Jeudi dernier, en pleine séance de répétitions, le comédien Taoufik Memiche a rendu l'âme. Il travaillait sur une nouvelle pièce, écrite par Djamel Hamouda et intitulée Hayat mouadjala. Elle devait être présentée ces jours-ci. L'artiste a été terrassé par une crise cardiaque, à l'âge de 51 ans. Cette disparition survient juste avant le lancement de la quatrième édition du Festival du théâtre professionnel, qui aura lieu aujourd'hui, au Théâtre national d'Alger. Toufik Mimiche a percé dans le quatrième art grâce à un monologue écrit durant les années 80 par le regretté Makhoukh Boubeker, poète dramaturge, à l'occasion du Festival du théâtre amateur qui se déroule à Mostaganem chaque année, dans une œuvre théâtrale intitulée Hafila Tassir adaptée de l'œuvre de l'auteur égyptien Ihssan Abdelquadous, en l'occurrence le Voleur d'autobus. D'ailleurs, cette pièce a été remontée par Ziani Cherif Ayad et interprétée par le regretté Azzedine Medjoubi. Depuis, Toufik a quitté le statut de comédien amateur pour devenir comédien professionnel.Taoufik Mimiche compte plus de trente années d'une carrière riche en pièces et en feuilletons pour la télévision, une manière d'arrondir les fins de mois pour la majorité des comédiens. Il faut savoir qu'avec son complice de toujours, Hamid Gouri, comédien lui aussi au Théâtre régional Azzedine-Medjoubi, il a beaucoup travaillé, notamment, sur les planches du théâtre. Il en a fait de même avec Ben Maârouf, Guerbouz, Fatiha Soltani et, bien entendu, Djamel Hamouda. Lors de la dernière édition du Festival du théâtre professionnel, il a présenté en duo avec un comédien du Théâtre régional de Batna une pièce qui a eu le prix du jury pour le texte de la pièce. Dommage pour la prochaine édition du Festival du théâtre professionnel qui prendra effet à partir du 24 mai de ce mois, Mimiche sera absent, mais il a exaucé son vœu, celui de mourir sur scène. «C'est pour la scène que je suis venu au monde, et sur la scène que je veux mourir», disait-il. Sa dépouille a été transférée à Tébessa, sa ville natale, où il repose, désormais, en paix. Samedi, une cérémonie de recueillement a été organisée au Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi (TNA). Vendredi, c'est un autre grand homme qui a tiré sa révérence. L'artiste Chérif Kortbi est décédé à Marseille des suites d'une longue maladie à l'âge de 73 ans. Né à Médéa en 1937, Chérif Kortbi a rejoint la Radio nationale avant l'indépendance, d'abord en tant que musicien puis en tant que compositeur, avant de diriger l'orchestre de la radio. Celui qui était connu le compositeur génial du célèbre hymne patriotique Min Adjlika ichna ya watani, écrit par Omar El-Barnaoui, était également reconnu pour d'autres compositions qui ont forgé sa réputation. Le regretté a travaillé avec des artistes algériens de renom, à l'image de Mohamed Lamari, Seloua, Abdelkader Chaou, la diva Warda El-Djazaïria, Nadia Benyoucef, Hassiba Amrouche, la regrettée Nadia, ou encore Boudjemia Merzak. Chérif a, également, signé la musique du film Bouamama. Comme un malheur ne vient jamais seul, samedi, le grand artiste algérien Haroun Rachid est décédé à Alger à l'âge de 78 ans des suites d'une longue maladie. Natif d'Alger, plus précisément du quartier populaire de Belcourt, Haroun Rachid a vu le jour le 30 janvier 1932. Inscrit à l'école indigène Ollivier, dans l'allée des Mûriers, il décroche son certificat d'études en 1945, puis, il pousse ses études jusqu'en classe de terminale. Son initiation à la musique se fera par l'entremise du professeur Ferdinand Ribera, un Franco-Italien qui excellait dans le violon. Cela lui a permis d'accéder, en 1945, à l'annexe du Conservatoire de Paris qui se trouvait à l'actuelle place des Martyrs. Au déclenchement de la lutte armée, Haroun Rachid intègre le mouvement révolutionnaire pour devenir chef de cellule de l'organisation civile du Front de libération nationale (OCFLN) à Alger. Arrêté en 1957 par l'armée française, il sera emprisonné aux côtés de Messaoudi Zitouni, Sid-Ali Abdelhamid, Tahar Chebouki, Ahmed Aroua, Aïssat Idir, Djermane Rabah et d'autres. Il connaîtra, ainsi, la vie des camps de concentration de la piscine d'El-Annasser, à Sidi Chahmi, Paul-Cazelles et Bossuet. Libéré en 1959, Haroun Rachid monte l'Orchestre national de variétés. Puis, dès l'indépendance, il créé des orchestres de variétés et symphoniques dont les plus prestigieux sont Nassim, Min dimaï el-qoloub et Nachid el-oummal. Cocompositeur de l'hymne national Qassaman dont il a signé les arrangements, Haroun Rachid a signé plusieurs autres compositions et formé plusieurs générations de musiciens, du temps où il était professeur émérite au Conservatoire d'Alger.