Au Figaro, il étale ses contradictions, comme si les médias déchiraient leurs notes après un événement et qu'il n'avait personne en Angola pour témoigner. Il aurait dû saisir cette opportunité pour dire la vérité, rien que la vérité sur ce qui s'est passé. Mais il a préféré jongler avec les mots et des phrases qui mèneraient le lecteur vers le hors jeu. L'interview accordée au Figaro en est une excellente révélation sur la question relative au bus des Togolais qui a été attaqué, Issa Hayatou accuse : «Ils sont venus par la route, sans prévenir.» Mais il n'explique pas dans cette interview, la présence de l'escorte militaire tout au long du trajet ! Il préfère rappeler «le règlement leur fait obligation de venir par avion. Nous leur avons fourni 30 billets pour cela». Une manière de dire, ce n'est pas notre problème, puisque il le signale à sa manière. Nous ne pouvons pas gérer la CAF sur des bases émotionnelles. […] Les répercussions de cette attaque sont graves puisque «trois matchs ont sauté avec le retrait du Togo. Nous avons des sponsors et des télévisions qui ont signé des contrats pour un certain nombre de rencontres». En somme l'argent d'abord puis on verra. «Dès que nous avons appris l'attaque, nous nous sommes organisés pour aider la délégation togolaise. Le premier vice-président de la CAF a immédiatement été dépêché à Cabinda. Dès le lendemain, j'ai rencontré l'équipe et tous ses dirigeants pour leur présenter mes condoléances, partager leur douleur et leur demander, autant que faire se peut, de rester.» Incroyable, auraient dit les observateurs en se référant à la déclaration du président de la CAF au lendemain du regrettable incident. Le Président avait bien rassuré, «il n'y aurait pas de sanctions à leur encontre ?» Mais ce n'était qu'une déclaration purement démagogique puisque la sanction est tombée et affirme que «c'est le comité exécutif de la CAF qui a pris cette décision». Et elle est juste». Pour l'histoire, le patron du football africain s'est orienté vers ceux qui suivent les faits et les méfaits du football africain. «Le Nigeria a t-il expliqué, avait déjà été exclu en 1996. (Merci pour cette référence). Et ce n'est pas la première fois qu'il y a des morts dans une compétition internationale. Il y a eu 17 morts lors des JO de Munich en 1972. A Vancouver, un lugeur géorgien est décédé. A-t-on arrêté pour autant les jeux ?» Grave, une très grave déclaration que de remonter aux années passées pour trouver une couverture… Voilà ce qui semble retenir Hayattou. Alors circulez, il y a rien à voir. Mais il reconnaît, au coin de l'entretien que la communication était mal gérée. «Nous avons perdu la bataille de la communication parce que nous n'avons jamais voulu polémiquer. Je n'ai jamais voulu m'exprimer parce qu'en face, il y avait le chef de l'Etat du Togo. Par respect pour sa fonction, sa personne, j'ai gardé le silence.» Quelle stratégie de communication développe Hayattou ? Sur le même sujet et sur un autre document Le Jeune Afrique conclut «autre mensonge et belle leçon de cynisme, sa passe d'armes avec le chef de l'Etat togolais». L'on se rappelle que dans une interview du Jeune Afrique, Faure Gnassingbé livrait son sentiment sur l'affaire : «M. Hayatou fait fausse route. La victime, c'est le Togo […]. Et puis, il y a eu le ton, inutilement provocateur de M. Hayatou, qui n'a même pas jugé utile d'envoyer une délégation aux obsèques des victimes.» Hayatou, dans l'entretien au Figaro affirmait que «la CAF a envoyé [au président togolais, Ndlr] une lettre de condoléances, et nos représentants se sont rendus auprès de la délégation togolaise pour en faire de même. Alors qu'il ne dise pas le contraire ?! » Bel effort, en effet… On aurait pu penser qu'avec le recul, Hayatou aurait compris que la gestion de ce drame par la CAF avait été désastreuse. Après avoir dit tout et son contraire, il fait «respecter» une minute de silence d'une durée de… dix-huit secondes lors du match d'ouverture de la CAN, et déclarait «qu'il y a eu des petits incidents qui arrivent partout ailleurs», sanctionné une équipe endeuillée (une première dans l'histoire du sport), Hayatou a donc choisi de confirmer le mot d'Einstein : «Deux choses sont infinies, l'univers et la bêtise humaine», écrit Le Jeune Afrique. Seul éclair de lucidité au cours de cette interview : l'androïde du football africain annonce qu'il ne briguera pas la présidence de la Fifa en 2011. Heureusement que le ridicule, lui, ne tue pas…» Enfin à une dernière question relative à la Coupe du monde 2010, le président de la CAF et président de la commission d'organisation du Mondial, dira : «Je suis le dossier depuis bientôt cinq ans. On ne peut pas tout maîtriser à 100% mais tout ce qui devait être fait pour assurer la sécurité des équipes et des visiteurs a été mis en œuvre. Bien sûr, il y a des endroits à éviter. Comme à Paris ou à New York.» Malgré ce qui a été dit, l'Afrique du Sud est prête. Les six stades tous neufs sont achevés, les transports et les hôtels sont là. Le coup d'envoi pourrait être donné aujourd'hui.