Après une dizaine de jours de Ramadhan, «les prix du poisson ne font qu'augmenter, frisant l'irraisonnable», constate un père de famille rencontré sur le port de Aïn Benian, ajoutant que chaque jour que Dieu fait «je fais un saut aux différents espaces de ventes de poisson à Alger, mais sans succès, les prix sont toujours inaccessibles, je ne peux acheter même un petit morceau pour mon petit enfant de 10 mois». Il faut signaler qu'à titre d'exemple, un morceau de 400 g du thon coûte pas moins de 800 DA, alors que le prix du merlan a pratiquement triplé. Il est aujourd'hui à 1 400 DA le kilo «Ce qu'on trouvait acheter avant à 600 DA on le trouve ces jours-ci à plus de 1 200 DA». Ce produit devient dans notre pays un «produit de luxe», «il n'y a que les riches qui peuvent l'acheter», expliquent certains clients rencontrés dans les marchés d'Alger. Un vendeur informel dans le port de la Madrague nous fait savoir que «seuls les riches achètent sans même demander les prix de ces produits de la mer». Aux yeux de notre interlocuteur, les prix sont «raisonnables» notamment durant le Ramadhan. L'offre est très minime alors que la demande est très importante, dira-t-il. «Je vous assure que la crevette qui fait 1 600 DA le kilo se vend comme des petits pains.» Un autre citoyen, visiblement sans emploi, lui répond que ceux qui achètent ici sont des gens très aisés. La majorité des Algériens ne peuvent même pas acheter le sardine qui coûte environ 250 DA le kilo, «nous ne parlons pas du poisson blanc !» lance-t-il à la face du commerçant. Même son de cloche dans d'autres marchés. Une dame rencontrée au marché de Belcourt nous dira qu'«heureusement je n'aime pas consommer le poisson durant le mois sacré, les prix donnent le tournis… c'est incroyable, dira-t-elle. «Je ne comprends pas pourquoi attendre ce mois pour que les gens triplent les prix ?» s'interroge-t-elle sans chercher d'ailleurs à avoir une réponse. Il est utile d'informer que nos ressources halieutiques ne dépassent pas les 200 000 t, ce qui donne environ 7 kg/habitant et par an par chaque algérien. Ce taux de consommation reste très bas, selon les exigences de l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Par ailleurs, il est prévu dans le cadre du programme quinquennal du secteur de la pêche 2010/2014, la réalisation 12 halles à marée, plus la rénovation de la pêcherie d'Alger. Rappelant qu'un groupe de travail installé récemment par les ministres de Commerce et de la Pêche a pour mission de mettre en place un texte réglementaire pour fixer et régler les relations entre les différents intervenants et «pour arriver à plus de transparence et à la traçabilité du produit», a souligné à plusieurs occasions Abdallah Khanafou, ministre de la Pêche.