Abdellah Djaballah pourra-t-il «unifier» le courant islamiste en Algérie ? En tous les cas, l'homme, dont les positions n'ont pas changé d'un iota depuis l'avènement du pluralisme politique dans notre pays, semble y croire sérieusement. «Il y aura tôt ou tard des changements dans ce pays», a-til déclaré hier à l'occasion d'une conférence de presse animée au siège de son parti, El-Islah, à Bir Mourad Raïs à Alger. Pour cela, Djaballah s'active déjà et annonce qu'une commission mixte composée de cadres de son parti ainsi que ceux d'Ennahda planche depuis plusieurs mois pour mettre sur pied «l'ossature» d'un nouveau parti qui absorbera les deux for- mations politiques. Un parti qui regroupera les islamistes modérés et tous les anciens «baroudeurs» de ce courant, fait savoir le conférencier, qui veut réactiver ainsi la scène politique tombée dans une véritable léthargie. L 'objectif, a soutenu hier Djaballah, est d'unifier les rangs pour provoquer le changement du système en Algérie. Ainsi, même si l'idée n'est pas tout à fait nouvelle, il n'en demeure pas moins que c'est la première fois depuis une dizaine d'années que l'ancien candidat aux présidentielles de 1999 réussit à rassembler autour d'une même table et autour d'une même idée des «frères ennemis» qui se sont livrés pendant des années des luttes acharnées. Le seul «quiproquo», soutient Abdellah Djaballah, c'est les responsables de son ancien parti Ennahda qui ont décidé, à l'issue de leur Madjliss Echoura qui s'est déroulé le 8 octobre dernier, de remettre en cause le règlement intérieur de cette «fusion» entre les deux partis, qu'ils avaient pourtant accepté auparavant lors des différentes réunions de la commission mixte. Même s'il ne le dit pas, Djaballah est convaincu que les responsables d'Ennahda sont victimes de pressions exercées sur eux pour abandonner ce projet. Ennahda aurait peur de voir Abdellah Djaballah être élu à la tête de ce nouveau parti lors du congrès constitutif. Le conférencier a assuré hier qu'il était prêt à renoncer publiquement à ce poste, en soulignant que tout ce qui l'intéressait, c'est l'unité du courant islamiste dans la perspective du changement. Djaballah a précisé, par ailleurs, que malgré cet obstacle survenu à la dernière minute, le projet d'unifier les deux partis n'est pas mort et il reste serein quant à sa concrétisation. Mais en attendant, le responsable d'El-Islah a fait savoir que son parti multiplie les démarches pour rassembler tous les partisans du courant islamiste en Algérie. Le conférencier a indiqué que lors de la réunion du Madjliss Echoura d'El-Islah qui s'est déroulé le 31 octobre dernier, il a été décidé d'axer les efforts sur trois points, à savoir «l'élargissement du dialogue à tout le monde», «déterminer les priorités autour d'une nouvelle orientation politique» et «la préparation d'un nouveau cadre devant unifier le courant islamiste». Abdellah Djaballah, qui rappellera sa «légitimité» au sein d'El-Islah, a assuré qu'à la fin de l'année, son parti annoncera publiquement le nouveau cadre politique dont il est question.