En 1333-1334, Abou Lahcene, ayant vaincu et tué son frère Abou Ali, organisa une nouvelle campagne contre Abou Tachefine, auquel il fit faire des remontrances au sujet de ses empiétements sur le territoire de l'empire Hafside ; le sultan abdelouadite se contenta de répondre avec hauteur à ses envoyés. Abou Lahcen, irrité de ce manque d'égards, se mit en marche en février- mars 1335 avec une forte armée. il laissa au passage un corps de troupes à Oujda pour en faire le siége et se porta sur Nédroma, dont il passa la garnison au fil de l'épée ; après cela il alla investir Tlemcen. Vers la fin de l'année 1335 ou au début de 1336, les troupes qui assiégeaient Oujda s'en emparèrent et, d'après les ordres du sultan merinide, elles détruisirent les fortifications et ruinèrent complètement la ville. Le 1er mai 1337, Tlemcen tomba au pouvoir d'Abou Lahcene, qui resta seul maître du Maghreb central et fit exécuter Abou Tachefine. Les Beni Zian furent dispersés, la puissance des Abdelouadites était abattue pour quelque temps. Suprématie des Mérinides qui étendent leur autorité sur la rive droite de la Moulouya ; les Abdelouadites continuent néanmoins leurs tentatives L'empire mérinide ayant acquis la prépondérance, Abou Lahcène se lança à la conquête de l'Ifrikia en 1347. les fils de l'émir hafside, à la tête desquels de se trouvait leur aîné Abou Zaïd, lui apportèrent leur soumission ; le sultan accepta leurs offres et les envoya au Maghreb extrême en leur fixant comme résidence Oujda ; il leur concéda le produit des impôts de cette ville. En 1348, les Arabes lui firent essuyer une défaite sérieuse à Kairouan. Un chef Abdelouadite, nommé Othmane ben Djerrar, rentra à Tlemcen et fit croire à Abou Einane, gouverneur de cette ville et fils d'Abou Lahcene, que son père était mort. Abou Einane se fit proclamer sultan et se dirigea sur l'ouest pour faire reconnaître son autorité. Dès qu'il fut parti, Othmane ben Djerrar leva le masque et s'empara du pouvoir ; Abou Saïd Othmane le renversa peu après et releva la dynastie abdelouadite, mais son autorité ne s'étendit guère au-delà des remparts de Tlemcen. Abou Saïd Othmane s'allia alors avec Abou Eimane, lequel désirait s'affermir sur le trône de Fez, pendant que l'éloignement de son père Abou Lahcène le mettait dans l'impossibilité d'intervenir. En 1350, ce dernier marcha contre les Abdelouadites ; il fut battu, mais, en 1351, il s'empara de Sidjilmessa et de Marrakech. Battu ensuite par son fils, Abou Lahcène fit la paix avec lui et abdiqua en sa faveur ; il mourut sur ces entrefaites. Les Abdelouadites s'efforcèrent de profiter de ces événements pour relever leur autorité ; aussi, Abou Einane, devenu le seul maître de l'empire mérinide, décida t-il de les attaquer. Il réunit une armée formidable te se dirigea sur la Moulouya, où il s'arrêta quelques jours afin d'inspecter les troupes arabes et les contingents venus pour combattre sous ses drapeaux. De leur côté, le sultan abdelouadite Saïd Othmane et son frère Abou Thabet n'étaient pas restés inactifs ; ils avaient levé des troupes parmi les Arabes et les Berbères de leurs Etats et avaient été camper avec tout leur monde dans la plaine d'Angad en juin ou juillet 1352. ils se portèrent ensuite au devant des Mérinides qui s'étaient également avancés. Quand les deux armées furent en présence, elles se livrèrent bataille vers le milieu du jour, sur les bords de l'oued El Ksob, aux environs d'El Aïoun Sidi Mellouk. Abou Thabet avait rangé les contingents abdelouadites en bataille, il tomba à l'improviste sur le camp des Mérinides, pendant