Ghaza est bombardée, envahie. Mais les humanitaires n'ont pas flanché. Les spécialistes de l'humanitaire sont unanimes: Ghaza est menacée d'une grave crise humanitaire. L'eau, la nourriture, les médicaments, le fioul pour faire tourner les installations, tout manque dans cette province maudite. L'invasion israélienne a aggravé une situation déjà précaire et mis en péril la vie de milliers de civils palestiniens. A tout cela, il faut ajouter le Hamas, synonyme de mal pour les Occidentaux et nombre de pays arabes. L'alerte a été donnée par une organisation israélienne des Droits de l'Homme, qui a publié un communiqué alarmant. «75% de l'électricité a été coupée car sept des douze lignes ont été endommagées par les bombardements, plus de 500.000 personnes n'ont pas accès à l'eau courante, les égouts se répandent dans les rues, il n'y a pas eu de livraison de fioul depuis le 27 décembre, et tout le système d'approvisionnement (eau, électricité, égouts) est sur le point de s'effondrer», affirme cette ONG. En fait, les habitants de Ghaza, près de 1,5 million de personnes, manquent de tout. Ils dépendant à près de 80% de l'aide internationale. La guerre a ajouté un nouvel élément de dégradation. En effet, les hôpitaux et centres de soins, déjà débordés, manquant de médicaments, de matériel médical et de personnel, sont assiégés par les milliers de blessés qu'il faut soigner dans des conditions épouvantables. Dans les rues, c'est une image d'apocalypse. Colonnes de fumée dues aux bombardements, bâtiments rasés, routes défoncées, égouts à ciel ouvert, tout semble préparer Ghaza à la catastrophe. Et tout ceci se passe sous le regard du monde entier, avec ces caméras installées en permanence dans les hôpitaux, montrant les morts et les blessés, les enfants en quête d'eau et ceux à la recherche de leurs parents... Face à cette catastrophe humanitaire qui se profile, tout le monde y est allé de sa mise en garde et de ses avertissements, affichant ses nobles sentiments et faisant preuve d'une admirable compassion. Le très humanitaire Bernard Kouchner ne pouvait rater une telle occasion. Avant de s'envoler pour une tournée dans la région, le ministre français des Affaires étrangères a ainsi dénoncé « une situation humanitaire qui est bien impossible à supporter ». Mais la situation est si grave que même les Etats-Unis se sont alarmés. Ainsi, le Département d'Etat a appelé Israël à penser aux «conséquences» de ses actions militaires «sur les populations civiles»... Dans la même logique, la présidence tchèque de l'Union européenne a mis en garde contre le sort des civils palestiniens, estimant qu'Israël n'a pas le droit d'engager des actions militaires qui «affectent largement les civils». Le ministre tchèque des Affaires étrangères, Karel Schwarzenberg, a appelé à «la facilitation de l'aide humanitaire aux habitants de la bande de Gaza». Les dirigeants israéliens se sont montrés sensibles à ces pressions et appels venus de tous horizons. Le Premier ministre Ehoud Olmert a ainsi affirmé dimanche, au deuxième jour de l'invasion, qu'Israël »ne permettrait pas qu'une crise humanitaire éclate». «Nous aiderons à l'acheminement de nourriture et de médicaments», a-t-il assuré. Les bons sentiments ont fini par triompher. La pression internationale a porté ses fruits, car Israël, très sensible à son image dans l'opinion internationale, a cédé. Les Palestiniens de Ghaza ne mourront pas de faim. Les camions transportant l'aide vont de nouveau entrer dans ce territoire. Des médecins viendront soigner les victimes des bombardements et les enfants traumatisés. Les boulangeries de Ghaza vont recevoir la farine nécessaire pour le plein. L'armée israélienne l'a assuré: le programme alimentaire mondial (PAM) a cessé d'envoyer du blé à Ghaza parce que les centres de stockage sont pleins ! Ghaza est sauvée de la faim. Les humanitaires ont rempli leur rôle avec succès. L'armée israélienne peut tuer des Palestiniens bien nourris. Du moins tant que le monde continuera à regarder la situation en Palestine de manière erronée ou hypocrite. Et tant que des humanitaires continueront à occulter les crimes des dirigeants politiques. Car en Palestine, il n'y a pas de problème humanitaire. Il y a un peuple qui a été dépossédé de sa terre et qui est toujours interdit de créer son Etat.