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Les six propositions de l'Algérie
Privilégier le dialogue au Niger pour éviter une déstabilisation régionale
Publié dans La Nouvelle République le 01 - 09 - 2023

Le Niger s'étend sur 1.267.000 km2, ayant une position géographique stratégique, partageant ses frontières avec sept pays, à savoir, l'Algérie 956 km, le Bénin 266 km, le Burkina Faso 628 km de frontière, la Libye 354 km de frontière, le Nigeria 1497 km de frontière, le Tchad une frontière de 1175 km et le Mali, 821 km de frontière.
La situation actuelle au Niger non maîtrisée pourrait conduire à une déstabilisation à la fois régionale mais également mondiale, devant éviter les expériences de l'Irak et de la Libye, expliquant l'initiative de l'Algérie autour de six propostions objet de cette présente contribution
1- Le poids économique de la Cédéao et les enjeux économiques du conflit au Niger
La Cédéao est composée de 15 membres à savoir, le Bénin, le Burkina Faso, la Cote d'Ivoire, la Gambie, le Quinée, la Guinée Bissau, le Liberia, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigeria, le Sénégal, la Sierra Leone et le Togo. En 2021, deux Etats membres ont été suspendus de la communauté à la suite de coups d'Etat, le Mali en mai, à la suite d'un deuxième coup d'Etat en neuf mois, et la Guinée en septembre. Le 3 juillet 2022, le Mali obtient la levée des sanctions financières et économiques de l'organisation, mais il reste suspendu des organes de la Cédéao qui accepte les deux ans de transition au Burkina Faso et la nomination de Thomas Boni Yayi comme médiateur pour la Guinée. Récemment suspendu, le Niger après le coup d'Etat ainsi que de l'organisation de l'Union africaine. La Mauritanie qui s'est retirée de la Cédéao depuis 2000 a plutôt choisi de rester en retrait, cependant, se dit « prêt à étudier toute demande de participation. Selon le FMI en janvier 2021, le produit intérieur brut global des Etats membres avec d'importantes disparités par pays s'élève à 686 milliards de dollars américains, le PIB PPA global des Etats membres s'élevant à 564,86 milliards de dollars ce qui en fait la 25e puissance économique mondiale. Pour quelques pays nous avons le indicateurs suivants : le Niger a un PIB de 14 milliards de dollars , un PIB par tête d'habitant de 545 dollars pour une population de 25 millions d'habitants ; le Bénin a un PIB de 17 milliards de dollars, un PIB par tête d'habitant de 1256 pour une population de 13 millions ; le Burkina Faso a un PIB de 19 milliards de dollars, un PIB par tête d'habitant de 732 dollars pour une population de 22 millions ; le Nigeria a un PIB de 447 milliards de dollars, un PIB par tête d'habitants de 2450 dollars pour une population de 224 millions d'habitants ; le Mali, un PIB de 17,8 milliards de dollars, un PIB par tête d'habitant de 816 dollars, la Mauritanie qui a un PIB de 9,96 milliards de dollars pour une population de 4,60 millions d'habitants et un PIB par tête d'habitant de 2165 dollars. La Côte d'Ivoire, une population de 27 millions , un PIB de 67 milliards de dollars et un PIB par tête d'habitant de 2420 dollars, la Gambie, une population de 2,6 millions, un PIB de 2,15 milliards de dollars, un PIB par tête d'habitant de 818 dollars, la Guinée 13,5 millions pour un PIB de 20,15 milliards dollars, un PIB par tête d'habitant de 1490 dollars, la Guinée Bissau une population de 2,06 millions, un PIB de 1,55 milliards de dollars et un PBI par tête d'habitant de 753 dollars ; la Sierra Leone une population de 8,14 millions, un PIB de 3,77 milliards de dollars, un PIB par tête d'habitant de 463 dollars, le Sénégal , une population de 17 millions, un PIB de 26,3 milliards de dollars, un PIB par tête d'habitant de 833 dollars ; le Liberia , une population de 5,19 millions, un PIB de 3,8 milliards de dollars, un PIB par tête d'habitant de 732 dollars ; le Togo une population de 8,6 millions, un PIB de 7,7 milliards de dollars , un PIB par tête d'habitant de 893 dollars, le Ghana une population