Une rencontre possible grâce aux efforts fournis par l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara Occidental durant ses rencontres avec les responsables du Front Polisario et les représentants de la monarchie marocaine. Même si tout le monde s'accorde à souligner l'importance de la rencontre informelle de ces deux jours, en prévision du cinquième round, il va sans dire que ce dernier risque d'essuyer un éventuel échec. Cela d'autant plus si les efforts fournis pour l'application du droit international par l'ONU pour le Sahara Occidental demeurent insuffisants. Pour la partie marocaine occupant le Sahara Occidental depuis 1975, grâce au retrait de l'Espagne sans garantir l'achèvement du processus de décolonisation de ce territoire, elle s'est contentée depuis le cessez-le-feu décrété en l991 entre son armée et le Front Polisario sous les auspices onusiens que de contourner la légalité internationale. Une esquive possible grâce à l'appui de Paris à la politique marocaine d'occupation du Sahara Occidental et l'ambiguïté de la position de Madrid sur cette question du fait de sa dérobade à assumer sa responsabilité historique vis-à- vis du peuple sahraoui et la communauté internationale. L'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara Occidental, qui durant six mois depuis sa désignation a multiplié ses contacts entre le Front Polisario et le Maroc, tentera certainement aujourd'hui d'apaiser la tension entre ces derniers par un tour de table sur les questions formelles, saisissant considérablement le fossé existant entre les deux parties sur les questions de fond. Ceci est plus ample et plus complexe au vu de l'entêtement de Rabat à persévérer dans sa dérobade et sa politique du fait accompli traduite dans sa proposition d'accorder l'autonomie à un peuple colonisé dont le droit international lui garantit un référendum d'autodétermination auquel s'attache le Front Polisario, l'unique représentant du peuple du Sahara Occidental reconnu par l'ONU. Par ailleurs, suite à ses volte-faces et à la lecture du dernier discours de son roi, le Maroc compte, encore une fois, jouer la carte du temps après qu'il eut épuisé celle de l'autonomie. Ne cessant de vanter les mérites et les bienfaits de cette dernière à ses partenaires et ses relais de soutien de son occupation du Sahara Occidental, le roi du Maroc avance la régionalisation, non pas pour le territoire marocain mais inclut les territoires sahraouis encore sous son occupation. Pour sa part, le Front Polisario, qui depuis le cessez-le- feu en 1991 sous les auspices onusiens en vue de la tenue d'un référendum d'autodétermination, n'a cessé de fournir des efforts tout au long des processus de règlement initiés par l'ONU, mettant en exergue l'application du droit au référendum d'autodétermination du peuple sahraoui. Une position conforme à l'esprit et aux textes de lois de l'ONU. Pour sa part le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a estimé qu'un règlement rapide de la question du Sahara Occidental «serait bénéfique à la paix et à la sécurité dans la région», propos tenus suite à l'annonce de la reprise des pourparlers informels qui se tiennent jusqu'à demain à NewYork. Par ailleurs, si les deux parties sont invitées par les responsables onusiens et M. Ross à faire preuve d'ouverture quant aux compromis acceptables, il est fait par souci de réussir le cinquième round qui sera inévitablement consacré aux questions de fond qui ne peuvent faire abstraction de la nature du conflit, à savoir la décolonisation d'un territoire. En réaction à la reprise des pourparlers informels, le chef de la Mission des Nations unies pour un référendum au Sahara Occidental (MIinurso), M. Hany Abdelaziz, a estimé que c'était «le moment opportun d'entrer en toute sincérité dans les négociations»,tout en ne manquant pas d'indiquer que «les positions des deux parties divergent totalement, mais tout reste possible si la volonté existe». L'ONU, par son esprit et ses textes juridiques, est interpellée plus qu'avant à faire valoir la force du droit au vu de 35 ans d'occupation du territoire et des déchirements et souffrances qu'endure le peuple sahraoui. Ce dernier, séparé par le mur de la honte, ne renonce pas à son droit légitime et les Sahraouis des territoires encore sous occupation marocaine subissent en permanence les multiples faces des pratiques coloniales marocaines. D'où la persistance des responsables du Front Polisario soutenus par la communauté internationale pour l'élargissement du mandat de la Minurso afin d'aborder, aussi, le respect des droits de l'Homme dans les territoires sahraouis sous occupation marocaine d'où l'espoir de voir cette question abordée certes durant ces deux jours trouver la voie de la concrétisation au-delà de simples expressions de préoccupation par la communauté internationale.