De nombreux fellahs dont certains ne travaillent d'ailleurs plus, étaient en fin de semaine dernière, devant les locaux de la direction de l'Agriculture, pour tenter de s'informer sur leur avenir. Ils expliquent ainsi leur détresse «car trop démunis pour se soigner ou pour accéder aux soins gratuits au niveau de la santé publique où on leur réclame des documents de prise en charge par une caisse d'assurance». Le directeur régional de la Caisse de sécurité sociale des non salariés (CASNOS), M. Rahil Sellaoui, questionné sur ce sujet, déclare que «sur un ensemble de plus de 5.000 agriculteurs que compte la wilaya de Constantine, 1.800 seulement sont actuellement affiliés à la Caisse de sécurité sociale des non salariés». Il ajoute que «la plupart des fellahs ne bénéficient malheureusement d'aucune couverture médicale, ce qui est dramatique surtout pour tous ceux qui ont atteint l'âge de la retraite, et qui n'ont pas pu régler leur situation vis-à-vis de la caisse, malgré les nombreux appels lancés dans ce sens. Ce problème, dit-il, remonte aux années 90, après l'éclatement des domaines agricoles socialistes (ex DAS), et la création de nouvelles entités dénommées exploitations agricoles collectives (EAC), et d'autres individuelles (EAI). Avec cet éclatement le statut des travailleurs de ces domaines agricoles a changé évoluant en attributaires non salariés devant, par conséquent, s'acquitter de leurs cotisations annuelles auprès de la CASNOS pour prétendre à une retraite et aux soins. Or pour de multiples raisons, le cumul des cotisations annuelles non réglées a fait qu'un grand nombre d'agriculteurs se trouvent dans l'incapacité de payer ces dettes et se retrouvent donc exclus et livrés à eux-mêmes sans aucune couverture sociale. Notre interlocuteur nous fait savoir que des mises en demeure ont été adressées aux agriculteurs qui n'ont pas encore assainis leur situation afin de se rapprocher de la caisse, et profiter des dispositions de la loi n° 08 de février 2008, qui les a dispensés des pénalités de retard. «Ils peuvent donc toujours s'acquitter de leur dette et même solliciter un échéancier pour le règlement du cumul de leurs cotisations», déclare M. Sellaoui. Sur un autre plan, nous dit encore ce responsable, des rencontres ont eu lieu avec les représentants de l'UNPA, afin de sensibiliser ses membres à se rapprocher de la caisse et d'apurer leurs situations. Enfin notre interlocuteur indique qu'outre les prestations médicales, la caisse est en train de s'ouvrir aux autres partenaires et des conventions ont été signées avec des cliniques privées pour la prise en charge des pathologies lourdes et l'octroi d'une carte «Chifa» est sur le point d'être finalisé.