Photo : APS Par Faouzia Ababsa Il n'a certes pas répondu à l'ensemble des questions posées par certains députés. Il s'en est d'ailleurs excusé. En revanche, Ahmed Ouyahia a, près de trois heures, tenté d'expliquer à l'Assemblée les motivations du gouvernement et donné éclaircissements et autres précisions par rapport à des sujets, souvent d'actualité brûlante. C'était jeudi dernier au siège de la chambre basse du Parlement qui a adopté un silence quasi religieux. A commencer par l'application des mécanismes relatifs à la réconciliation nationale. Il confirmera que l'ensemble des dossiers ont été déposés dans les délais prévus par la loi, c'est-à-dire avant la fin 2006. 70% d'entre eux ont été traités. Les retards enregistrés s'expliquent, selon le Premier ministre, par le laxisme de certains agents ou encore le manque de suivi des familles concernées. «Cette opération sera achevée. Et des instructions ont été adressées aux ministères et aux walis», a rassuré Ahmed Ouyahia. Les victimes du terrorisme pour leur part ont été prises en charge depuis 1994 à travers une structure qui a été instituée à cet effet, en plus de la loi des finances qui a été adoptée pour la même année et qui prévoit un fonds pour cette catégorie. Quant aux patriotes, à la mémoire desquels «l'enfant du système», comme il le précise lui-même, s'est incliné, ne seront pas des laissés-pour-compte. «Des mesures les concernant seront annoncées en temps opportun», dira encore M. Ouyahia qui ne manquera pas de remercier les élus qui ont posé leur problème, eux qu'on qualifiait il y a quelques années de milices et de seigneurs de la guerre. La loi électorale amendée en novembre 2003 est assez complète pour que l'on cherche à l'amender de nouveau, a estimé l'orateur qui a rappelé que la révision en question émanait d'un parti d'opposition et que le gouvernement n'a pas changé une virgule dans le texte. Le Premier ministre expliquera, d'autre part, qu'il est aujourd'hui tard pour une quelconque révision de ce texte puisque nous sommes à 100 jours de l'élection présidentielle. Voulant donner l'espoir aux Algériens, il annoncera dans la foulée que le gouvernement est en phase d'élaboration d'un programme quinquennal 2009-2014 d'un montant de 150 milliards de dollars. Abordant la contractualisation des soins dans les hôpitaux publics, Ahmed Ouyahia dira que le dossier était en souffrance depuis 1996. A chaque fois, des arguments ont été avancés pour le retarder, tels que la consultation des experts de l'OMS ou autres. «Il a fallu que le président de la République décide de le déterrer», a affirmé le Premier ministre qui confirmera qu'il entrera en vigueur en 2009. Cela, en précisant qu'il ne s'agit nullement d'une remise en cause de la politique de l'Etat en matière de prise en charge. Il s'agit seulement, selon Ouyahia, d'assainir une situation d'anarchie qui prévaut dans le secteur. «Il n'y a pas de raison pour que ceux qui ont les moyens se fassent soigner gratuitement au détriment des démunis. Les détenteurs de cartes de Sécurité sociale ne verront pas de changement puisqu'ils continueront à se soigner dans les hôpitaux. Ceux qui ne l'ont pas, parce qu'ils ne le veulent pas, n'y auront pas droit», a affirmé Ahmed Ouyahia tout en annonçant que la carte des démunis sera distribuée l'année prochaine. «Nous n'avons pas vendu les ports» Le contrat entre Dubai port et l'Algérie pour la concession des ports d'Alger et de Jijel a fait couler beaucoup d'encre et suscité une véritable levée de boucliers aussi bien chez les syndicalistes que chez certains partis politiques. Rassurant de nouveau, le Premier ministre expliquera qu'il ne s'agit pas d'une vente mais d'une concession. Tout comme celle dont bénéficie l'Entreprise du port d'Alger. «Nous n'avons rien vendu. Le port d'Alger est la propriété de l'Etat algérien», lancera-t-il. Et d'ajouter : «C'est une location moyennant un loyer sur lequel Dubai port paie des taxes.» Sur le plan social, il dira que le contrat signé avec l'entreprise émiratie prévoit le maintien de l'ensemble du personnel. Mieux, 100 recrutements ont été opérés en plus et le partenaire est soumis, selon le contrat de concession, à la législation algérienne en matière sociale. Quant au port de Jijel, il verra la création de 1 600 emplois. Les Douanes algériennes n'ont pas été expulsées du port. C'est un démenti cinglant du Premier ministre qui indiquera qu'il s'agit en fait d'un assainissement. Car «jamais le port n'a été une zone industrielle ou un dépôt. En 2006, on payait 250 millions de dollars par an en surestaries en raison des bateaux en rade ou en souffrance. Cela à cause de l'encombrement des containers abandonnés par leurs propriétaires qui n'ont pas jugé utile de les récupérer, ayant déjà réalisé de grosses ristournes sur les deux ou trois qu'ils ont daigné faire sortir et vendre.» Le crédit sans intérêts «Rfig» du ministère de l'Agriculture connaît des problèmes, en ce sens que l'on exige du fellah la présentation de la carte CASNOS. Le problème posé par un élu a trouvé une solution immédiatement. Ouyahia a annoncé que des instructions dans ce sens ont été envoyées aux concernés. Quant aux réserves de changes, le Premier ministre dira qu'elles sont en sécurité. Ce sont 138 milliards de dollars en bon de Trésor d'Etat.