigt sur les plaies et d'indexer, au besoin, les personnes qu'il identifie comme responsables de quelque mot ou anomalie. Ahmed Attaf a pour lui son expérience incontestable aux Affaires étrangères, outre une capacité à faire face à l'adversité doublée d'une clairvoyance politique sur des dossiers tel que celui du Maroc. Il saura appliquer avec brio la politique extérieure du Président et il n'aura certainement à faire aucun effort pour embrasser les convictions du chef de l'Etat. Pour important qu'il est, le remaniement que le Gouvernement a connu ce jeudi, reste tout de même un maximum de changements voulu par une volonté qui entend maintenir la continuité et la stabilité gouvernementales, ces changements n'étant, après tout, que des moyens de renforcer davantage cette continuité, dans le cadre d'une politique et d'un programme qui semblent réussir aux Algériens à l'horizon d'une Algérie nouvelle que le Président comme les Algériens appellent de leurs vœux.