Indéniablement, chacun a une expérience des sables d'attente. Cela entre dans un vécu fait de souvenirs qu'on évoque avec plaisir ou des reprises désagréables. Celle d'un cabinet médical, d'une administration conçue pour éviter les désagréments d'une longue station debout, apporte souvent de quoi meubler un vide. Les visiteurs, hommes et femmes se regardent sans se connaître. Quand il y a froideur qui s'empare de tous se prolonge de manière insupportable, faute de sujet ou de prétexte à joyeux propos, le temps paraît plus long. Mais, d'une manière générale la configuration de cet ensemble fait de différences reflète la société. Pour qui a l'habitude de décrypter un visage, il y a en chacun des occupants un état d'âme chargé de sentiments, de tristesse, d'émotions, ou de joie intérieure. Là peut se lire entre les yeux, la bouche, le menton, l'intériorité de chaque individu. Ceux qui y viennent ont soit des problèmes de santé, soit des soucis administratifs. Nous allons commencer par les mauvais souvenirs de salle d'attente. Ceux qu'on a vécus de pire. Ce sont généralement les contrariétés, injustes subies par le comportement de ceux qui ont intérêt à favoriser les uns au détriment des autres. Quelqu'un, une fois, a piqué une colère sous le prétexte qu'il est allé empocher le remboursement d'un salaire mensuel destiné pour un malade cloué au lit. C'était donc à la Casoral où dans la salle d'attente il était arrivé le premier et où le soir, à la fermeture, après une attente de près de 8 heures, il lui a été demandé de revenir le lendemain sous le prétexte que la caisse était fermée. Comment cela peut-il m'arriver, alors que d'autres comme moi se sont fait servir dans la journée ? Immédiatement, il fit irruption dans les bureaux, décidés à ne repartir qu'après avoir perçu la somme attendue. Il cria du mieux qu'il fut et finit par avoir gain de cause. Mais, cette situation évoquée avec tristesse l'avait marqué à vie. Des injustices de ce type, on en rencontre tous les jours, et elles sont en nombre incommensurable si vous les multipliez par les 365 jours de chaque année que comportent des décennies. Les médecins eux-mêmes font du favoritisme en faisant passer quelqu'un de sympathique ou un ami avant ceux qui se sont usés sur les bancs de leur salle d'attente. Ce dont on se souvient bien Il s'agit, par exemple, des disputes entre hommes ou entre femmes ou entre femmes et hommes. C'est l'occasion pour la plupart de faire entendre à l'autre ce qu'il y a de plus désagréable. Une fois, c'était dans un cabinet de médecin qu'une mère de femme mariée et mère d'une marmaille s'est disputée avec la mère d'une jeune fille que le mari de la première voulait prendre comme seconde épouse. Pendant des mois, le mari en question n'avait pas cessé de harceler sa femme qui trimait chaque jour pour s'occuper des enfants. Il lui formulait clairement ce qu'il avait l'intention de faire : épouser telle jeune fille comme deuxième femme pour de multiples raison que l'on peut facilement deviner. Et il n'arrêtait pas de lui expliquer qu'il ne voulait pas divorcer et qu'elle devait, sitôt la deuxième épouse arrivée à son domicile, aller vivre avec les enfants chez ses parents, en attendant de trouver une meilleure solution. Mais les deux mères ne l'entendaient pas de cette oreille et aussitôt que l'une rencontre l'autre, ce fut un spectacle indescriptible. J'aurais souhaité avoir une caméra et un enregistreur de son, dit un témoin qui voulait filmer la scène pour la revivre de temps à autre et offrir à ceux qui n'avaient pas vu un beau spectacle. Devant les cris, insultes de part et d'autre, le médecin doit être obligé d'intervenir en les menaçant de le faire sortir si elles ne voulaient pas arrêter. Belle scène qui pouvait inspirer des dramaturges et réalisateurs de films. Et que d'histoires comme celles de tel monsieur d'un âge avancé qui se lia d'amitié, après une longue discussion, avec une jeune femme qu'il ne connaissait pas et qui avait accepté de lui donner son numéro de téléphone en vu d'une rencontre.