La situation est restée tendue, jeudi, en Amérique latine, particulièrement au Mexique où la Banque centrale est massivement intervenue pour empêcher la dégringolade du peso, même si la bourse de Buenos Aires, sérieusement malmenée mercredi, semblait, jeudi, avoir retrouvé son calme. La Banque centrale du Mexique a injecté, jeudi 1,4 milliard de dollars sur le marché pour tenter d'enrayer la chute du peso, ce qui n'a pas empêché la monnaie mexicaine d'atteindre un nouveau plancher record à 13,80 pour un dollar. La Banque centrale a reconnu avoir déjà injecté plus de 12 milliards de dollars, soit 15% de ses réserves en devises, pour tenter de maintenir à flot le peso mexicain. Ce dernier a commencé à se déprécier de façon significative à la fin du mois de septembre. La Bourse de Mexico n'a pas échappé à la morosité ambiante et a terminé en baisse de 5,26% après la chute, de plus de 7%, enregistrée la veille. La situation n'était guère plus favorable au Brésil, où la Bourse de Sao Paulo, première place financière d'Amérique du sud, a, une nouvelle fois, clôturé jeudi en forte baisse (-3,57%), dans le sillage des bourses mondiales, après une séance très volatile. Face aux craintes de récession mondiale, le principal indice, l'Ibovespa, avait dégringolé, mercredi, de plus de 10%. La bourse brésilienne a déjà perdu plus de 45% depuis le début de l'année. En revanche, le real a interrompu, jeudi, une série de baisses consécutives et s'est apprécié de 3,25%, à 2,30 reals pour un dollar, contre 2,38 la veille, grâce à des interventions de la Banque centrale. Au-delà de l'impact sur les marchés, l'Amérique latine redoute aussi, et surtout, les conséquences sur l'économie réelle et sur la demande de matières premières dont elle est un des principaux producteurs mondiaux. Le Pérou, grand exportateur de minerais, a commencé à faire ses comptes et les experts s'attendent, déjà, à un ralentissement en 2009, après une croissance record de 9% attendue cette année (8,9% en 2007). La crise a, en revanche, fait une pause en Argentine, où la Bourse de Buenos Aires a terminé en hausse de 2,43%, après avoir d'abord ouvert en baisse de 0,93%. La veille, elle avait cédé à la panique, perdant plus de 10%, au terme d'une journée particulièrement tendue. L'indice Merval avait dégringolé de plus de 16% en cours de séance, la Bourse rejetant, en bloc, la nationalisation prochaine des caisses de retraite privées, annoncée le même jour par la présidente argentine Cristina Kirchner. Ce vent de panique avait, également, soufflé en Espagne, où la bourse de Madrid a perdu plus de 8% mercredi, entraînée dans sa chute par les sociétés implantées en Argentine, comme le groupe pétrolier Repsol-YPF, ou de télécommunications Telefonica. Madrid est restée dans le rouge, cédant 2,05% à la clôture, après une baisse de 4,57% à la mi-journée, une nouvelle fois entraînée à la baisse par les titres de ses sociétés présentes en Argentine. Le président du patronat espagnol, Gerardo Diaz Ferran, a manifesté son inquiétude en soulignant que la situation en Argentine était “mauvaise” pour les entreprises espagnoles. Le gouvernement argentin avait, dès mercredi, reçu les représentants d'entreprises espagnoles pour les assurer de la continuité de la sécurité juridique en Argentine. Le gouvernement espagnol a, de son, côté indiqué jeudi “être en contact” avec son homologue argentin pour “défendre les intérêts” de ses entreprises.