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La mise en place prochaine d'une société néocoloniale en France
Coalition idéologique anti-algérienne, lepénisation, remigration
Publié dans La Nouvelle République le 26 - 10 - 2024

A la faveur du conflit militaire à Ghaza du 7 octobre 2023, de la mort du jeune Thomas Perotto à Crépol, le 19 novembre 2023, du vote sur la loi immigration du 26 janvier 2024 qui proposait de porter atteinte au droit du sol à l'Assemblée nationale et surtout de la séquence des élections européennes du 9 juin 2024 puis des législatives anticipées du 30 juin – 7 juillet 2024 où l'on n'a pas hésité à parler de fin de la double nationalité, l'extrême-droite française et la droite réactionnaire ont pu poser de nouveaux jalons pour mettre en œuvre leur projet de société néocoloniale en France.
Eric Zemmour a été l'une des pièces maîtresses du projet de conquête du pouvoir par la droite extrême via une bataille idéologique en direction de l'opinion publique, jusqu'à la convergence politique de toutes les droites. Finalement, il n'aura réussi que dans les premières phases de son mandat.
Il a d'abord servi à détourner l'attention de l'opinion publique et des classes populaires du rôle des milliardaires et du jeu trouble des sionistes dans le délitement de la république et de la nation françaises en diabolisant les Musulmans, les Maghrébins et les Algériens en particulier, dans une surenchère raciste inédite depuis les années 30.
Il a ensuite grandement participé à créer une ambiance irrespirable en France en annonçant une guerre civile inévitable et imminente en France entre les Français de souche catholique et les Musulmans.
Il s'est posé en idéologue en chef du projet de société néocoloniale, voire crypto-israélienne dans son cas, comme seul remède à même de sauver la France de la guerre civile.et a fait progresser l'idée de la « remigration » comme solution pour y échapper, jubilant à l'avance en bon fils revanchard de juifs pieds-noirs de pouvoir faire vivre aux Maghrébins et aux Algériens en particulier un « exode des pieds-noirs » à l'envers. Le nom de son parti, Reconquête, clairement inspiré de la Reconquista espagnole, est un clin d'œil à son objectif de contribuer à l'exode massif des Musulmans et des Maghrébins de France, la fameuse « remigration », qu'il rêve d'étendre à toute l'Europe.
Enfin, il s'est fait le chantre de la fusion de toutes les droites autoritaires pour mettre en place la société néocoloniale ou crypto-israélienne en rêvant que son parti devienne le « trait d'union » entre l'extrême-droite, les Républicains et les courants de droite soutenant aujourd'hui Emmanuel Macron mais qui s'ouvriront à de nouvelles alliances avec la fin du second mandat de celui-ci. C'est là son seul échec, acté au niveau de ses mentors puisqu'il semble que ce rôle soit désormais dévolu à un vrai « politique », Eric Ciotti.
Les courants de droite dure au sein des Républicains et de la coalition présidentielle se préparent à rejoindre
la future coalition d'extrême-droite
Au sein des Républicains, Eric Ciotti a déjà emmené les 30 premiers dissidents de la droite raciste crypto-OAS du Sud-Est de la France, marquée idéologiquement par leur électorat pied-noir revanchard et haineux à l'égard des Maghrébins et des Algériens en particulier, dans une coalition avec le Rassemblement National au cours de la séquence des élections européennes puis des législatives de 2024, croyant que le moment était déjà arrivé. Mais il s'est heurté à la résistance du gros de l'appareil du parti des Républicains.
Ce n'est vraisemblablement que partie remise avant que le courant des racistes en col blanc qui travaille à faire basculer le centre de gravité des Républicains vers l'extrême-droite, emmené par Bruno Retailleau, ne rejoigne la coalition des droites, au sein du nouveau parti UDR ou un autre appareil, au cours des prochaines années.
