La restitution des biens historiques et symboliques de l'Algérie du XIXe siècle, qui ont été pillés par les Français durant l'occupation coloniale et qui ont été conservés dans différentes institutions françaises, dont des objets ayant appartenu à l'Emir Abdelkader, constitue une des préoccupations majeures exprimée côté algérien lors de la 5e rencontre que la commission algéro-française chargée du dossier de la mémoire a tenue du 20 au 23 mai 2024, au siège des Archives nationales à Birkhadem, à Alger. Dans une déclaration accordée à la Télévision algérienne, le président de la commission, Mohamed Lahcen Zeghidi, a précisé, à l'issue de cette rencontre, que des biens relevant de la souveraineté de l'Algérie vont être restitués de façon symbolique. Pour lui, il s'agit de concrétisation de toutes les actions et engagements ayant trait à la mémoire, notamment la restitution des archives et des biens spoliés. La partie algérienne a remis une liste de reliques de l'Emir Abdelkader, comme première demande : ses pistolets, des sabres, son burnous, une tente aussi. Les premiers sont au musée de Condé, au château de Chantilly. La dernière se trouve au musée de l'Armée, aux Invalides. Cela confirme l'importance que donne l'Algérie au dossier de la mémoire et de la récupération de tout son patrimoine historique et culturel qui se trouve à l'étranger sans exclusive. Ce dossier ne se limite pas aux archives ou au canon de Baba Merzoug qui se trouve à Brest en France, mais à des biens dont la liste a été établie par les responsables algériens concernés et portée à la connaissance de leurs interlocuteurs français. Des efforts ont été faits pour faire connaître le célèbre canon ''Baba Merzoug'' à travers un film documentaire (réalisé en 2021) sur cette pièce d'artillerie rare, et aussi par l'organisation de plusieurs conférences, en vue de rassembler la matière scientifique et académique à même d'appuyer les dossiers de la mémoire qui ont été examinés avec beaucoup de sagesse. Pour rappel, en 2023 l'ambassade d'Algérie à Berne a réussi à récupérer un fusil du 19e siècle qui était destiné à la vente aux enchères à Zurich, en Suisse. La question de la récupération du patrimoine historique et culturel, matériel et immatériel national à l'étranger, a nécessité le recensement de tous les éléments constitutifs de ce patrimoine et la mobilisation dans cette démarche de l'ensemble des acteurs des champs historique et scientifique sur la base d'une approche scientifique. En même temps, l'Etat s'est employé à cristalliser une vision juridique pour appuyer le dossier algérien de récupération du patrimoine historique et culturel. Il y a lieu de rappeler les efforts de l'Etat pour la récupération d'une importante partie des archives auprès de la France, dont 22 volumes de copies de documents diplomatiques couvrant la période coloniale (1954-1962), 600 documents historiques datant de la période ottomane et un manuscrit rare et de grande valeur dont s'était emparée l'administration d'occupation française en 1842, après une attaque contre l'Emir Abdelkader dans les montagnes de l'Ouarsenis.