de 31 millions, un PIB de 71 milliards de dollars, un PIB par tête d'habitant de 2259 dollars. Suite au coup d'Etat au Niger, le sommet de la Cédéao (y compris la majorité des pays occidentaux) a gelé toute coopération économique ce qui a induit un processus inflationniste, le risque d'une misère croissante avec le risque d'importants flux migratoires. Selon la Sous-Secrétaire général adjointe de l'ONU aux affaires humanitaires, 2,9 millions de personnes ont besoin d'aide humanitaire en 2020, une augmentation de 26% par rapport à 2019., la situation sociale restant précaire avec un taux de pauvreté extrême d'environ 42 % en 2021, soit plus de 10 millions d'habitants. Entre 1991 et 2021, le budget de la dette du Niger a varié entre 478,0 millions et 5,5 milliards de dollars et en 2021, dernière année évaluée, le montant a été de 5,46 milliards de dollars le plus élevé des 30 dernières années et rapporté au nombre d'habitants, cela correspond au Niger à un endettement de 216 dollars par personne.
2.-Eviter une intervention armée, source d'une déflagration régionale en privilégiant le dialogue : les six propositions de l'Algérie
La situation est complexe et à enjeux géostratégiques multiples où face à la situation au Niger, le sommet de la Cédéao qui a gelé toute coopération économique bien que privilégiant le dialogue, avant toute intervention militaire ce qui a accru le processus inflationniste et la misère au Niger devant s'attendre à d'importants flux migratoires. La position de privilégier le dialogue et la mise en garde contre toute intervention miliaire est partagée par l'Algérie dont la stratégie diplomatique et militaire est guidée par des principes fondamentaux hérités de sa longue histoire de libération nationale : la mise en place d'un dispositif de sécurité aux frontières et la restructuration des forces armées et de sécurité ; l'amorce de processus bilatéraux de coopération avec les pays voisins ; le développement d'un processus multilatéral à travers l'initiative des pays de Champ et la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats,. Car l'Algérie partage des frontières avec des pays instables où sa sécurité est posée dont la Libye 982 km, le Mali 1329 km, la Mauritanie, 461 km, le Maroc 1739 km, le Niger 961 km, la Tunisie 1010 km et le Sahara occidental 39 km. La sécurité de l'Algérie pourrait être touchée indirectement via le Mali et la Libye qui partagent des frontières communes à la fois avec le Niger et l'Algérie et les tensions risquent de s'exacerber car dans un communiqué commun le Burkina Faso, le Mali, ont affirmé qu'une intervention militaire au Niger , serait considérée comme une déclaration de guerre à leurs pays. C'est pour éviter une déflagration régionale avec de prolongements en Europe , notamment, que doit se situer l'initiative de l'Algérie. Le ministre des affaires étrangères dans une déclaration reprise par l'APS le 219 août 2023 a défini les six de sortie de crise du Niger proposée par l'Algérie avec pour l'impératif de prioriser la solution politique et d'écarter le recours à la force au regard des répercussions désastreuses que pourrait entraîner cette option sur la région toute entière. Premièrement, rejet de tout changement anticonstitutionnel au Niger, conformément aux exigences du cadre juridique africain qui interdit et rejette les changements anticonstitutionnels de gouvernement et exige le retour à l'ordre constitutionnel et au respect des institutions démocratiques du pays. M. Mohamed Bazoum demeurant le président légitime du Niger, appelant à lui permettre de reprendre ses fonctions. L'Algérie présentera lors du prochain sommet de l'Union africaine (UA) des propositions pour renforcer le principe du rejet des changements anticonstitutionnels ainsi que les mécanismes de sa concrétisation, d'autant qu'elle se considère la dépositaire politique et moral du principe du rejet des changements anticonstitutionnels de pouvoir en Afrique, lequel a été consacré sur sa terre lors du sommet africain de 1999.
