L'Algérie appelle à l'universalisation des conventions et traités relatifs aux armes de destruction massives (ADM) et à l'initiation d'une approche équilibrée des trois axes consignés dans le traité de non-prolifération (TNP) à savoir le désarmement, la non-prolifération des armes nucléaires et le droit légitime de l'utilisation pacifique du nucléaire. Composée de six hauts fonctionnaires des ministères des Affaires étrangères et de l'Energie et des mines ainsi que du directeur général du Commissariat à l'énergie atomique (COMENA), l'Algérie, estiment les diplomates, « est bien représentée » à la conférence internationale sur le désarmement qu'organise, depuis hier, l'Iran dans sa capitale, Téhéran. « C'est une des plus grandes délégations qui sont présentes à cette conférence, elle est composée de tous les partenaires nationaux intervenant dans le dossier du nucléaire et de la sécurité », est-il souligné. C'est le directeur général des affaires politiques et de la sécurité internationale au ministère des Affaires étrangères, Dani Benchahra, qui a fait état aux conférenciers de la position de l'Etat algérien sur le désarmement. Dans la déclaration qu'il a lue en plénière dans l'après-midi de la première journée, Dani a, en fait, rappelé ce que l'Algérie avait soutenu au dernier sommet de Washington sur la sécurité et le nucléaire et aussi à la réunion ministérielle qui s'était tenue sur le même thème à Paris. La déclaration algérienne a aussi fait référence à l'esprit de la première résolution onusienne adoptée en 1946 qui considère que la détention de l'arme nucléaire est contraire au droit international, ainsi qu'aux obligations faites aux Etats dans le cadre du Traité de non-prolifération (TNP). Traité que l'Algérie a ratifié, pour rappel, en 1995. « Si les Etats-Unis et la Russie sont convenus de signer ensemble les accords Start, il n'existe aucun instrument international qui permet de suivre le processus de désarmement et de prouver que ce processus est vérifiable et irréversible, » a souligné l'orateur. Dani mettra en exergue le paradoxe qui existe entre le bon vouloir de signer ce genre d'accords et l'existence en même temps d'armes nucléaires de deuxième génération, c'est-à-dire modernes et sophistiquées. « Ce qui est, dit-il, en contradiction avec l'article VI du TNP. » L'Algérie insistera par la voix de son représentant à la conférence iranienne sur la ratification du traité interdisant les essais nucléaires (CTBT). «9 pays ne l'ont pas encore ratifié dont les Etats-Unis. Ce qui ne permet pas au traité d'entrer en vigueur », affirme le conférencier. Dans la perspective de la réactivation de la conférence de Genève «après un blocage de 12 ans », l'Algérie propose aux représentants des Etats présents en Iran, l'entreprise d'un certain nombre d'actions concrètes pour ne pas faire du désarmement un terme creux. L'on retiendra en premier, son appel à « l'universalisation des conventions et traités sur les armes de destruction massive », c'est-à-dire leur paraphe par les nombreux pays réfractaires dont notamment ceux détenteurs de l'arme nucléaire. Elle propose, en outre, l'initiation d'une approche équilibrée des trois piliers contenus dans le TNP à savoir le désarmement, la non-prolifération et le droit au nucléaire civil et pacifique. Propositions algériennes en prévision de la révision du TNP Le diplomate algérien précisera que l'Algérie a présidé une conférence sur ces questions où ont été retenues pas moins de 13 mesures pratiques. Mesures sur lesquelles Alger propose aujourd'hui de faire le point aux fins de les réactualiser en fonction des nouveaux défis et enjeux qui marquent le monde actuel. Autre proposition algérienne, la promotion de la coopération entre les Etats dans le domaine du nucléaire civil, faire du Moyen-Orient une zone exempte d'armes nucléaires, faire obligation à Israël d'adhérer au TNP. L'Algérie propose enfin l'entrée en vigueur du traité de Perlindaba (Afrique du Sud) qui a été signé en juillet 2009. La déclaration algérienne a certainement pris en compte ce qui a été retenu par la dernière conférence de Washington et de Paris et ce qui le sera dans celle-là de Téhéran. Les propositions de l'Algérie ont été, en fait, formulées en prévision de la réunion qui se tiendra en mai prochain à New York et que le Conseil de sécurité consacrera à la révision du TNP. L'absence du ministre algérien des Affaires étrangères à Téhéran a été justifiée par des contraintes d'agenda. L'on rappelle que Mourad Medelci a participé au dernier sommet qui s'est tenu à Washington sur la sécurité et le nucléaire, en tant que représentant du président Bouteflika. Le président de la République n'a probablement pas jugé utile de participer à ce sommet à un moment où les déclarations d'Obama ne sont pas pour apaiser les esprits. Ce qui se passe actuellement en Palestine occupée comme violations du droit international par Israël a dû aussi dissuader Bouteflika de partir à Washington. Il faut admettre néanmoins que l'Algérie préfère pour l'instant rester discrète sur des questions aussi sensibles que le dossier du nucléaire. Pour plus de cohérence, elle a décidé des différents niveaux appelés à la représenter dans les événements internationaux traitant du sujet.