Au sein de la coalition présidentielle, deux courants attendent leur heure : le premier courant est constitué des faux-nez centristes de l'extrême-droite catholique intégriste, vent debout contre l'Islam, héritiers de l'organisation Occident des années 70. Certes, les Gérard Longuet, Alain Madelin, François Léotard ont disparu depuis longtemps du paysage politique, mais Philippe de Villiers revient sporadiquement sur le devant de la scène pour continuer à diffuser son racisme enrobé de vernis historique et ses procès d'intention permanents à l'égard des musulmans et pour faire le lien avec l'oligarchie administrative et militaire le moment venu, notamment via son frère Pierre de Villiers, ancien chef d'Etat-major. Il puise ses éléments de langage aux mêmes sources que son ami Eric Zemmour avec une méconnaissance toute aussi abyssale du sujet : plan d'invasion volontaire de l'Europe par la pression démographique des Maghrébins et des Musulmans comme au 8ème siècle, volonté de transformer les Européens de souche en dhimmis, Islam religion fasciste, Musulmans = islamistes duplices pratiquant la taqiya = ennemis de la nation française = terroristes en puissance, et autres thèses grotesques.
Le second courant de la coalition présidentielle est constitué de la droite dite républicaine qui reprend les thèses et les propositions de l'extrême-droite tout en prétendant la combattre. Ce courant est l'objet d'une dispute entre Gérald Darmanin et Edouard Philippe qui croient à leur destin présidentiel après le mandat d'Emmanuel Macron et se rallieront à la coalition de droite dure ou feront sa politique le moment venu.
II. L'Establishment français revient à son tropisme colonial et dérive vers la droite extrême
1. L'autoritarisme et le néocolonialisme, maladies congénitales de l'Establishment français
Aujourd'hui, comme à plusieurs reprises dans l'Histoire troublée de la République française, une majorité des états-majors de l'armée, des forces de sécurité (police et gendarmerie), des services secrets et certainement de la diplomatie, ce que l'on appelle l'Establishment, ont basculé dans un projet de société autoritaire, cette fois-ci une organisation néocolonialiste en France même.
A cet égard, l'Establishment ne fait que revenir à son habitus colonialiste, pleinement assumé de 1830 aux Indépendances des colonies dans les années 1950- 1960, puis poursuivi de manière plus déguisée après les Indépendances jusqu'à aujourd'hui via sa politique néocoloniale en Afrique. Simplement, il compte installer ce type de sociétés en France même, selon le plan détaillé plus loin.
Rappelons tout d'abord qu'à côté de la tradition républicaine avec sa devise Liberté, Egalité, Fraternité sur le territoire français, la France a pratiqué l'inverse dans son Empire colonial durant plus de 130 ans.
Dans les colonies, l'Establishment administratif, policier, militaire voire enseignant a collaboré étroitement pour maintenir une domination raciste et brutale sur les populations indigènes. Et la communauté
des « colons » français, comme leur nom l'indique, participait activement au système colonial d'inégalités entre le citoyen français et l'« indigène ». Ce système soumettait les communautés et les individus du pays aux meurtres, aux brutalités impunies, aux expropriations, aux confiscations de terres et de richesses, aux sanctions administratives individuelles et collectives, c'est-à-dire que les fonctionnaires français ou leurs auxiliaires locaux pouvaient décider de sanctions selon un régime préétabli de règles ne s'appliquant qu'aux indigènes sans intervention d'aucune forme d'autorité judiciaire (comme l'infâme Code de l'indigénat, mis en place dans tout l'Empire et aboli en Algérie en 1937 uniquement, qui allait même jusqu'à exiger une autorisation administrative pour se rendre d'une ville à une autre), ainsi qu'un tissu d'inégalités sournoises écrites ou non écrites dans l'accès à l'éducation, à la nourriture, notamment en tant de guerre, aux crédits bancaires, à l'impôt, à la propriété, à la santé, aux postes administratifs, à la représentation politique, etc.
Mohsen Abdelmoumen


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