Deuxièmement, la définition d'un délai de six mois pour la mise en œuvre d'une solution politique devant aboutir au rétablissement de l'ordre constitutionnel et démocratique au Niger, à travers la reprise de l'action politique dans le cadre de l'Etat de droit.
Troisièmement, l'impératif association et aval de toutes les parties au Niger, sans exclusion aucune, ces arrangements devant être conduits dans un délai ne dépassant pas les six mois, sous le contrôle d'une autorité civile, conduite par une personnalité consensuelle, acceptée par toutes les factions de la classe politique.
Quatrièmement, accorder les garanties adéquates à toutes les parties concernées dans la perspective d'assurer la durabilité de la solution politique et son acceptation de tous. Pour la mise en œuvre de ces arrangements politiques, l'Algérie entamera des contacts et des consultations approfondies avec toutes les parties concernées qui peuvent contribuer et aider au règlement politique de la crise ou soutenir les efforts fournis en ce sens. Cinquièmement, ces contacts seront engagés également avec toutes les parties concernées au Niger, avec les pays voisins, ainsi qu'avec les pays membres de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), particulièrement le Nigeria qui préside le groupe, en sus des pays qui souhaitent soutenir le processus politique de sortie de crise au Niger.
Sixièmement, l'Algérie se propose d'organiser une conférence internationale sur le développement au Sahel, dans le souci d'encourager l'approche de développement et de mobiliser les financements nécessaires à la mise en œuvre des programmes de développement dans cette région qui a cruellement besoin d'infrastructures sociales et économiques à même de garantir la durabilité de la stabilité et de la sécurité.
En conclusion, cette instabilité en Afrique, au Niger, n'oublions pas le Soudan est à replacer dans le contexte géostratégique turbulent de la région et les rivalités entre grandes puissances USA, Chine, Russie, Europe et certains pays émergents. Dans une note du Club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest, il est mis en relief que l'arc sahélien, sans compter le reste du continent, est riche en ressources, sel, or, pétrole, gaz, fer, phosphate, cuivre, étain et uranium autant de richesses nourrissant les convoitises de puissances. Ce qui explique les sommets réguliers, USA/Afrique, Chine/Afrique, Europe/Afrique, Japon/Afrique Turquie/Afrique. Selon les prévisions de la Banque mondiale, le PIB de l'Afrique, qui de 100 millions d'habitants en 1900, la population est passée à environ 275 millions dans les années 1950-1960, puis à 640 millions en 1990 et à 1,4 à 1,4 milliard en 2022 soit 18 % de la population mondiale devant abriter 25% de la population mondiale entre 2030/2040, devrait passer de 2980 milliards de dollars en 2022 à 4288 en 2027 soit une hausse de 43,89%, ces projections de croissance du FMI pour l'Afrique dépendent d'une série d'hypothèses qui peuvent se réaliser ou pas, bonne gouvernance dont la lutte contre la corruption, réformes, sous intégrations régionales, et stabilité politique. L'important étant de dynamiser la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Les défis collectifs nouveaux pour l'Afrique sont une autre source de menace ayant pour noms : les ressources hydriques, la pauvreté, les épidémies, la transition énergétique et la protection de l'environnement, la lutte contre les crises régionales et le délitement de certains Etats, le terrorisme, la prolifération des armes de destruction massive, la maitrise des cyber-attaques et des nouvelles technologies avec la révolution numérique avec le développement des drones sur le plan militaire. Ils sont d'ordre régional et global. Le continent Afrique, existant des Afriques et non une Afrique, face à un monde en crise en perpétuel mouvement, les mutations actuelles préfigurant un profond bouleversement mondial, avec le danger du réchauffement bien que l'Afrique est non responsable participant à moins de 5% des effets de serre au niveau mondial, sera ce que les Africains voudront qu'elle soit.
Professeur des universités, expert
international Abderrahmane Mebtoul


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