que les soldats s'étaient dispersés pour vaquer à leur occupations. Dans ce moment de confusion, Abou Einane monta à cheval et se mit à la tête de ses disciplinées, puis il se lança au galop au milieu de ses adversaires. Le combat fut des plus acharnés ; l'armée mérinide commença à plier, sa cavalerie légère prit même la fuite et rentra au Maghreb. Abou Einane ne se laissa pas décourager et chargea de nouveau avec vigueur, la lutte devint de plus en plus ardente. Les Beni Amer ayant lâché pied au plus fort de l'action, ils furent cause de la défaite des Abdelouadites. Leur sultan, Saïd Othmane, se travestit avec de vieux haillons pour échapper plus facilement ; il fut reconnu et tomba entre les mains des Mérinides, qui poursuivirent les fuyards jusqu'à la nuit et en tuèrent un grand nombre. Abou Thabet se retira à Tlemcen d'où, après un jour de repos, il continua sa route sur Alger. Abou Saïd Othmane conduit devant Abou Einane fut mis aux fers, lorsque ce dernier eut occupé Tlemcen et y eut rétabli son autorité, il fit égorger son adversaire dans sa prison. Le 30 novembre 1358, Abou Einane fut détrôné au profit de son fils Es Saïd âgé de cinq ans ; on l'assassina quelques jours après. Pendant ce temps, un prince abdelouadite, Abou Hammou II, cherchait avec l'appui des Arabes à reconquérir le trône de ses ancêtres ; il entra à Tlemcen le 31 janvier 1359, la garnison mérinide lui prêta serment de fidélité, ceux qui s'y refusèrent furent massacrés. Le régent, qui gouvernait à Fez au nom d'Es Saïd, dirigea une expédition sur Tlemcen, qu'Abou Hammou II évacua pour se rendre dans l'Angad en compagnie de ses alliés arabes, les Zoghba ( Beni Amer) et les Makiliens des Doui Obeïd Allah (Djaouna, Ghosel, Metarfa, Othmane, Hedjadj), lesquels se firent suivre de leurs tentes et de leurs troupeaux et s'installèrent définitivement dans les plaines comprises entre Tlemcen et la Moulouya. La colonne mérinide comprenait plusieurs princes et chioukh ; elle rencontra les Arabes dans la plaine d'Oujda, les deux partis se battirent sous les murs de la ville. Energiquement chargés par les Arabes, les Mérinides furent mis en déroute et abandonnèrent leurs tentes et leurs bagages ; les chioukh arrivèrent à Oujda complètement dépouillés ; ils avaient perdu jusqu'à leurs habits. A la faveur des luttes intestines qui divisèrent ensuite les Mérinides et dont le résultat fut d'amoindrir leur influence dans la vallée de la Moulouya, Abou Hammou II consolida son pouvoir à Tlemcen. En avril 1360, Abou Salem, le nouveau roi mérinide, marcha contre lui avec de forts contingents ; le sultan abdelouadite évacua encore sa capitale, qui fut occupée le 21 mai. Abou Hammou II fit une diversion sur la Moulouya, ruina Guercif et revint dans l'Angad ayant commis de grands ravages. Cela obligea Abou Salem à évacuer Tlemcen et Abou Hammou II put s'y réinstaller. En septembre 1361, Abou Salem fut massacré et l'empire mérinide se trouva livré à l'anarchie. Le vizir Omar, qui tenait le prince régnant en tutelle, entreprit en 1364 une campagne contre Tlemcen. Abou Hammou II lança une colonne sur ses ennemis, elle les atteignit à la Moulouya et, par un mouvement tournant, les força à la retraite. Les Abdelouadites se firent ensuite battre à leur tour et Abou Zian, le prétendant au trône merinide, vint les assiéger dans Tlemcen. Abou Hammou II étant parvenu à détacher de lui ses alliés, il dut fuir dans l'ouest en 1364. Abou Zian s'empara ensuite du Maghreb central en 1366 ; il fut assassiné la même année par Abd el Aziz, fils d'Abou Lahcene, que l'on proclama Sultan.