Le moral des industriels français a touché un nouveau plus bas en novembre, chutant à 80 points, son plus faible niveau depuis septembre 1993, ce qui laisse augurer d'un nouveau ralentissement de l'économie dans les prochains mois, selon l'Insee. «Selon les chefs d'entreprises, interrogés en novembre, la conjoncture industrielle s'est, de nouveau, nettement dégradée : l'indicateur synthétique du climat des affaires recule de sept points et se situe, désormais, à son niveau le plus bas depuis septembre 1993», explique l'Insee, mardi, dans un communiqué. «A 80 points, l'indicateur est inférieur de 20 points à sa moyenne de long terme, ce qui est colossal. Pour mémoire, l'année passée, à pareille époque, le compteur affichait 110 points», rappelle Alexander Law, du cabinet Xerfi. «Toutes les composantes de l'enquête (...) connaissent une détérioration importante, parfois d'une ampleur inégalée depuis la création de l'enquête», fait, quant à elle, valoir Frédérique Cerisier (BNP Paribas). Le moral des industriels n'a cessé de se dégrader depuis décembre 2007. En octobre il était déjà au plus bas depuis décembre 1993, à 87 points (chiffre révisé en baisse d'un point). «Au vu des perspectives personnelles de production», qui sont «à leur plus plus bas niveau historique», «le ralentissement de l'activité se poursuivrait au cours des prochains mois», ajoute l'Institut national de la statistique. Les perspectives générales, qui représentent l'opinion des industriels sur l'activité de l'industrie, dans son ensemble, continuent aussi de se replier. Les chefs d'entreprises anticipent, également, un ralentissement des prix au cours des prochains mois. Une conséquence de «l'effondrement des cours de certaines matières premières industrielles», explique Alexander Law. «Difficile, dans ces conditions, d'imposer des hausses de prix qui seraient, pourtant, les bienvenues pour soulager des marges souffreteuses», souligne-t-il. Dans l'industrie manufacturière, les stocks de produits finis continuent de s'alourdir et les carnets de commandes se dégarnissent de nouveau, note l'Insee. Pour Alexander Law, «l'industrie française souffre du malaise de son secteur automobile», qui traverse un «calvaire». Les entrepreneurs de ce secteur, interrogés par l'Insee, estiment que leur activité a encore reculé et qu'elle devrait chuter à nouveau au cours des prochains mois. Au total, l'enquête de l'Insee «fait froid dans le dos» et est «particulièrement déprimante», estime Alexander Law, pour qui «l'industrie est en train de payer un lourd tribut à la crise». «Dans ces conditions, sauf divine surprise sur le front de la consommation des ménages, il sera bien difficile d'éviter une baisse du PIB» au quatrième trimestre. Pessimisme partagé par Frédérique Cerisier, pour qui, «après avoir fait preuve d'une certaine résistance au troisième trimestre, l'activité devrait connaître une nouvelle contraction fin 2008, qui se poursuivrait l'an prochain» avec un «repli de l'activité (qui) atteindrait 1,1%».