Le foot et le fisc en Algérie. Telles sont les deux causes avancées par le groupe Orascom Telecom pour expliquer une perte nette de 46,4 millions de dollars enregistrée au cours du quatrième trimestre 2009. Le bénéfice annuel net pour 2009 a été de 318 millions de dollars en baisse de 26% par rapport à 2008. Les recettes ont baissé de 4,9% en 2009 pour s'établir à 5,06 milliards de dollars, selon des chiffres rendus publics par Orascom Telecom Holding. Selon le communiqué, qui présente les résultats de 2009, les «récentes émeutes en Algérie qui ont suivi le match de football ont eu un impact négatif sur les opérations». Orascom estime que ces « émeutes» ont entraîné un manque à gagner de 55 millions de dollars et des dégâts causés au matériel de l'ordre de 41 millions de dollars. Khaled Bichara, PDG d'Orascom Telecom, a souligné que malgré une «concurrence féroce et une hostilité conséquente au match de football entre l'Algérie et l'Egypte, Djezzy demeure le leader incontesté en termes de parts de marché». Les investissements de Djezzy ont dépassé les 260 millions de dollars en 2009, soit une augmentation de plus de 50% par rapport à l'année précédente. Khaled Bichara a indiqué que le groupe suivait les recours à travers les canaux locaux au sujet du redressement fiscal et que «50% des dividendes de 2008 ont été rapatriés». Dans le même document, mis en ligne sur le site d'Orascom, le président d'Orascom Telecom Holding, Naguib Sawiris, a commenté les résultats de 2009 qualifiée d'année «difficile». S'agissant de la filiale algérienne, Djezzy, le patron d'Orascom a rappelé qu'une procédure d'appel a été lancée en décembre 2009 au sujet du redressement fiscal de 596,6 millions de dollars qui lui a été notifié par les impôts algériens au titre de l'exercice 2005, 2006 et 2007. Selon lui, l'augmentation du capital d'OTA de 800 millions de dollars lui donne une plus grande «flexibilité dans le temps» pour aboutir au résultat le plus «avantageux en Algérie». Sawiris répète le même discours Naguib Sawiris a souligné qu'Orascom désirait rester en Algérie, «un de nos principaux atouts. Jusqu'à cet incident nous y avons été très heureux». Toutefois, a-t-il poursuivi, «nous avons besoin de comprendre si notre investissement y est le bienvenu ou non. Si c'est non, nous envisagerons d'autres options. Comme toujours, nous considérons notre position stratégique dans chaque pays où nous opérons afin de maximiser la valeur actionnariale». Ce discours, Naguib Sawiris l'a déjà développé il y a quelques semaines dans une déclaration dans le Wall Street Journal qui a fait beaucoup de bruit. Et qui a suscité des réponses de la part des autorités algériennes signifiant qu'elles ne cherchaient pas à faire quitter Orascom mais qu'il devait, comme toutes les autres entreprises, se mettre en règle avec les impôts. «Toute entreprise a des droits et des devoirs envers l'Algérie, les devoirs consistant au versement des impôts qui lui sont dus ( ). Si le groupe Orascom venait à faire un recours, il aurait à entamer des négociations avec la DGI pour s'acquitter de ses dettes qui se chiffrent à 596,6 millions de dollars», avait rappelé le ministre des Finances, Karim Djoudi. En reproduisant le même discours dans le document sur le résultat annuel de 2009, le patron d'Orascom semble estimer que ces assurances algériennes ne sont pas suffisantes. Ce qui expliquerait que les autorités algériennes aient fait un rappel, en théorie superflu, sur le fait que la législation algérienne a changé et qu'elle accorde un «droit de préemption à l'Etat algérien sur toutes les cessions de participation des actionnaires étrangers ou au profit d'actionnaires étrangers ». Ce droit de préemption a été introduit après la vente de deux cimenteries en Algérie à Lafarge par Orascom Construction.