Le géant automobile japonais, Toyota, a annoncé, lundi, qu'il subira la première perte d'exploitation de son histoire lors de l'exercice 2008-2009, en raison de l'effondrement du marché mondial qui entraîne, pour le groupe, «une situation d'urgence sans précédent». Pour les douze mois d'avril 2008 à mars 2009, Toyota devrait réaliser un déficit d'exploitation de 150 milliards de yens (1,22 milliard d'euros), le tout premier depuis que le groupe a commencé à publier des résultats, en 1940. «L'environnement qui nous entoure est, de plus en plus, rude et difficile. C'est une situation d'urgence sans précédent», a déclaré le PDG de Toyota, Katsuaki Watanabe, lors de sa traditionnelle conférence de presse de fin d'année, à Nagoya, le fief du premier constructeur nippon dans le centre de l'archipel. Fait sans précédent, M. Watanabe s'est abstenu d'annoncer, à cette occasion, toute prévision de production, ou de ventes, pour l'année prochaine. «Les marchés changent chaque semaine, voire chaque jour. Malheureusement, nous ne pouvons faire aucune prévision à ce stade», a-t-il expliqué. Pour la deuxième fois, en moins de deux mois, Toyota a, drastiquement, sabré ses objectifs de bénéfices et de ventes pour 2008-2009, évoquant la flambée du yen, face au dollar et à l'euro, et la dégradation du marché automobile mondial. Début novembre, Toyota avait, déjà, ramené sa prévision de bénéfice net annuel de 1 250 milliards de yens à 550 milliards. Lundi, cette prévision a, encore, été divisée par plus de dix, à seulement 50 milliards (410 millions d'euros). Pour l'exercice en cours, le constructeur ne compte plus vendre que 7,54 millions de véhicules dans le monde, soit 15,4% de moins qu'en 2007-2008. Début novembre, Toyota tablait encore sur des ventes de 8,24 millions d'unités. Toujours pour l'exercice en cours, les ventes de Toyota en Amérique du Nord devraient dévisser de 26,7%, sur un an, celles en Europe de 19,0% et celles au Japon de 8,1%. Maigre consolation : les ventes du groupe, pour l'année calendaire 2008, ne devraient chuter «que» de 4%, à 8,96 millions de véhicules, ce qui confirmera, probablement, sa place de premier constructeur automobile mondial, devant l'américain, au bord de la faillite, General Motors. Les difficultés de Toyota constituent un traumatisme national pour le Japon. Le constructeur, première entreprise du pays, faisait, jusqu'à récemment, surtout parler de lui pour ses succès commerciaux écrasants à l'étranger, ses investissements colossaux et l'efficacité de son système de production. «Il est symbolique qu'une entreprise comme Toyota, qui représente le Japon, subisse une perte», a commenté Yasuaki Iwamoto, analyste chez Okasan Securities. «Toyota n'est pas seul. Tous les constructeurs se demandent quand ils toucheront le fond de cette situation de marché anormale», a-t-il ajouté. Le PDG de Toyota a annoncé des réductions de production dans la plupart des usines du groupe. Il a confirmé que la construction de sa nouvelle usine, dans le Mississippi (Etats-Unis), allait être interrompue sine die. Il a, en outre, indiqué que la deuxième usine que Toyota compte édifier près de Bangalore (Inde) aura une capacité moins grande que prévu. De plus, les investissements du groupe passeront, l'an prochain, sous la barre des 1 000 milliards de yens. «Notre entreprise a décidé soit de reporter, soit de réévaluer, presque tous les projets visant à augmenter notre production, ou à construire de nouvelles usines», a indiqué M. Watanabe. Le PDG a assuré que Toyota allait opérer un «retour aux sources», dans le but de renouer avec un résultat d'exploitation positif en 2009-2010. «Cette crise est d'une nature différente des autres. Mais, en écoutant nos clients et nos concessionnaires, nous serons capables de la surmonter et de créer un nouveau Toyota, fort et flexible», a-t-il affirmé.