Gazprom, qui indexait jusque-là ses prix sur ceux du pétrole, a accepté de vendre une partie du gaz aux prix spot (à court terme) qui sont environ 25 % inférieurs aux prix des contrats à long terme lors des dernières visites du président russe tant à Paris qu'à Madrid, remettant donc en cause toutes les négociations de l'Algérie qui demande un relèvement des prix de cession du gaz à l'Espagne et à Gaz de France à juste titre puisque les prix sur les marchés organisés du gaz sont bas comparés aux prix des contrats à long terme, indexés, eux, sur le prix du pétrole : moins de 4 dollars le million de BTU à New York, moins de 5 dollars au Royaume-Uni, alors que le prix contractuel tourne autour de 11 dollars. Cette situation géo enjeux pour la sécurité nationale de l'Algérie, problématique du management stratégique de la société des hydrocarbures Sonatrach, influence le prix de cession du gaz en tenant compte, bien entendu, des fluctuations du dollar, monnaie de référence, pour sa rentabilité, un investissement fortement capitalistique et à maturité lente pouvant conduire à moyen terme si les perspectives de découverte du gaz conventionnel et non conventionnel (le seuil de rentabilité pour ce cas prévu étant de 8/9 dollars) à des coûts bas ne se réalisent pas, à une crise énergétique mondiale en raison des freins à l'investissement. Ainsi s'impose un nouveau management stratégique du ministère de l'Energie et des Mines et des agences de régulation et surtout de prospectives stratégiques pour éviter des erreurs dans le choix des investissements, la responsabilité gouvernementale étant collective puisque tout choix d'investissement passe par le conseil national d'investissement présidé par le Premier ministre et composé de plusieurs ministres, Sonatrach n'étant qu'une entreprise qui concrétise ces choix stratégiques. Sonatrach a besoin d'un nouveau management stratégique Il s'agira impérativement donc d'évaluer l'impact de l'environnement socio-économique et institutionnel, notamment bancaire, ainsi que des réformes prévues ou à envisager en tenant compte de l'accord de libre-échange avec l'Europe applicable depuis le 1er septembre 2005 et son éventuelle adhésion à l'OMC. Pour cela, il s'agira principalement d'analyser l'ensemble des règles juridiques influençant le secteur énergétique (environnement légal et institutions publiques), les circuits banques primaires-banque centrale-Sonatrach pour les conditions de paiement afin d'accélérer la rapidité des opérations, évaluer les structures d'appui professionnelles existantes, les structures d'appui techniques et de formation, l'identification de la stratégie des entreprises concurrentes et des institutions internationales et leurs facteurs, clé de succès pour une comparaison nécessaire de la stratégie internationale des grands groupes pétroliers et gaziers. Cela implique la prise en compte de la comparaison des comptabilités-organisation, filialisation, les récents fusionnements, la concurrence des énergies substituables, de l'environnement avec des activités non polluantes en incluant de nouveaux coûts nécessaires, tenant compte de cette nouvelle contrainte internationale, la part de marché des pays OPEP et des pays non OPEP, la spécificité régionale du gaz dont la part du marché en Europe du gaz algérien (10 % en 2010) et ses concurrents directs avec la Russie et la Norvège. Le nouveau management stratégique doit avant tout diagnostiquer l'impact de l'environnement national et international sur Sonatrach et l'appréciation des domaines où l'interface Sonatrach/environnement peut être améliorée afin de rendre plus performant l'entreprise et la hisser au niveau de la concurrence mondiale. La description des opérations devrait permettre d'identifier les gisements de productivité et les niches de gains de coûts (comparaison avec des compagnies tests), volume, rentabilité et analyser la stratégie des principales institutions similaires dans le monde sur les plans technologie- standards et normes- sous-traitance et, enfin, le conventionnement, et ce afin de réduire les coûts et avoir une stratégie agressive afin de prendre des parts de marché tenant compte de la concurrence. Il est à rappeler que, sur le plan strictement comptable, les immobilisations corporelles comprennent le terrain, les constructions, les installations techniques, les matériel et outillage industriels ainsi que les installations générales, agencements, matériels de transport, matériel de bureau et matériel informatique, mobiliers et emballages récupérables. Dans la comptabilité des sociétés ne sont pris en compte que les biens dont l'entreprise est propriétaire, les biens corporels loués ne figurant pas à l'actif, ce qui constitue une lacune importante que certaines entreprises internationales comblent en général pour ne pas avoir un bilan biaisé. Quant aux immobilisations incorporelles, elles comprennent les frais d'établissement, de recherche et développement, les concessions et les droits similaires, les brevets, les licences, les marques, les procédés ainsi que le droit au bail commercial. Ces immobilisations sont souvent traitées d'une manière superficielle alors qu'elles sont déterminantes pour une entreprise comparable à Sonatrach, ce qui renvoie au nécessaire renouveau du plan comptable national. A court terme, pour Sonatrach, il s'agit de préparer un audit opérationnel du patrimoine existant, en le réactualisant à la valeur du marché. Parallèlement, un audit technologique et des moyens matériels (fixes et roulants) qui permettront de rentabiliser ce qui existe car le poste services (paiement des connaissances étrangères, l'expert national pour le même travail étant rémunéré actuellement et cela n'est pas propre à Sonatrach parfois à dix fois moins que l'étranger) et l'immobilisation du parc roulant, notamment au niveau de Naftal, sont inquiétants. Et surtout, de préparer l'avenir en cas où Sonatrach opterait l'option de développement tant en amont qu'en aval, noyau dur de l'entreprise, en se spécialisant dans ses métiers de bas, -ce qui supposera d'importants moyens technologiques, financiers et humains tant pour l'exploration, la production et la commercialisation (analyse de l'efficacité et de la performance des sociétés de forage, de géophysique, de construction et de services aux puits). Il est entendu que, pour les autres activités existantes comme le raffinage, le transport, la transformation et la distribution, seuls les audits pourront tracer les actions concrètes à mener en envisageant soit d'internaliser l'activité soit de l'externaliser avec une priorité au profit des cadres et des travailleurs du secteur de certains activités ou le partenariat afin d'éviter la dispersion, source de gaspillage des ressources et d'inefficience de l'entreprise. L'objectif est donc d'évaluer le degré de compétitivité des outils, équipements et immobilisations utilisés dans le contexte d'une évolution technologique internationale. Cette opération d'audit consistera à rassembler l'information sur les caractéristiques techniques et les conditions de fonctionnement des équipements et de gestion des immobilisations, évaluer ses équipements et ses immobilisations corporelles et non corporelles, le niveau des stocks dormants (objectif stock zéro), ces derniers donnant une comptabilité déconnectée de la réalité économique en supposant connaître le niveau d'automatisation, le niveau de performance, les besoins de maintenance non satisfaits, la pertinence des investissements réalisés et enfin la compétence du personnel utilisateur. Cela permettra d'analyser les forces et les faiblesses technologiques des équipements, les alternatives stratégiques sur les programmes d'investissements, le besoin de formations techniques et d'acquisitions de savoir-faire et, enfin, le niveau de maîtrise de la gestion des moyens matériels et des stocks. Ces analyses précédentes supposent un système d'information sous forme de réseaux, base de toute action concrète dont l'informatisation en est la base, sous réserve de banques de données fiables. (A suivre)