La crise économique mondiale qui se profilait au départ comme une récession économique, est en train de virer à la dépression. Chaque jour, depuis le début du commencement, apporte son lot de panique boursière et le consensus se fait de plus en plus fort sur la nécessité, outre de gérer une crise qui n'a pas encore touché son véritable fond, de réformer le système financier international. Les appels à cette action qui pourrait remettre en cause tous les principes de Bretton Woods de 1945, se font de plus en plus pressants et l'on voit mal les Etats-Unis s'opposer, à terme, à ce dernier recours, surtout que la Chine, futur grand pourvoyeur de capitaux pour sauver le navire financier de la planète, n'a pas manqué d'être du même avis. Vendredi noir. C'est le terme employé pour qualifier la débâcle boursière de ce vendredi écoulé, alors que l'on s'attendait, après tous les efforts financiers consentis par les Etats, les nationalisations et autres mesures pour endiguer la vague de défiance des épargnants et des investisseurs, à un redressement de la situation. Aujourd'hui, forts de la conviction que la crise économique, née de celle des subprimes, creuse des racines plus profondes qu'on le pense dans le système financier international, les grands pays industrialisés ont entamé une série de rencontres en vue d'une concertation plus élargie sur les réformes qui doivent toucher l'économie internationale. Cela surtout que l'économie réelle commence à être affectée par l'absence de fonds sur les marchés financiers. Le secteur de l'industrie automobile américain et européen a très mal réagi à cette situation et l'on assiste, impuissants, à des compressions d'effectifs, des mises en chômage technique, des fermetures pour défaut de fonds de roulement, des révisions des objectifs de production et de vente. Les français Renault, Peugeot, le Suédois Volvo et le géant General Motors et néanmoins numéro 1 mondial ont été les premiers d'une liste qui risque de devenir beaucoup plus longue et d'intégrer plusieurs autres secteurs d'activités. Devant ce vent de panique qui a soufflé ses rafales les plus violentes ce vendredi 24 octobre où l'on a craint le pire, les appels à une profonde réforme du système financier international se sont succédé et ce qui est qualifié, en termes de mobilisation et de veille financière, d'état d'alerte, ne sera pas levé de sitôt, car le risque d'une grande dépression est une éventualité à classer dans l'ordre du probable, surtout que la crise gagne du terrain chaque jour un peu plus et tend à une mondialisation, au demeurant prévisible. Hier, la Chine dont le rôle déterminant dans le sauvetage de la finance mondiale est très attendu, a abrité, dans sa capitale, Pékin, le sommet Asie-Europe auquel ont pris part pas moins de 43 nations. Un sommet qui devait permettre une concertation urgente sur les voies et moyens de sortie de crise et où toutes les voies présentes ont appelé unanimement à une profonde réforme du système économique mondial. A l'issue de cette rencontre, le Premier ministre chinois, Wen Jiabao a saisi cette occasion pour donner le ton aux attentes économiques, les siennes et celles de ses invités, mais également à la vision chinoise de ce que doit être une économie libre dans un cadre mieux régulé. Le Premier ministre chinois a, à ce titre, déclaré que «nous avons besoin d'innovation financière pour mieux servir l'économie, mais avons encore plus besoin d'une plus grande régulation pour assurer la stabilité financière.» Le Premier ministre chinois a par ailleurs ajouté une observation d'où se dénote aisément le désaccord doctrinaire chinois par rapport à l'économie hyper libérale : «L'économie virtuelle doit être coordonnée avec l'économie réelle.» Toujours à Pékin, le président français, qui avait été le premier chef d'Etat occidental à appeler, dès la survenue des premiers signes de la crise financière, à une réforme du système économique mondial, a profité de ce forum pour annoncer d'imminents changements à l'horizon du très attendu sommet du G20 prévu à la mi-novembre à Washington. Il faut noter que cette assurance affichée par les différents intervenants au forum de Pékin, quant aux perspectives de réforme, n'est rien d'autre que le fait du poids que représentaient les 27 pays de l'Union européenne et les 16 pays d'Asie présents, et il s'agit de 60% du PIB mondial. Cette dérive de la crise qui tourne à la tornade planétaire est en train de balayer du plus près au plus lointain, commençant par le corps financier qui lui a donné le jour, à savoir les places boursières, puis les banques, pour ensuite toucher les entreprises économiques. Aujourd'hui, la crise commence à affecter les Etats et c'est en cela qu'elle risque de devenir un phénomène absolument irréversible. Un pays comme l'Islande qui avait fondé toute son économie sur l'activité bancaire, se retrouve en faillite, alors que des pays émergents pourraient commencer à s'en ressentir, tels que le Brésil, l'Argentine, l'Afrique du Sud, la Turquie , le Mexique, etc., alors que d'autres comme le Pakistan, la Hongrie , etc., se trouvent déjà engagés, du fait de cette crise, dans des procédures de demande de prêt auprès du FMI et de la Banque mondiale. Cette symptomatologie de la crise qui elle-même une crise à part entière, a poussé le secrétaire général des Nations unies à tirer la sonnette d'alarme pour rappeler que devant cette crise qui touche les plus grands, il y a des pays qui n'ont rien fait pour qu'elle arrive et qui risquent de faire les frais des conséquences internationales de cet effondrement économique mondialisé. Cela dit, c'était pour appeler à une solidarité mondiale face à ces pays pauvres qui pâtissaient, hier, de la flambée des prix de l'énergie et des denrées alimentaire, et qui subissent aujourd'hui les contrecoups d'une crise financière dans laquelle ils n'ont joué aucun rôle. C'est dans l'optique d'amortir le choc de la crise pour les pays les plus touchés par la crise et également les plus pauvres, qu'il est prévu, dans le cadre de la dynamique de réforme du système financier international, d'accompagner celle-ci par un rôle déterminant du Fonds monétaire international et autres institutions financières internationales, dont les conditions d'octroi des prêts devraient être assouplies. Les pays du Golfe n'étaient pas en reste, hier, eux qui ressentent les effets de la crise financière au niveau de leur place boursière commune. Réunis à Riyad, les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales des six pays du Golfe ont devisé sur les voies et moyens de sortie de crise, en vue démettre des propositions communes en direction des 20 pays les plus riches du monde au sommet du G20. Le sommet de Pékin, qui constitue l'événement le plus important et semble-t-il aussi le plus déterminant en matière d'annonces dans le sens d'un règlement ou du moins d'une résorption de cette grave crise financière qui frappe le monde, depuis que l'on a commencé à en parler, semble avoir situé les véritables enjeux de sortie de crise de même qu'il a fixé comme date-clé, celle de la tenue du prochain sommet de Washington où tout peut se décider, si d'ici à ce rendez-vous, le monde de la finance international reste sur ses pieds. Mais en tout cas aujourd'hui, plus que le système financier international, c'est l'économie réelle, qui commence à se ressentir de la crise mondiale, qu'il est question de sauver.